Commençons avec un grand classique de Génies en herbe. L’identification par indices. Ma catégorie préférée.

Pour 40 points : J’ai gagné quatre fois la Coupe Stanley.

Pour 30 points : J’ai remporté une Coupe Grey.

Pour 20 points : J’ai plusieurs médailles d’or aux Jeux olympiques à mon palmarès.

Pour 10 points : Je suis montréalais depuis 1881.

Eh oui, tous ces indices sont compatibles. Je vous laisse encore cinq secondes… Quatre… Trois… Deux… Une… Trop tard. La réponse ? Le Club sportif MAA, autrefois connu sous l’acronyme M.A.A.A., pour Montreal Amateur Athletic Association.

PHOTO FOURNIE PAR LE CLUB SPORTIF MAA

La M.A.A.A. à la Coupe Grey de 1931

Cette grande institution du centre-ville rouvre ses portes, ces jours-ci, après quatre ans de travaux. Franchement, c’est splendide. Le jour et la nuit par rapport à avant, s’enthousiasme la directrice sportive du club, l’ancienne olympienne Nathalie Lambert.

« Avant, il y avait des colonnes en plein milieu d’un studio. Pour se rendre au terrain de racquetball, il fallait passer dans le vestiaire des hommes ou derrière la piscine. On avait aussi transformé des salles de banquet en plateaux sportifs. Ça avait été rénové, mais rabouté. »

  • Un club sportif avec une histoire de plus d’un siècle

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Un club sportif avec une histoire de plus d’un siècle

  • Les instructeurs de danse Lorene Audrey, Ana Maria Comba et Uriel Arraguien

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    Les instructeurs de danse Lorene Audrey, Ana Maria Comba et Uriel Arraguien

  • Des espaces aménagés pour toutes les disciplines

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    Des espaces aménagés pour toutes les disciplines

  • Salle de fitness aérien

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    Salle de fitness aérien

  • Salle de spinning

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    Salle de spinning

  • Angie West, instructrice de Pilates et thérapeute du sport

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    Angie West, instructrice de Pilates et thérapeute du sport

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Maintenant, tous les studios sont au même niveau. Les plateaux sont spacieux. Éclairés. Spectaculaires. Et tout autour, dans les corridors, de grandes photos appliquées comme du papier peint nous rappellent que nous nous trouvons ici dans un club avec une histoire unique.

La M.A.A.A. est née en 1881 de la fusion de trois associations : celles des cyclistes, des raquetteurs et des joueurs de crosse montréalais. L’objectif, c’était d’offrir des activités sportives aux gens d’ici. Aux riches hommes anglophones, en fait, qui constituaient la presque totalité de la clientèle. La gloire, les trophées, les championnats ? Bof. Ce n’était pas tant d’actualité. Les Jeux olympiques n’existaient pas encore. La Coupe Stanley et la Coupe Grey, non plus.

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La première équipe gagnante de la Coupe Stanley, en 1893

Dans les deux décennies suivantes, la pratique sportive a explosé au Québec. Les journaux se sont mis à couvrir les activités des clubs locaux. Dans ce contexte, la M.A.A.A. est rapidement devenue un acteur incontournable de l’actualité sportive montréalaise, et même canadienne. Sa puissante équipe de hockey a gagné la Coupe Stanley en 1893, 1894, 1902 et 1903. Ses athlètes étaient réputés être parmi les meilleurs du continent. Quelques noms ?

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Étienne Desmarteau

• Le lanceur de poids Étienne Desmarteau, médaillé d’or aux Jeux de 1904.

• Le nageur George Hodgson, double médaillé d’or en 1912.

• La coureuse Myrtle Cook, médaillée d’or en 1928.

• Le nageur Richard Pound, bien connu pour son rôle au sein du Comité international olympique, double finaliste aux Jeux de 1960.

• La nageuse artistique Carolyn Waldo, double médaillée d’or à Séoul en 1988.

Un palmarès remarquable. Sauf que l’association, qui prônait l’amateurisme, s’est mal adaptée aux nouvelles réalités du sport. À partir des années 1960, elle a perdu de sa superbe. Si bien qu’en 1999, la M.A.A.A. ne comptait plus que 300 membres. Sa survie était menacée. La faillite était imminente. Le club a été sauvé in extremis, grâce à son rachat par des membres impliqués, ainsi que par un promoteur de Toronto.

« Ils ont investi des millions et rénové les salles », raconte Nathalie Lambert. Les abonnements ont décuplé, de 300 à près de 3000. Un succès phénoménal. Tellement que les propriétaires ont commencé à travailler sur un projet d’agrandissement de l’édifice, situé au coin des rues Peel et Sherbrooke. Leur idée ? Ajouter un studio d’entraînement dans le sous-sol.

« Ils ont fait des tests, explique Nathalie Lambert. Ils ont relevé des carottes. Sauf qu’il y avait un enjeu structurel, et ça ne devenait plus viable de patcher. »

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Le PDG du Club sportif MAA, Pierre Blanchet, et Nathalie Lambert

À défaut de pouvoir rénover par le bas, les propriétaires ont regardé vers le haut. Ils ont vendu les droits aériens, au-dessus de leur édifice, à Devimco, qui désirait construire des condos. Dans la transaction, Devimco s’est engagée à investir massivement dans le club. Il était question, en 2018, de 20 millions. C’est la bonne somme ?

« Oh, c’est beaucoup plus que ça ! Les actionnaires ont eux aussi investi un bon montant. »

Les travaux ont été lancés en 2019.

Ils devaient durer deux ans.

Puis la pandémie s’est invitée.

Le chantier a été retardé de plusieurs mois. D’abord par la pause forcée en raison de la COVID-19. Ensuite par les problèmes qui ont perturbé le milieu de la construction, notamment la pénurie de matériaux. C’est pourquoi les travaux ont pris deux fois plus de temps que prévu.

Le club compte maintenant 1000 membres. C’est 2000 de moins qu’à son apogée, avant les rénovations. C’est un peu normal. Loin des yeux, loin du cœur. Et le centre-ville est moins fréquenté par les travailleurs qu’avant la pandémie. Les anciens membres reviennent toutefois peu à peu, et de nouveaux abonnés s’ajoutent.

Aujourd’hui, le Club sportif MAA ne parraine plus de grande équipe de hockey, de football ou de crosse. Il n’accueille plus les olympiens, comme au siècle dernier. Pour une raison fort simple : les athlètes d’élite sont désormais regroupés dans de grands centres d’entraînement, comme l’Institut national du sport du Québec, au Stade olympique. Mais le club reste fidèle à sa mission d’origine : faire bouger les Montréalais.

« La philosophie de l’Association, dans les débuts, c’était un corps sain dans un esprit sain », explique Nathalie Lambert. « L’important, ce n’était pas la performance. C’était la santé. C’est encore au cœur [de la raison d’être] du club. Nous, ce qu’on veut, c’est être le moment fort dans la journée de nos membres. On veut servir la population du centre-ville. Et on reste quand même dans une quête d’excellence, d’une certaine façon. On veut être bons. On veut être les meilleurs. On veut aider les gens à devenir meilleurs physiquement. »

Une reconstruction réussie, pour un grand club montréalais.