Jesperi Kotkaniemi était encore exclu du top 10 sur une majorité de listes en prévision du repêchage à l’aube du Championnat mondial des moins de 18 ans, en avril 2018.

Il y avait été fumant. Kotkaniemi avait obtenu neuf points en sept matchs et la Finlande avait survolé le tournoi avec une fiche de 7-0-0, 31 buts marqués, seulement 12 accordés, en route vers une victoire en finale contre les Américains.

La Finlande et Kotkaniemi avaient également dominé quelques mois plus tôt lors du tournoi des cinq nations, mettant aussi aux prises certains des meilleurs joueurs de moins de 18 ans.

« Kotkaniemi vient de prouver, lors des deux plus récents tournois U18, qu’il a le talent pour devenir un centre numéro un dans la LNH », avait osé prédire sur Twitter l’ancien recruteur du Canadien, Grant McCagg.

Ce jeune Finlandais figurait pourtant au 21rang des classements combinés, compilés par le site canucksarmy.com, mais McCagg n’était désormais plus le seul à penser ainsi. Kotkaniemi avait grimpé de façon phénoménale sur la plupart des listes pour finalement aboutir chez le Canadien, détenteur du troisième rang de sélection.

Kotkaniemi a toutefois offert au Canadien une bonne première saison, avec 34 points en 79 matchs à seulement 18 ans, en 2018-2019. On le croyait en voie de s’épanouir cet hiver après une production de 43 points l’année précédente au centre du deuxième trio des Hurricanes, et surtout douze points à ses douze premières rencontres l’automne dernier. Mais son manque d’ardeur au travail lors des entraînements, désormais documenté, a nui à son développement.

Il vient néanmoins de retrouver le centre du deuxième trio chez les Hurricanes dans la série contre les Islanders, entre Teuvo Teravainen et Martin Necas, au détriment d’Evgeny Kuznetsov, relégué au quatrième trio.

Place au tournoi actuel

Les regards des recruteurs de la LNH sont tournés vers la Finlande depuis jeudi, où vient de s’ouvrir ce Championnat mondial des moins de 18 ans.

Kent Hughes, Vincent Lecavalier et les recruteurs du Canadien s’y trouvent, comme une majorité de gestionnaires et de dépisteurs des 31 autres clubs.

L’un des meilleurs buteurs de la cuvée 2024, l’Américain Cole Eiserman, en a profité pour marquer trois fois jeudi dans une victoire écrasante de 9-0 contre la Slovaquie, après une saison de 52 buts en 51 matchs au sein du programme de développement américain.

Ce tournoi comporte son lot de pièges. Il s’agit d’une part de l’une des dernières étapes pour évaluer les meilleurs espoirs en prévision du repêchage de juin. Mais les perceptions sont souvent faussées par l’absence des meilleurs joueurs et le faible calibre comparativement au Championnat mondial junior, avec ses joueurs de 18 et 19 ans.

Le premier choix consensuel de 2024, Macklin Celebrini, y a fait l’impasse, comme Connor Bedard l’année précédente. Bedard n’allait pas y perdre son temps contre des joueurs de 16 et 17 ans, après avoir outrageusement dominé le Championnat mondial junior quelques mois plus tôt avec 23 points en sept matchs…

En plus de Celebrini, Ivan Demidov et les défenseurs Artyom Levshunov et Anton Silayev n’y seront pas en raison du contexte géopolitique. Cayden Lindstrom et Berkly Catton, deux probables choix dans le top 10, sont blessés. Deux autres défenseurs, Sam Dickinson et Zayne Parekh, disputent les séries éliminatoires de la Ligue junior de l’Ontario. Le défenseur américain Zeev Buium a eu 18 ans en décembre.

Restent, parmi les meilleurs candidats au repêchage, Tij Iginla, dont le club, Kelowna, vient d’être éliminé des séries éliminatoires dans la Ligue junior de l’Ouest (Iginla y a néanmoins inscrit 9 buts en onze matchs), Eiserman, Trevor Connelly, Konsta Helenius, Emil Hemming, Aron Kiviharju, Maxim Massé et Liam Greentree parmi les principaux candidats au premier tour.

La plupart des formations n’ont donc pas une grande profondeur. Imaginez alors des pays comme la Norvège, la Lettonie, le Kazakhstan ou la cuvée 2024 de la Slovaquie, contre laquelle Eiserman a gonflé sa fiche personnelle.

Le recruteur avisé se rendra sur place pour cueillir de l’information supplémentaire sur les joueurs les plus alléchants, analysera son jeu sans la rondelle, s’attardera à leur façon de jouer et non pas sur les résultats.

L’Avalanche du Colorado, pourtant pas un cancre du repêchage, s’était fait jouer le tour en 2016. Tyson Jost avait terminé en tête des compteurs du tournoi avec 15 points en seulement sept matchs. Il avait représenté le leader incontesté de l’équipe canadienne. Le Colorado, sans grande surprise, l’avait repêché au dixième rang. On lui prédisait une grande carrière. Jost joue désormais un rôle de soutien chez les Sabres et a même disputé 25 matchs dans la Ligue américaine cet hiver, à 26 ans.

Cette fois le Canadien n’était pas tombé dans le piège. Montréal avait repêché le défenseur Mikhail Sergachev au neuvième rang malgré le tournoi en demi-teinte de celui-ci. Mais ce brillant choix aura disputé seulement quatre matchs à Montréal…

Le Lightning au seuil de l’élimination

PHOTO KIM KLEMENT NEITZEL, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Quand le Lightning a remporté sa dernière Coupe Stanley, en 2021, il pouvait compter sur un top 4 défensif constitué de Victor Hedman, Mikhail Sergachev, Ryan McDonagh et Erik Cernak. Tampa avait même le luxe d’employer Jan Rutta et David Savard au sein d’une troisième paire.

McDonagh a été échangé pour des fins de plafond salarial, Sergachev, blessé, n’est pas disponible avant la mi-mai, dans le meilleur des cas. Après Hedman et Cernak, on se retrouve désormais avec Nick Perbix, Darren Raddysh, Emil Lilleberg et Matt Dumba pour se défendre contre les assauts des Panthers.

Raddysh, 28 ans, jouait dans la Ligue américaine l’an dernier. Lilleberg y a passé la moitié de l’hiver. Perbix, 25 ans, en est à sa deuxième saison complète. Dumba est en fin de parcours. Le Lightning a payé un choix de cinquième tour pour l’obtenir, mais a aussi reçu un choix de septième. En bref, il a presque été donné.

La production des meilleurs joueurs offensifs du Lightning a peut-être faussé les données, à l’aube des séries. Tampa tire désormais de l’arrière 0-3 dans cette série. Malgré la présence de l’excellent gardien Andrei Vasilevskiy, le Lightning a accordé 3,67 buts par match aux Panthers, au onzième rang à ce chapitre depuis le début des séries. Aucun défenseur après les deux premiers ne joue 18 minutes.

La pente sera abrupte à remonter.