Tennis Canada est déjà reconnue comme étant l’une des fédérations sportives les plus impliquées et préoccupées à propos de la promotion de l’égalité des genres au Canada. L’organisation avait envie d’en faire davantage pour tracer la voie, en lançant le programme « Jeu. Set. Équité. », parce que « c’est devenu une priorité ».

Cette nouvelle initiative proposant des cibles à atteindre d’ici les cinq prochaines années sera officiellement dévoilée ce mardi, a appris La Presse.

Selon le communiqué officiel, il s’agit d’une « stratégie ambitieuse et holistique sur la façon dont la fédération fera progresser l’équité pour les femmes et les filles à tous les paliers chez Tennis Canada ».

Concrètement, « le but ultime, c’est que dans tous les domaines, que ce soit la participation chez les jeunes, le nombre d’officiels ou d’entraîneurs, on arrive enfin à du 50-50 », a confié Valérie Tétreault, directrice de l’Omnium Banque Nationale de Montréal.

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Valérie Tétreault

Le travail est déjà bien entamé pour la fédération. En janvier, Terri Temelini est devenue la directrice de l’avancement des femmes chez Tennis Canada. Un poste à temps plein, destiné exclusivement à « faire grandir le tennis féminin au pays, précise Tétreault. Ça montre à quel point c’est devenu une priorité pour nous ».

Sylvain Bruneau, chef du tennis féminin et de la transition chez Tennis Canada, baigne dans le milieu depuis des lunes. C’est pourquoi il sait reconnaître la lumière.

« Je pense qu’il y a une grande volonté d’avoir plus d’entraîneurs féminins dans tous les secteurs chez Tennis Canada. De nouvelles personnes intègrent l’organisation. »

C’est clair que Tennis Canada est vraiment avant-gardiste sur le plan de l’égalité des genres.

Sylvain Bruneau, chef du tennis féminin et de la transition chez Tennis Canada

Le plan quinquennal proposé est défini par cinq grandes lignes : augmenter la participation ; proposer une expérience « équitable, inclusive et sécuritaire » ; accentuer le nombre de femmes dans des postes décisionnels ; accroître la quantité d’accords commerciaux pour faire plus de promotions ; et accentuer la parole des femmes dans les différentes campagnes communicationnelles.

« Plusieurs choses rendront notre succès tangible », croit Eva Havaris, vice-présidente de la participation et des partenariats chez Tennis Canada.

Dans cinq ans, il sera possible, assure-t-elle, de mesurer les répercussions du programme mis en place aujourd’hui, même si les grandes lignes sont en soi plutôt générales.

« Le nombre de femmes dans des postes de direction. Dans les bureaux ou sur le terrain. C’est prouvé que plus tu as de femmes qui aident sur le plan technique, mieux c’est pour les jeunes filles, qui ont besoin de modèles pour savoir que c’est possible de faire carrière dans le monde du sport », explique-t-elle en premier lieu.

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Eva Havaris

Ensuite, « il y a plusieurs organismes communautaires sur le terrain qui font de grandes choses. On veut donc offrir des ressources à ces organisations pour qu’elles puissent continuer à élaborer des programmes pour aider l’avenir du sport féminin ».

Puis, elle poursuit en mettant l’accent sur la semaine du tournoi : « C’est là que tout le monde nous regarde. On veut plus de femmes comme bénévoles, comme employées. On veut mettre de l’avant le plus de femmes possible. »

Pas juste sur le terrain

Tennis Canada a été choyée dans la dernière décennie avec l’ascension d’Eugenie Bouchard, Bianca Andreescu et Leylah Fernandez. Trois preuves du succès de la fédération.

Or, elle se démarque également par sa capacité à réunir des femmes dans des postes de direction névralgiques, comme Tétreault et Havaris.

« C’est essentiel, parce que si tu es pour avoir un discours, il faut que tu poses des actions en conséquence », souligne Bruneau. De sa perspective, « il y a vraiment une volonté d’être en 2023, et même d’être en avance. […] C’est positif et je vois la différence que ça fait ».

Depuis son arrivée en poste, Havaris préconise une approche pragmatique. Selon elle, plus il y a de femmes, plus il y aura de modèles. « C’est impossible d’arriver à son plein potentiel si on ne donne pas la chance à tout le monde de l’atteindre. » C’est pourquoi les jeunes filles ont besoin de voir des femmes « du bas jusqu’au haut de la pyramide, des joueurs jusqu’aux dirigeants ».

Après, lorsque les jeunes filles voient qu’il est possible de gagner sa vie et de faire une différence grâce au tennis, « il faut aussi permettre aux femmes de rester impliquées dans le sport, peu importe la manière », soutient Tétreault.

Elle rappelle « qu’il n’y a pas si longtemps », il n’y avait qu’une seule femme dans l’équipe de direction. « Et là, on est rendu à du 50-50. »

Elle tient à préciser également qu’embaucher une femme, « ce n’est pas juste pour cocher une case ». C’est plutôt pour « aller chercher un point de vue qui est peut-être différent. Je pense sincèrement qu’on est une meilleure organisation maintenant qu’on a cette diversité au sein de notre équipe de direction ».