La formation du Canadien en défense ces deux derniers matchs contre Detroit n’a pas été concoctée au hasard. Malgré la minceur de l’échantillon, on voulait obtenir certaines informations pour ébaucher l’organigramme en prévision de la prochaine saison. D’où les auditions de Lane Hutson, 20  ans, et de Logan Mailloux, 21 ans, dans des rôles prépondérants.

Les postes se gagneront au camp d’entraînement, évidemment, mais lorsque celui-ci s’ouvrira, des noms seront déjà inscrits au tableau, en ordre hiérarchique. On pourra les déplacer au gré des performances lors des rencontres préparatoires.

On peut aisément envisager une première paire constituée de Mike Matheson à gauche et Kaiden Guhle à droite, très efficaces ensembles en seconde moitié de saison.

On a cherché toute la saison un candidat à gauche pour compléter le top 4 en compagnie de David Savard. On a eu droit tantôt à Arber Xhekaj, tantôt au surprenant Jayden Struble, parfois Jordan Harris. Pendant un certain temps à l’automne, Guhle et Justin Barron ont formé une paire convenable.

Lane Hutson, s’il maintient le niveau de jeu offert lors de ces deux matchs contre Detroit, pourrait régler le problème. On le disait très difficile à évaluer avant de le voir à l’œuvre dans la LNH en raison de sa petite taille pour un défenseur et de son style de jeu unique. Martin St-Louis n’a pas craint de l’utiliser à profusion lors de ces deux rencontres, presque 23 minutes en moyenne.

Les Red Wings de Detroit, avec leurs petits ailiers, ne constituent pas l’équipe la plus terrifiante en échec-avant. En revanche, ils luttaient pour une place en séries et ont offert une opposition très vive au Canadien.

Hutson a paru très en confiance. Un calme étonnant avec la rondelle, de l’audace, une belle mobilité. Avec une égalité en troisième mardi, on l’a vu élever son jeu d’un cran, jusqu’à ce jeu clé pour permettre à Juraj Slafkovsky de marquer le but qui, croyait-on, allait faire la différence.

Malgré son gabarit de 5 pieds 10 pouces et 161 livres, Hutson est solide sur patins et son intelligence lui permet de gagner la majorité de ses batailles pour la possession de la rondelle contre des adversaires plus gros. En bref, il ne représente pas un défenseur vulnérable en zone défensive.

Il n’est pas encore permis de conclure si Hutson entamera la prochaine saison à Montréal ou à Laval. Kent Hughes a bien voulu admettre lors du bilan que ce garçon semblait à sa place dans la LNH, mais qu’on allait prendre la meilleure décision selon ses performances au tournoi des recrues et en matchs préparatoires, et pour le bienfait de son développement à long terme. Pariez néanmoins un p’tit deux sur Hutson.

Les murmures dans la foule quand Hutson prenait possession de la rondelle, la clameur quand il se présente en zone adverse avec le disque ou au centre de la glace pour les tirs de barrage ne mentent pas. Ce garçon repêché en fin de deuxième tour en 2022 avec le choix obtenu des Oilers d’Edmonton pour Brett Kulak pourrait devenir le défenseur le plus excitant à Montréal depuis un certain Subban.

L’autre facteur important à retenir : les meilleurs joueurs de l’équipe, Suzuki, Slafkovsky et compagnie, le cherchaient déjà sur la glace pour lui remettre la rondelle. Cette marque de confiance pour un jeune homme à ses premiers pas dans la LNH est étonnante. L’aplomb de Hutson a soudainement fait paraître les Harris, Struble, Barron et compagnie plutôt ordinaires.

Comment sera constituée la troisième paire ? Voilà une question intéressante. Jordan Harris et Justin Barron auront un statut particulier à compter de l’an prochain : contrairement à Arber Xhekaj, Logan Mailloux, Jayden Struble, David Reinbacher et Adam Engström, ils devront être soumis au ballottage s’ils sont rétrogradés dans la Ligue américaine.

La direction ne semble pas entichée à l’idée de perdre des joueurs au ballottage, peu importe leur statut. On a vécu avec l’ineptie de Jesse Ylönen tout l’hiver et un ménage à trois gardiens par crainte de se faire subtiliser des joueurs. Ne soyez pas surpris si Harris et ou, Barron, changent de camp cet été si Kent Hughes reçoit une offre adéquate.

Ça ouvrirait aussi la porte aux autres. Mailloux a disputé un bon match mardi. Il est costaud, robuste, possède une bonne mobilité pour un défenseur de 6 pieds 3 pouces et 220 livres, fait une bonne première passe quand il n’est pas trop sous pression et de bons instincts offensifs.

Il peut néanmoins avoir tendance à s’endormir par moments en territoire défensif. Ça ne dure jamais très longtemps, ni très souvent, mais il lui arrive d’être hypnotisé par la rondelle et de perdre en conséquence une fraction de seconde de réaction. Il devra corriger cet aspect parce que pour le reste, il possède de nombreuses qualités.

À long terme, le jeune David Reinbacher reste néanmoins un défenseur plus complet. Mais si Barron est encore dans le portrait, attendons-nous à voir Mailloux et Reinbacher entamer la prochaine saison à Laval pour les raisons contractuelles citées plus haut.

À gauche, ça pourrait se jouer entre Struble, Harris et Xhekaj, mais l’émergence potentielle de Hutson pourrait rendre la présence d’un redresseur de torts comme Xhekaj indispensable dans la formation.

Harris et Johnathan Kovacevic passeront l’été à se demander s’ils ont un avenir avec l’organisation après avoir été retranchés de la formation lors du dernier match de la saison.

Un gros été pour Kyle Dubas ?

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kyle Dubas, président et directeur général des Penguins de Pittsburgh

Les Penguins sont donc écartés des séries éliminatoires pour une deuxième saison consécutive. Le choix de premier tour cédé aux Sharks de San Jose pour le défenseur Erik Karlsson sera situé au 13e ou 14rang, selon les résultats des derniers matchs de la saison.

Pittsburgh a néanmoins obtenu un choix de deuxième tour des Hurricanes de la Caroline pour Jake Guentzel, en plus de quelques espoirs. Ce choix passera au premier tour si les Hurricanes atteignent la finale, mais sera situé au 31e ou 32rang si c’est le cas. Les Penguins possèdent leur choix de premier tour en 2025, mais ont cédé celui de deuxième tour au Canadien pour se débarrasser de Jeff Petry.

Les Penguins ont enfin quelques espoirs de premier plan en Brayden Yager, un centre droitier, 14e choix au total en 2023, 95 points en 57 matchs à Moose Jaw, et le défenseur Owen Pickering, 21choix au total en 2022.

Si le président et directeur général Kyle Dubas croit encore avoir l’équipe pour remporter la Coupe Stanley l’an prochain, avec ce noyau à l’approche de la quarantaine, il optera pour le statu quo et intégrera progressivement des jeunes dans sa formation. Un peu comme l’ont fait les Capitals. Sinon, voyons s’il sera plus agressif dans une phase de rajeunissement.