(Tokyo) Melissa Bishop-Nriagu visait une médaille, bien sûr. Elle est déçue de ne pas même avoir pu faire la demi-finale du 800 m, bien sûr.

Mais ce qu’elle voulait vraiment accomplir, c’était démontrer qu’à 32 ans, une femme qui a eu un enfant peut non seulement reprendre sa carrière sportive, mais revenir au sommet mondial. Elle voulait le faire avec une médaille, ce qui est une sorte de preuve matérielle. Elle l’a fait en se qualifiant pour les Jeux. Elle l’a fait aussi en enregistrant au printemps la 16e performance mondiale cette année (1 min 58,36 s) et en se rapprochant de son meilleur temps à vie (1 min 57,01 s, en 2017).

« Je voulais vraiment, vraiment, vraiment le podium pour le prouver », me dit-elle tout de même au téléphone, trois heures après son élimination rapide.

« Il y a beaucoup de nouvelles filles très fortes qui font 1 min 56 s. J’ai couru comme j’ai pu, après une semaine difficile (une blessure aux ischiojambiers). Mais je suis fière de tout ce que j’ai fait. J’ai perdu mon entraîneur de longue date, j’ai dû en trouver un nouveau – que j’adore… »

Mais ce dont elle est le plus fière, c’est ce retour en forme après avoir eu un enfant.

Ces Jeux ont d’ailleurs été qualifiés de Jeux des mères, tant sont nombreuses ici les athlètes de l’élite ayant accouché depuis Rio, pour revenir au top rapidement.

« C’est difficile pour tout le monde de trouver un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle, et en temps de COVID en particulier », comme elle le dit, mais avouons que l’entraînement de haut niveau ajoute quelques couches à l’épaisseur du défi.

Je lui demande si elle a sur le cœur sa quatrième place à Rio, derrière un podium de trois femmes qui n’ont plus le droit de participer au 800 m pour des raisons hormonales.

« Comment je pourrais être déçue ? J’ai fait le record canadien ce jour-là, j’ai fait la meilleure course possible. »

Vendredi matin, dans ce qui aurait dû être une formalité, elle n’a pas eu les jambes pour faire mieux que son 2 min 2,11 s. Oui, ça s’est bousculé un peu autour des 600 m, mais rien d’anormal, et ce n’est certainement pas un facteur, dit-elle.

« Il y a des coureuses formidables dans le groupe, et j’ai hâte de voir la finale », dit-elle gracieusement.

Car Bishop-Nriagu, en plus d’être une grande athlète sur la piste, est aussi quelqu’un de vraiment bien dans le civil.