Ils ont osé appeler ça un « malheureux incident ».

Faux. La boxeuse Jeanette Zacarias Zapata est morte d’avoir été un bouche-trou dans un gala où elle n’aurait jamais dû mettre les pieds.

Cette femme de 18 ans est morte d’une négligence tragique et il faut réaliser une enquête publique pour en déterminer les causes.

Comment se fait-il que cette jeune femme ait été autorisée à boxer trois mois seulement après avoir été mise K.-O. sévèrement au Mexique ? On peut lire dans un média mexicain qu’elle revenait de deux ans et demi d’inactivité. Si elle avait vraiment 18 ans, cela veut dire que ses combats antérieurs remontaient à l’âge de 15 ou 16 ans. Sa fiche en arrivant à Montréal ? Deux victoires par décision, trois défaites, dont deux par K.-O.

Je répète : cette femme à peine majeure a été invitée à boxer à Montréal trois mois après avoir subi une défaite catastrophique – et après avoir passé deux ans et demi sans se battre.

Mais il fallait une adversaire pour Marie-Pier Houle, 31 ans, et apparemment, à cause des exigences sanitaires locales, elles sont difficiles à trouver.

Le confrère Francis Paquin, de RDS, au lendemain du combat, écrivait que le promoteur Groupe Yvon Michel (GYM) « s’est retrouvé devant un problème de taille : personne ne donnait suite à ses offres en raison des différentes restrictions imposées par la Santé publique à cause de la COVID-19 ».

Mais, ajoute-t-il, « grâce à un agent de boxeurs situé dans la région frontalière de Baja California, les boxeurs recherchés sont finalement trouvés et plusieurs sont rapidement vaccinés aux frais de GYM. Mais ces athlètes sont à prendre ou à laisser ».

Fait intéressant : le conjoint de Jeanette Zacarias Zapata, qui est aussi son entraîneur, faisait également partie de la « carte » en tant que boxeur. Jovanni Martinez devait disputer un combat de huit rounds, mais vu qu’il avait perdu ses six derniers combats, la Régie de la sécurité dans les sports a limité l’affrontement à quatre rounds. (Une régie créée d’ailleurs après la mort sur le ring du boxeur Cleveland Denny, en 1980 à Montréal.)

Autrement dit : on avait besoin de combattants, on a fait venir ce qui traînait. Et il y a toujours des boxeurs assez pauvres ou désespérés pour venir se faire planter pour 2000 $.

Quelle tristesse. Quel pathétique système.

Oui, moi aussi, je croyais bêtement que ça ne se faisait plus « chez nous », ces choses-là.

Apparemment, certaines choses ne changent pas dans la boxe.

***

Il faut une enquête parce qu’on ne doit pas ranger au rayon de « la faute à pas de chance » la mort évitable d’une femme de 18 ans.

Qui l’a sélectionnée ? Comment ? Que savait-on d’elle exactement ?

Certains prétendent que les promoteurs n’avaient pas vu le K.-O. de son combat du mois de mai. « Sinon le combat n’aurait pas eu lieu. »

Quelle blague ! Vous croyez vraiment que dans un métier où l’on prépare stratégiquement un boxeur pour ses adversaires, personne n’avait vu ce combat ?

Si par impossible les promoteurs n’avaient pas visionné ce combat, alors c’est d’incompétence et de négligence caractérisée qu’il faut parler. Leur job, c’est de savoir qui ils mettent sur le ring. Le minimum est toujours bien d’aller voir le dernier combat, surtout si c’est un K.-O.

Quels examens exactement ont été faits ? On parle d’examens au Mexique et d’examens ici. Ont-ils été faits sérieusement ?

Au fait, faut-il vraiment un examen d’imagerie par résonance magnétique pour savoir qu’une personne « knockée » au mois de mai n’est pas en état de boxer au mois d’août ? Est-ce que c’est même décent de prétendre ça, examen ou pas ?

Un autre jour, on aura un débat philosophique sur le concept de boxe, sur l’idée de rechercher la commotion cérébrale de l’autre. Un autre jour, on redemandera aux amateurs de boxe si « leurs enfants » boxent.

Je n’en suis pas là du tout.

Pas ce matin.

Ce matin, j’en suis à notre responsabilité d’aller au fond de cette sale affaire. Nous le devons à Jeanette Zacarias Zapata.

Ça tombe bien, on a une loi très bien faite sur les coroners pour trouver « les causes et les circonstances » des morts violentes.

Ça permet de poser toutes les questions publiquement. Ça permet de comprendre vraiment la chaîne des évènements et des responsabilités.

Ça aide aussi à ne pas camoufler en « malheureux incidents » des morts scandaleuses.