À 17 ans, Maxence LeBlanc est courtisé par une trentaine des plus grandes universités américaines.

Ohio State, Michigan ou Stanford ? Si seulement il n’y avait que ces trois possibilités… Maxence LeBlanc est venu passer quelques jours chez ses parents à Saint-Bruno la semaine dernière, notamment pour l’aider à voir plus clair.

Le processus de recrutement pour un athlète d’élite aspirant à jouer au football en première division aux États-Unis est long et intense.

« Chaque jour, des entraîneurs me textent ou m’appellent pour savoir comment je vais et ce que je fais. C’est comme ça depuis la fin de ma saison, il y a trois mois », raconte Maxence LeBlanc.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Maxence LeBlanc

Ils m’expliquent comment ils m’utiliseraient dans leur système offensif, ce qu’ils offrent à l’école, et comment ça fonctionne.

Maxence LeBlanc

Il n’y a toutefois pas de promesse de temps de jeu. « Tu dois prouver que tu mérites ta place sur le terrain », dit l’ailier rapproché de 6 pieds 5 pouces et 225 livres.

Le jeune homme jouera à l’automne sa deuxième et dernière saison avec les Red Raiders de Baylor, une école secondaire privée (prep school) de Chattanooga, au Tennessee. Il entend cependant décider d’ici l’été à quelle université il ira dans un an. Il a déjà reçu une trentaine d’offres de bourses d’études complètes de la part d’universités désireuses de l’accueillir.

Il veut prendre sa décision dans les semaines qui viennent pour ne pas avoir à y penser durant la prochaine saison de football et ainsi limiter les distractions.

Maxence LeBlanc a capté 39 passes pour 700 verges et 4 touchés l’automne dernier pour aider son équipe à remporter 11 victoires en 13 matchs. Il est un des quatre Québécois dans l’équipe de Baylor.

« Être recruté avec autant d’offres pour aller jouer en première division, c’est vraiment exceptionnel. On était contents lorsqu’il a reçu sa première offre, mais ça s’est mis à débouler », raconte son père Sébastien, ancien champion de tennis ayant notamment remporté Wimbledon et Roland-Garros en double chez les juniors en 1990.

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Maxence LeBlanc (10) en action dans l’uniforme des Red Raiders de Baylor, une école secondaire privée au Tennessee

« Le processus de recrutement peut devenir écrasant et difficile à gérer pour un espoir comme Maxence que des dizaines d’universités contactent tous les jours », lance l’entraîneur-chef de Baylor, Eric Kimrey.

C’est un beau problème à avoir, mais ça peut certainement devenir écrasant si tu n’as pas quelqu’un pour t’appuyer. C’est pourquoi sa famille doit l’aider à choisir l’université qui rejoint le mieux ses valeurs et ses intérêts », ajoute-t-il.

« Maxence possède les meilleures mains que j’ai vues en tant qu’entraîneur », affirme l’ex-entraîneur des ailiers rapprochés à l’Université South Carolina.

Maxence est, selon son entraîneur, un des meilleurs ailiers rapprochés aux États-Unis dans son groupe d’âge.

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Maxence LeBlanc a été partant toute la saison l’automne dernier à Baylor.

Aucun doute. Il sera assurément dans le top 10 des meilleurs au pays lorsque le classement sera publié.

Eric Kimrey, entraîneur-chef des Red Raiders de Baylor

« Le but est de le protéger un peu parce qu’il reçoit des textos sans arrêt d’entraîneurs-chefs et d’assistants-entraîneurs », dit Sébastien LeBlanc.

« C’est fou pour un jeune de 17 ans de gérer ça. C’est un peu too much. C’est beaucoup d’amour en peu de temps. Comment peut-il rester concentré sur l’école et sur son sport tout en continuant à s’entraîner ? On essaie de l’aider un peu. Notre rôle est de lui rappeler l’importance de l’école. »

Maxence LeBlanc n’a effectivement pas d’agent pour filtrer les appels.

« On lui a dit qu’il ne pouvait pas continuer de parler à ces 27 universités-là parce que c’est épuisant. On lui a demandé où il voulait jouer et pourquoi. On a commencé à éliminer certaines universités. La liste vient de diminuer à moins de 10 afin de réduire le nombre d’entraîneurs qui le dérangent », dit Sébastien LeBlanc.

La liste de Maxence LeBlanc s’est donc précisée cette semaine et ne compte maintenant plus que huit noms : Penn State, Ohio State, Stanford, Tennessee, Michigan, Miami, Duke et Kentucky. « Ce sont les universités qui me parlent le plus et pour lesquelles j’ai un bon feeling », dit le principal intéressé, sachant cependant que de nouvelles offres pourraient s’ajouter

Il pourrait attendre après la prochaine saison de football pour faire connaître son choix. « Les plus gros joueurs attendent en décembre et font un show avec leur décision. Mais moi, ça ne m’intéresse pas de faire ça », dit l’ancien porte-couleurs des Dynamiques du collège Charles-Lemoyne, au sud de Montréal.

Les yeux rivés sur la NFL

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Maxence Le Blanc espère ajouter quelques kilos à sa charpente durant l’entre-saison.

Maxence LeBlanc dit rêver à la NFL depuis des années déjà. Pour parvenir à son objectif, il explique s’entraîner à 7 h le matin en salle de poids et haltères durant un peu plus de 60 minutes du lundi au vendredi au Tennessee. En après-midi, il va courir sur le terrain et attraper des ballons. « J’essaie de prendre du poids pour être à 230 ou 235 livres pour le camp qui commencera le 11 juillet », dit-il. Laurent Duvernay-Tardif est une de ses idoles en raison de ce qu’il a accompli comme athlète canadien. Son joueur préféré aujourd’hui est cependant le receveur étoile des Bills de Buffalo, Stefon Diggs. Il dit aussi admirer le receveur Odell Beckham fils, victime tout comme lui d’une blessure à un genou.

Une famille d’athlètes

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Maxence LeBlanc en compagnie de son père, l’ancien joueur de tennis professionnel Sébastien LeBlanc

« Je suis très content que Maxence joue au football. Je ne peux pas être plus heureux ! »

Père de quatre enfants, l’ex-joueur de tennis professionnel Sébastien LeBlanc semble presque soulagé que son fils Maxence ne joue pas au tennis.

« Regarder mes enfants jouer au tennis est difficile. Les patrons de jeu sont dans ma tête. Je vois les erreurs et je me dis : “pourquoi avoir fait ce coup !” C’est moins agréable », lance candidement celui qui aura 50 ans cette année.

Certains lecteurs se souviendront « des Sébastien », ce duo qu’il formait en double il y a une trentaine d’années avec son partenaire et ami Sébastien Lareau. Ensemble, ils ont notamment remporté les tournois de Wimbledon et de Roland-Garros chez les juniors. Les deux Sébastien sont demeurés de bons amis. Sébastien Lareau est d’ailleurs le parrain de Félix, un des fils de Sébastien LeBlanc.

À l’écouter parler, le nom LeBlanc n’a pas toujours été facile à porter pour ses enfants sur les courts de tennis.

Ils ont vite été accueillis au centre national d’entraînement à Montréal parce qu’ils étaient bons et ils le sont encore.

Sébastien LeBlanc

Mais il se souvient d’avoir senti une certaine pression s’installer pour ses enfants quand les autres réalisaient que leur père était Sébastien LeBlanc. « Ç’a été l’enfer », dit-il.

Si le plus jeune fils de Sébastien LeBlanc, Maxence, s’apprête à choisir l’université où il ira poursuivre ses études et sa carrière de joueur de football, ses trois autres enfants fréquentent ou ont fréquenté une université américaine.

L’aînée de la famille, Raphaelle, 23 ans, a joué quatre ans au tennis en division 1 à l’Université de Portland, en Oregon. Elle vient de trouver un emploi là-bas en coproduction de publicités pour la télévision.

Alexandre, 21 ans, joue au tennis à l’Université du Kentucky. Il doit obtenir son diplôme en juin et entend faire une maîtrise à l’Université William & Mary, en Virginie, dès septembre.

Félix, 19 ans, en est à sa deuxième année en Caroline du Nord, à High Point University. Il étudie en prémédecine et pratique le décathlon.

Ancien étudiant en économie à UCLA, où il a joué au tennis pendant deux ans au début des années 1990, Sébastien LeBlanc ne frappe plus de balles aujourd’hui. « J’ai eu des blessures au coude et à l’épaule. Je ne suis plus capable de servir. Ça m’empêche de jouer. »

Il s’est découvert une nouvelle passion pour le travail manuel et a acheté une terre dans la région de Montmagny.

« La chasse à l’oie et au canard, je commence à tripper là-dessus, et j’adore être sur un tracteur et manier une scie mécanique. »

Il garde néanmoins un lien avec le tennis. Membre du conseil d’administration de Tennis Canada depuis sept ans, il est responsable du comité de développement.

Après avoir accroché sa raquette dans les années 1990, il a rejoint l’entreprise familiale, Cote 100, une firme de gestion d’actifs qu’il dirige aujourd’hui avec son frère Philippe, également un joueur de tennis de haut niveau. Sébastien et Philippe ont pris il y a 12 ans maintenant la relève de leur père Guy, fondateur de Cote 100.