La France accède à la finale, le rêve du Maroc prend fin. Nous avons envoyé nos chroniqueurs Alexandre Pratt et Marc Cassivi vivre le match entourés de partisans des deux équipes. Alexandre était chez les Français, Marc chez les Marocains. Voici un compte rendu de leur après-midi.

Lisez la chronique de Marc Cassivi

13 h 15 : Devant la porte du bar Monsieur Ricard, avenue du Parc, à Montréal, un agent de sécurité doit dérouter des partisans français. « Désolé, c’est déjà complet. » À l’intérieur, nous sommes entassés comme des passagers dans un vol en classe économique vers Cuba. Pintes, verres, mètres de bière, pichets ; il y a assurément plus d’alcool ici que dans le stade au Qatar où la France et le Maroc s’affrontent.

13 h 30 : Quatre jeunes hommes dans la vingtaine occupent l’une des rares tables du bar. Votre niveau de confiance, messieurs ? « 7 sur 10, lance Marc. Les Marocains ont causé la surprise. Ce sera chaud. » Alfred poursuit avec une note de 8. Élie est plus confiant : 8,5. « On n’a pas de raison de perdre. » Martin les regarde, incrédule. « Voyons, les gars : 10 sur 10 ! Avec un triplé de Mbappé en première demie, en plus. »

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Les supporteurs français ont confiance en leurs favoris.

13 h 55 : La centaine de partisans français entonne La Marseillaise avec conviction. Debout près du comptoir, Nour, une ancienne employée du bar, porte fièrement le chandail blanc du Maroc. Son téléphone sonne. C’est son père. « Papa, je suis la seule fan du Maroc ici ! »

14 h 05 : But de Théo Hernandez. C’est l’extase. Tout revole en l’air. On se croirait dans les secondes précédant une bagarre dans Astérix, lorsque les Gaulois foncent frénétiquement vers les Romains. « Allez, les Bleus ! Allez, les Bleus ! Allez, les Bleus ! »

14 h 27 : Le vrai spectacle n’est plus à l’écran, mais sur le plancher, où Nour s’époumone chaque fois qu’un Marocain amorce une attaque. « Let’s go, let’s goooooooooooo ! » Elle crie pour cent. Au bar, une femme jusque-là timide lui manifeste son soutien. « Nous sommes deux ! »

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Nour aurait bien souhaité uen victoire du Maroc !

14 h 44 : Jamad El Yamiq passe près de marquer, sur un coup de bicyclette. « Ouf ! On a eu chaud », lance mon voisin, qui commande un verre de rouge pour se rafraîchir.

14 h 49 : Mi-temps. Les partisans sortent prendre l’air et… fumer. On est dans la France adjacente, après tout.

15 h 10 : L’alcool coule à flots. Une dizaine de jeunes hommes, installés sur une terrasse surélevée, ont l’insulte facile. Surtout envers les joueurs marocains qui commettent des fautes. À la télévision, on nous montre le président de la FIFA. Il m’est malheureusement impossible de reproduire leurs propos dans un journal familial.

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L’alcool coulait à flots au bar Monsieur Ricard.

15 h 38 : Deuxième but des Français. Une serveuse sonne la cloche. C’est la fête. Tiens, on n’entend plus Nour. Le reste de la salle demande : « Mais où elle est/Mais où elle est/Mais où elle est, la Marocaine/La-la, la-la, la-la. »

15 h 54 : La victoire est acquise. « On est en finale/On est en finale/On est, on est, on est en finale », chantent les partisans français, avant d’entonner La Marseillaise pour la quatrième fois. Le match prend fin sur l’air d’I Will Survive, version de Cake. Dehors, des fumigènes bleus et rouges colorent le ciel. À dimanche, se saluent les fidèles Monsieur Ricard, fiers de la victoire de leurs Bleus.

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Des fumigènes bleus et rouges ont coloré le ciel de Montréal !