Les deux plus grands noms du marathon seront à Sapporo : la Kényane Brigid Kosgei, qui a récrit le record du monde du marathon en 2019, et l’homme qui a couru sous les deux heures, le Kényan Eliud Kipchoge, qui vise un deuxième titre olympique malgré une concurrence éthiopienne féroce.

Et pour la première fois, le Canada présentera une équipe complète de trois hommes et trois femmes.

Il faut commencer par mentionner le cas de Malindi Elmore qui, à 41 ans, revient aux Jeux olympiques après une absence de 17 ans. Elle avait couru le 1500 m à Athènes (32e) et après une carrière dans le demi-fond, faute de se qualifier en 2008 et 2012, avait pris sa retraite. Deux enfants et quelques Ironman plus tard, elle tente sa chance au marathon : 2 h 32 min ! Il lui restait moins de trois minutes à retrancher pour se qualifier. Elle a carrément battu le record canadien (2 h 24 min 50 s) à Houston en 2020.

Natasha Wodak, 39 ans, qui a couru le 10 000 m à Rio, et Dayna Pidhoresky, dont ce sont les premiers Jeux, complètent l’équipe. Pidhoresky a dû être enfermée dans sa chambre avec un vélo d’exercice pendant quatre jours au Japon parce qu’un de ses voisins de siège dans l’avion a été déclaré positif à la COVID-19…

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Cam Levins, celui qui a battu le vieux record de Jerome Drayton en 2018 en réussissant un temps de 2 h 9 min 25 s à Toronto, en est à ses deuxièmes Jeux. Ancienne star de la piste du réseau universitaire américain (NCAA), il avait fait belle figure aux Jeux de Londres en 2012, finissant 11e au 10 000 m.

Les blessures l’ont empêché de se qualifier pour Rio. Et après son record canadien, il lui a fallu trois tentatives pour finalement se qualifier pour Tokyo, une semaine avant la date limite, le 23 mai, en Autriche.

« C’est pas un peu serré, deux mois et demi avant le marathon olympique ? lui ai-je demandé au téléphone cette semaine.

— Honnêtement, non. Je n’étais même pas trop fatigué après le marathon, et je me suis remis à l’entraînement intensif rapidement. »

Ce qui pour lui veut dire des semaines de 250 kilomètres, bien qu’il ne les compte plus vraiment : deux séances par jour, parfois 90 minutes le matin, une heure l’après-midi. À sa vitesse, ça s’accumule vite…

Il s’est interrogé sur ses contreperformances en 2019 et 2020, pour en venir à la conclusion que c’était un problème de carburant.

La semaine avant un marathon [où l’on diminue le kilométrage], j’essayais surtout de ne pas prendre de poids. C’était une mauvaise idée, je manquais de glycogène.

Cam Levins

Il est revenu à sa bonne vieille recette, qui a tant payé à Toronto en 2018 : la limonade.

La Country Time en poudre, saveur de cerise noire, puisque vous le demandez.

Certains gardent leur objectif pour eux. Levins n’en fait pas mystère : « Je vise un top 10. Mes entraînements indiquent quelque chose d’assez spécial… »

Comme les deux autres Canadiens, il s’est préparé depuis longtemps à une météo japonaise brutale. Il a couru avec des manches longues et des manteaux, quand ce n’était pas dans sa chambre chauffée avec son tapis roulant.

La vague de chaleur intense à Portland, où il habite, aura au moins eu ça de bon…

Ben Preisner et Trevor Hofbauer complètent l’équipe.