Pour certains, les Maple Leafs ont paniqué il y a quelques jours en offrant quatre choix au repêchage, dont un choix de premier tour, pour le vétéran Ryan O’Reilly.

L’(ancien) capitaine des Blues, âgé de 32 ans, connaît une saison difficile avec seulement 20 points en 42 matchs, une fiche de -26, et il deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison.

Mais quiconque dans les souliers du directeur général Kyle Dubas aurait sans doute fait la même chose. Toronto n’a pas franchi le premier tour lors des six dernières saisons. Une autre défaite en pareille circonstance fera sans doute rouler des têtes, dont celle de Dubas, à sa dernière année de contrat, et peut-être même celle du président Brendan Shanahan.

Les Leafs connaissent déjà leurs adversaires : le Lightning de Tampa Bay, finaliste de la Coupe Stanley lors des trois dernières saisons, encore redoutable cette année avec une fiche de 35-17-3, au sixième rang du classement général.

La pression est forte sur les Leafs, même si oublie à quel point la formule des séries éliminatoires est d’une cruauté épouvantable pour la formation torontoise.

Lors des six éliminations au premier tour, Toronto a perdu quatre fois contre des équipes positionnées parmi les huit premières au classement général, dont trois fois contre des équipes du top 4. Parmi ces adversaires, seul le Lightning, l’an dernier, ne se trouvait pas parmi les quatre premiers au classement général. Il était néanmoins champion en titre, classé huitième en saison régulière… et a atteint la finale de la Coupe Stanley pour une troisième année consécutive.

Et trois fois, il a fallu un septième match à ses adversaires pour franchir la deuxième ronde, en 2022 contre Tampa, en 2019 contre Boston et l’année précédente contre ces mêmes Bruins.

Trois de leurs six adversaires depuis 2017 ont aussi atteint la finale de la Coupe Stanley après avoir battu Toronto en sept matchs, le Lightning en 2022, le Canadien en 2021 et les Bruins en 2019.

O’Reilly ne connaît pas une grande saison, il faut l’admettre. Mais il a amassé 58 points la saison précédente. Il a surtout la réputation de briller en séries éliminatoires, et il a d’ailleurs remporté le trophée Conn-Smythe remis au joueur par excellence des éliminatoires lors de la conquête des Blues en 2019.

Non seulement il a amassé 49 points lors de ses 50 matchs de série avec St. Louis depuis 2019, mais encore son efficacité en défense lui permettra d’affronter le meilleur trio du Lightning et il a présenté un taux d’efficacité supérieur à 56 % lors des mises en jeu à chaque saison depuis 2016, sauf cet hiver, néanmoins à un excellent 54 %.

Le choix de premier tour offert aux Blues se situe au 26e rang. Il pourrait y avoir de petites variations selon les résultats des séries éliminatoires, mais il demeurera un choix de fin de ronde, là où les chances d’obtenir un joueur de premier plan sont au mieux de l’ordre de 20 %. Toronto a aussi cédé des choix de deuxième tour en 2024, de troisième tour en 2023 et de quatrième tour en 2025, mais ils obtiennent aussi Noel Acciari, un centre de quatrième trio efficace.

L’acquisition de Ryan O’Reilly évoque quand même de mauvais souvenirs à Toronto. En avril 2021, les Leafs ont obtenu un autre capitaine, Nick Foligno, 33 ans, des Blue Jackets, en retour d’un choix de fin de premier tour, 24e au total.

Comme O’Reilly, Foligno avait commencé à ralentir au moment de l’échange. Il montrait seulement 16 points en 42 matchs à Columbus. Il n’a guère fait mieux à Toronto et il est tombé au combat en première ronde des séries contre le Canadien et a signé un contrat à titre d’agent libre avec Boston quelques semaines plus tard.

Les Blue Jackets ont repêché le défenseur Corson Ceulemans au 24e rang avec ce choix. Le jeune homme de 19 ans en est à sa deuxième saison à l’Université du Wisconsin, où il a amassé 19 points en 29 matchs. Il se situe entre le cinquième et le septième rang sur la liste des meilleurs espoirs des Blue Jackets et devrait tenter sa chance dans les rangs professionnels ce printemps ou le suivant. Une ou deux saisons dans la Ligue américaine seront sans doute nécessaires, de sorte qu’il pourrait devenir un joueur de la LNH en 2025.

Pour Dubas et Shanahan, la priorité demeure le premier tour des séries en 2023, pas un hypothétique choix de fin de premier tour. Ils auront été congédiés depuis longtemps lorsque ce jeune joueur sera prêt pour la Ligue nationale, en 2027 ou 2028, si jamais il est prêt…

Doug Armstrong gardera-t-il ses choix ?

En cédant Ryan O’Reilly à Toronto, le directeur général des Blues, Doug Armstrong, obtient un deuxième choix de premier tour, après celui des Rangers de New York pour Vladimir Tarasenko.

Les Blues seront exclus des séries après une saison de 109 points l’an dernier. Armstrong n’est pas un fan des reconstructions et son noyau est encore jeune. Il pourrait très bien se servir de ces nombreux choix pour obtenir des joueurs dans la mi-vingtaine pour accélérer la relance de l’équipe.

« J’aimerais avoir une boule de cristal et vous donner des certitudes, mais je n’en ai pas, a confié Armstrong aux journalistes ce week-end. On pourrait utiliser ces choix pour repêcher des joueurs, les faire entrer dans notre processus de développement et les voir connaître une belle carrière éventuellement.

« Mais si nous échangeons ces choix, ça ne sera pas pour des solutions à court terme, mais des joueurs de 26 ans ou moins sous contrat pour plusieurs saisons. Les fans viennent nous voir jouer quand on gagne et nous désertent quand on perd. New Jersey, Buffalo et Detroit ont mis cinq, six, sept ans à reconstruire. Los Angeles l’a fait plus rapidement. Je veux imiter les Kings. »

Armstrong n’a peut-être pas de boule de cristal, mais son plan est plutôt clair…

À ne pas manquer

1- La grande hockeyeuse Hilary Knight n’a toujours pas digéré la défaite des Américaines aux mains des Canadiennes à Pékin. Elle s’est confiée à Simon-Olivier Lorange à l’occasion d’une visite au Québec.

2-Le Québécois Sami Zayn a fait vibrer le Centre Bell en fin de semaine lors du spectacle de lutte de la WWE et a même reçu des éloges de taille d’un grand manitou du circuit. Guillaume Lefrançois, dont l’amour de la lutte ne fait plus de doute, résume.

3- Belle histoire que celle de Maxence LeBlanc, fils de l’ancien tennisman Sébastien. Maxence est courtisé par les plus grands programmes de football américain de la NCAA, dont Ohio State et Michigan. Un texte de Richard Dufour.