Rien ne sert de courir, suffit de partir à point, écrivait Jean de la Fontaine dans l’une de ses plus célèbres fables.

Il y a quelques mois à peine, plusieurs qualifiaient encore de flops les deux premiers centres repêchés en 2018, Jesperi Kotkaniemi et Barrett Hayton, troisième et cinquième choix au total.

Hayton avait amassé trois points en 27 matchs fin décembre. À désormais 22 ans, il montrait une fiche de seulement 34 points en 121 matchs en carrière.

Kotkaniemi faisait à peine mieux avec cinq points à ses 26 premières rencontres, même si l’entraîneur des Hurricanes, Rod Brind’Amour, lui avait confié le poste de deuxième centre avec le départ du vétéran Vincent Trocheck.

Brind’Amour a même perdu patience avec lui début janvier et l’a rétrogradé au sein d’un quatrième trio. Pendant sept matchs consécutifs, il a joué moins de 13 minutes, dont huit maigres minutes contre New York le 3 janvier.

L'an dernier, Hayton, cinquième choix au total, avait amassé seulement 24 points, dont 10 buts, en 60 matchs avec les Coyotes et Kotkaniemi, troisième choix au total, 29 points, dont 12 buts, en 66 matchs.

On s’attendait évidemment à plus de Kotkaniemi, à sa cinquième saison dans la LNH, après lui avoir offert en outre 38,5 millions pour huit ans en mars 2022.

Le Finlandais n’avait jamais pu lors de ses trois saisons suivantes atteindre sa production de 34 points de sa première année, à 18 ans, une énigme.

Par pur hasard, les deux ont pris leur envol presque simultanément. Celui de Hayton, pourtant à la traîne de Kotkaniemi dans le développement, est encore plus spectaculaire. Le jeune homme a obtenu 34 points à ses 43 derniers matchs, dont douze à ses sept plus récentes rencontres !

PHOTO JOE CAMPOREALE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Barrett Hayton

Hayton est désormais au centre du premier trio des Coyotes, entre Nick Schmaltz et Clayton Keller, et au cœur des succès récents de son équipe.

Il évolue dans un contexte où son club n’a rien à perdre, mais tout de même, la direction ne crachera pas sur un tel rendement. Hayton retrouve en André Tourigny un entraîneur avec qui il avait eu beaucoup de succès au Championnat mondial junior.

Kotkaniemi a moins le droit à l’erreur. Il joue au sein du deuxième trio de la deuxième équipe au classement général, avec une fiche de 45-15-8. Mais il a été habitué à jouer sous pression à Montréal.

L’ancien jeune centre du Canadien a amassé 18 points à ses 21 derniers matchs, dont neuf à ses huit dernières rencontres. Il a disputé 17 minutes ou plus dans cinq de ses huit dernières parties, et jamais moins de 14 : 47.

Seul Martin Necas a obtenu plus de points que Kotkaniemi depuis le 27 janvier, avec 22 en 21 rencontres.

Au cours de la même séquence, le premier centre, Sebastian Aho, en a amassé 17 et Teuvo Teravainen 13. Seth Jarvis a pour sa part obtenu 10 points lors de ces 21 matchs. Andrei Svechnikov est tombé au combat le 11 mars. Il avait obtenu 15 points à ses 18 matchs précédents.

Kotkaniemi vient d’égaler après 68 matchs son sommet en carrière de 34 points. S’il continue au même rythme, il pourrait atteindre la marque des 45 points. Hayton a désormais 37 points en 70 rencontres.

En raison de leur première moitié de saison difficile, Kotkaniemi et Hayton n’ont pas une fiche globale spectaculaire, mais leur rendement des dernières semaines annonce une belle ascension.

Des routes différentes

On a reproché au Canadien d’avoir lancé Kotkaniemi dans la gueule du loup trop rapidement, à 18 ans seulement. Le Finlandais était en outre l’un des plus jeunes joueurs de la cuvée 2018, étant né en juillet.

Les Coyotes eux ont pourtant usé de prudence avec leur premier choix. Il a été renvoyé dans les rangs juniors la saison après sa sélection, où il a amassé 66 points en 38 matchs à Sault-Sainte-Marie, dans la Ligue junior de l’Ontario, à titre de capitaine.

Hayton a entamé la saison suivante dans la LNH, mais après un court essai non concluant, il a été prêté à la formation canadienne en prévision du Championnat mondial junior, en République tchèque.

Hayton a été nommé capitaine et y a dominé, avec douze points, dont six buts, en sept matchs, et le Canada a remporté l’or, après avoir été exclu du podium l’année précédente.

On ne lui a pas déroulé le tapis rouge pour autant. Il a disputé 26 matchs dans la Ligue américaine et seulement 14 dans la LNH l’année suivante, et entamé la saison 2021-2022 au sein du club-école, avant d’être rappelé fin octobre.

Kotkaniemi a disputé seulement 13 matchs en carrière dans la Ligue américaine. Il n’a pas eu l’occasion de disputer de Championnat mondial junior ; on l’a maintenu dans la Ligue nationale, pour le meilleur et pour le pire.

Les Hurricanes, un modèle de développement dans la LNH, ont vu quelque chose en lui, et l’ont soutiré au Canadien avec une offre qualificative de six millions pour la saison 2021-2022, avant de lui proposer une entente à la baisse, mais à long terme, l’an dernier.

Comme quoi tous les chemins peuvent mener à Rome.

Inquiétudes à Pittsburgh…

Les Penguins ont outrageusement dominé les Sénateurs, lundi soir à Pittsburgh, mais un certain Dylan Ferguson, 24 ans, à son deuxième départ en carrière, et le sixième gardien employé par Ottawa cette saison, a été fumant.

PHOTO GENE J. PUSKAR, ASSOCIATED PRESS

Evgeni Malkin et Sidney Crosby

Pittsburgh a perdu un quatrième match de suite, à la suite d’un but en fin de match de Drake Batherson, et les Panthers de la Floride, eux, ont remporté une troisième partie consécutive, une sixième à leurs sept derniers matchs.

Un rapide coup d’œil au classement de la LNH permet de constater que les Penguins sont désormais exclus des séries, un point derrière la Floride, et à deux points des Islanders de New York, avec néanmoins un match en main sur ceux-ci. Ottawa se retrouve désormais à cinq points des Penguins et à six des Panthers.

Après avoir offert de gros contrats à Evgeni Malkin et Kris Letang, tous deux dans la mi-trentaine, afin de maintenir le noyau intact, les Penguins ne peuvent se permettre de rater les séries. Il leur reste 12 matchs pour se ressaisir…

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