Il y a quelques années, la multinationale Deloitte a demandé à un biologiste, à une anthropologiste et à des sondeurs de développer un test de personnalité. L’objectif : classer les leaders de l’entreprise en quatre groupes.

  • Les pionniers : « Ils stimulent l’énergie et l’imagination de leurs équipes. Ils pensent qu’il est bon de suivre son intuition et de prendre des risques. » Pensez à Guy Laliberté, lorsqu’il était au Cirque du Soleil.
  • Les pilotes : « Obtenir des résultats compte par-dessus tout. Ils ont tendance à voir les problèmes en noir et blanc, et à s’y attaquer de front. » Je connais plusieurs entraîneurs-chefs comme ça.
  • Les gardiens : « Pragmatiques, ils hésitent à prendre des risques. Ils apportent ordre et rigueur. Faits et chiffres sont des prérequis importants pour eux. »
  • Les intégrateurs : « Ils sont diplomates et cherchent le consensus. Ils unissent leurs équipes. Les relations et la responsabilité sont primordiales à leurs yeux. »

Je vous entends maugréer entre deux bouchées de Froot Loops. Monsieur le Chroniqueur, n’est-ce pas un peu lourd, ce matin, dans la section des Sports ? Pourquoi nous parler de Deloitte et de ses tests de personnalité ? Parce que le nouveau président du CF Montréal, Gabriel Gervais, a passé les 13 dernières années chez Deloitte. Qu’il a répondu au questionnaire. Et que j’ai les résultats.

L’enveloppe, s’il vous plaît.

Roulement de tambours.

Gabriel Gervais est… gardien et intégrateur.

« Le gardien, m’explique-t-il, c’est quelqu’un de très cartésien. Mes chiffriers Excel sont tous bien organisés. Mes souliers sont à la bonne place. Vous voyez l’image. Je suis aussi protecteur. L’intégrateur, c’est celui qui aime le travail d’équipe. Que ce soit sur le terrain, ou en affaires, j’ai toujours travaillé en équipe. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Gabriel Gervais, nouveau président du CF Montréal

Son profil contraste grandement avec celui de ses prédécesseurs. L’ADN de la haute direction du club, depuis 25 ans, c’est précisément le contraire. L’instinct. L’impulsion. La confrontation. L’improvisation, aussi.

Comme la fois où le propriétaire, Joey Saputo, est allé engueuler les arbitres sur le terrain. Ou la fois où l’ancien président Kevin Gilmore a congédié l’entraîneur-chef Rémi Garde, pour le remplacer par Wilmer Cabrera, avec qui il avait soupé la veille, au retour d’un voyage en Europe. Ou encore, toutes les fois où les patrons du club se sont chicanés avec les partisans. Les journalistes. Les joueurs. Les entraîneurs.

Gabriel Gervais n’est ni impulsif ni querelleur. C’est plutôt un gestionnaire calme. Studieux. Méthodique. Chez Deloitte, il produisait des analyses opérationnelles et financières pour des clients aux prises avec des problèmes sur leurs chaînes de production.

Vous aimez ça, les processus ?

Lui, oui.

Beaucoup.

Une autre de ses forces : la gestion du changement. « Le capital, le talent, on a beau vouloir s’embarquer dans 10 000 projets, si on n’a pas les gens pour les exécuter, ça ne sera pas une réussite. C’est une des leçons que j’ai apprises chez Deloitte », indique-t-il.

Ce sera d’ailleurs son premier défi au CF Montréal. Pendant la pandémie, plusieurs employés qualifiés ont quitté l’organisation. Pour toutes sortes de raisons. Notamment à cause de tensions à l’interne au cours des trois dernières années.

« Vous l’avez sûrement vu sur LinkedIn, il y a beaucoup de postes ouverts, souligne-t-il. Et il y en aura d’autres. On se bat beaucoup pour faire venir des gens. […] Il faut [aussi] vraiment rafraîchir, clarifier la mission du club. En toute honnêteté, je ne crois pas que ce soit parfaitement compris par tous. »

Deux autres secteurs dans lesquels il compte s’impliquer rapidement, ce sont les communications et le marketing. Sous Kevin Gilmore, il y avait un froid entre les deux équipes. À propos de la gestion des réseaux sociaux, entre autres.

Un autre gros défi : la vente d’abonnements d’entreprise. C’était déjà un enjeu avant la pandémie. Ce n’est assurément pas mieux aujourd’hui. Mais Gabriel Gervais ne veut rien précipiter. Avant de rencontrer des clients potentiels, il veut mener des études. Lire les analyses. Développer un plan. Faire les choses avec méthode. Comme lorsqu’il était chargé de projet, chez Saputo, ou conseiller, chez Deloitte.

C’était quoi, déjà, la définition d’un « gardien » ? Ordre et rigueur. Faits et chiffres sont importants pour eux. Voilà.

Et celle d’un « intégrateur » ? Diplomate. Cherche le consensus. Les relations sont primordiales à ses yeux. Eh bien, Gabriel Gervais a un message pour les Ultras. Du moins, pour ceux qui n’ont pas été bannis à vie, l’été dernier, pour leurs actions.

« Les Ultras sont les bienvenus. Tout comme les 1642. Il y a d’autres [groupes] dans d’autres sections. Notre vision, c’est de les unifier. Peut-être qu’ils n’ont pas les mêmes valeurs. La même philosophie. Qu’ils sont de gauche, ou de droite. Moi, je ne me mêle pas de ça. Lorsqu’ils viennent ensemble, c’est pour le bien du club. On veut bâtir une forteresse au stade Saputo. »

Et pour construire une forteresse, ça prend quoi ?

Un plan.

Ça tombe bien. Les plans, c’est un peu, beaucoup, la spécialité du nouveau patron.

La mission de Gabriel Gervais

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