Les séries de la LNH battent leur plein sans le Canadien. Est-ce que le club montréalais peut se comparer aux clubs qui bagarrent en ce moment ? Pas tout à fait, et voici pourquoi.

1– Il faut des joueurs de soutien productifs

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Seth Jarvis, des Hurricanes de la Caroline

Qui a donné le ton aux Rangers dans le premier match de leur série face aux Capitals ? Le quatrième trio. Qui est le deuxième buteur de l’Avalanche ? Artturi Lehkonen (on y reviendra). Qui est le meilleur pointeur des Hurricanes de la Caroline ? Seth Jarvis. Bien sûr, c’est aussi très plaisant que de pouvoir compter sur des attaquants de premier plan, mais ça ne garantit pas des résultats heureux (voir : Toronto, Maple Leafs). Ce qu’on remarque de plus en plus, c’est que les meilleures équipes sont celles qui peuvent obtenir des points de la part de tous les trios, et le plus grand défi de la direction du Canadien, dans l’immédiat, sera de faire en sorte que toute la production offensive n’aura plus à passer par le premier trio.

2– Il faut des joueurs productifs tout court

PHOTO ISAIAH J. DOWNING, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Valeri Nichushkin (13), Cale Makar (8) et Nathan MacKinnon (29), de l’Avalanche du Colorado

Ça ne saurait être plus clair : dans le hockey d’aujourd’hui, ce sont les équipes qui savent marquer qui ont l’avantage. Depuis le début des présentes séries, certaines des marques finales que l’on voit passer nous rappellent le bon vieux temps où les gars de Platinum Blonde étaient au sommet des palmarès. Ainsi, avant les matchs de lundi soir, un total de 31  rencontres des séries avaient été disputées. De ces matchs, 22 ont été remportés par une équipe qui a marqué quatre buts ou plus. Il convient ici de rappeler que cette saison, le Canadien a marqué 236  buts lors de ses 82 matchs, plaçant ainsi le club au 28rang des buts marqués dans le circuit. Seulement six équipes ont marqué moins de buts que le Canadien en 2023-2024, et une seule, les Capitals de Washington, a pu se faufiler en séries. Avec les résultats qu’on connaît.

3– Il faut une culture gagnante

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Brad Marchand (63) et Charlie McAvoy (73), des Bruins de Boston

Tous les coachs de vie vous le diront : dans ce monde, c’est impossible de gagner quelque chose sans avoir la bonne culture. On peut jeter un regard rapide sur la série Toronto-Boston pour mieux comprendre ce que ça veut dire ; pendant que les vedettes des Leafs font des crises du bacon sur le banc, les joueurs des Bruins se comportent en gars qui savent ce que ça prend et en gars qui ont déjà été là. C’est un rappel que les reconstructions qui n’en finissent plus peuvent avoir cet effet pervers de normaliser la défaite, de la rendre confortable, acceptable. Le Canadien a raté les séries six fois lors des neuf dernières saisons, dont les trois dernières. Ça commence à faire pas mal de joueurs qui ne savent pas vraiment ce que c’est que de jouer un match avec un enjeu véritable.

4– Il faut plus que de la simple émotion

PHOTO KARL B DEBLAKER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’entraîneur-chef des Islanders de New York, Patrick Roy

La série entre les Islanders et les Hurricanes n’est certes pas terminée, mais avec une très jolie avance de 3-1, le club de la Caroline est en pleine maîtrise. Il s’agit d’un énième rappel concernant l’importance souvent démesurée que l’on accorde au facteur émotif dans le monde du hockey. L’arrivée de Patrick Roy à la barre au mois de janvier devait à elle seule transporter cette équipe, et d’une certaine façon, Roy a réussi son pari en menant son club en séries. Mais l’émotion à elle seule ne permet pas de gagner des séries, et elle ne saurait être considérée au même titre que le talent et la discipline, qui sont des éléments autrement plus importants.

5– Il faut des Artturi Lehkonen

PHOTO ISAIAH J. DOWNING, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Artturi Lehkonen, de l’Avalanche du Colorado

Il a fallu que les dépisteurs professionnels du Canadien soient vraiment convaincants pour faire placer le nom de Justin Barron en haut d’une liste. À seulement 22 ans, le jeune défenseur a certes le temps de nous prouver des choses, mais dans l’immédiat, il ressemble avant tout à un joueur de la Ligue américaine. Pendant ce temps, celui que le Canadien a refilé à l’Avalanche il y a deux ans pour l’obtenir, Artturi Lehkonen, ressemble à celui que l’administration précédente espérait au moment de le repêcher au deuxième tour en 2013. Depuis le début des séries, le Finlandais de 28 ans a récolté 4 buts et 3 aides pour 7 points en 4 matchs. C’est pas compliqué, il a l’air du genre de joueur dont le Canadien aurait bien besoin. Pour citer Alanis Morissette : n’est-ce pas ironique ?