La Presse vous propose chaque semaine un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes. Aujourd’hui : Mikaela*, mi-quarantaine

Mikaela a été plusieurs années célibataire, a passé beaucoup de temps sur les réseaux, vécu quelques hauts et son lot de bas. Elle avait presque démissionné quand tout à coup, c’est arrivé : l’amour s’est « pointé ».

Elle nous a écrit récemment avec la volonté ferme de donner espoir à tous les Mathieu* de ce monde, ce type rencontré l’an dernier dont le récit sur les aléas du célibat (et surtout des applications, et de ses moult déceptions) a touché beaucoup de lecteurs.

Lisez le témoignage de Mathieu*

« J’ai beaucoup d’empathie pour ce Mathieu », confie d’emblée la blonde et enthousiaste quadragénaire, rencontrée dans un coquet café de Verdun, en début de semaine. « Pour avoir été longtemps sur les applications, je comprends très bien. [...] On se sent très vulnérable. » Et pour tout dire, après près de 10 ans à chercher, attendre et espérer, essayer et se tromper, elle avait cessé d’y croire. « Complètement ! »

J’étais prête à vivre mon célibat pour l’éternité…

Mikaela

Mikaela a pourtant eu une vie plutôt remplie jusqu’ici. Dès 10 ou 11 ans, elle se connaissait bien : « Je savais que j’étais hétéro, j’aimais les grands bruns ! », se souvient-elle clairement. Certes, mais elle est alors surtout réservée, timide et un peu complexée, et ne vit finalement ses premières expériences qu’à 17 ans. Les années suivantes, elle les passe en couple, et surtout dans des relations très « fusionnelles », dit-elle, avant de s’envoler dans le Sud dans le cadre de ses études. Et c’est là, sans crier gare et au tournant de la vingtaine, que Mikaela s’épanouit.

« C’est la première fois que j’étais seule, explique-t-elle, et j’ai rencontré des gars avec une culture et un rapport très différents au corps. » Exit les complexes de jeune fille, elle gagne en confiance, pas à peu près. Ça a changé la donne. Comment ? C’est que pendant ce séjour, elle enchaîne les fréquentations, et surtout les flirts. « On danse, on s’embrasse », illustre-t-elle. Et c’est épanouissant. « Oui, confirme-t-elle, parce qu’il n’y a pas d’attentes, c’est spontané, agréable et flatteur. [...] Je prenais tout ce qui passait ! »

Mi-vingtaine, et de retour au pays, elle est une nouvelle femme. C’est d’ailleurs au même moment et dans un simple 5 à 7 que Mikaela rencontre le père de ses enfants. « J’ai décidé : il me plaît, et j’ai envie de passer l’été avec lui. » Elle ne le sait pas encore, mais ce sera plutôt 10 ans.

Au lit ? « Il était beau, fin, tout ça, dit-elle, mais au lit, correct. » Sans plus ? « C’était un éjaculateur précoce... »

« Au début, on met ça sur le dos de l’excitation et de la passion », explique notre interlocutrice. Mais ça perdure. Et oui, c’est un enjeu : « Il fallait que je me dépêche d’avoir du plaisir, dit-elle, alors j’ai appris à en avoir seule [...], mais c’était surtout frustrant parce que ce n’était pas quelque chose dont on pouvait parler. Ça l’insultait et il était très orgueilleux. » Divers enjeux de couple auront finalement raison de leur histoire et à la mi-trentaine, Mikaela se retrouve célibataire. C’était il y a 10 ans.

Le choc, vous dites ? « Il va falloir que je me mette nue devant quelqu’un d’autre ? Je ne savais pas du tout comment faire pour rencontrer ni par où commencer, j’étais un peu perdue... »

Et puis un peu par hasard, elle tombe rapidement sur une fréquentation de jeunesse et de voyage. Ils vivent une histoire à distance, mais elle finit par y mettre fin, parce qu’elle le sait : ça ne mène à rien. « Je voulais fonder quelque chose avec quelqu’un. Une vraie histoire. » Elle sait en outre ce qu’elle ne veut plus (« pas quelqu’un de complexé, mais de bien dans sa peau ! ») et pour le reste, elle cherche du « simple ».

Plus facile à formuler qu’à faire. Mikaela se lance et s’inscrit sur différentes applis. « Oh mon Dieu, tant de déceptions. Tant de fausses rencontres ! Tant de gens qui disent ce que tu veux entendre, alors que finalement, ils ne veulent que du cul. » Ça aussi, elle en a eu. « C’est le fun, mais quand tu sais qu’il n’y aura pas d’histoire après, c’est décevant. » Et à force de ne jamais tomber sur quelqu’un d’inspirant ni non plus d’inspiré à bâtir avec elle, ça blesse. Ça « use », insiste-t-elle.

Mais qu’est-ce qui ne marche pas avec moi ? Pourquoi je n’arrive pas à rencontrer ?

Mikaela

Et puis voilà que, finalement, et après de nombreuses pauses des réseaux, elle finit par tomber sur un type qui ne lui plaît pas vraiment, mais avec qui ça clique néanmoins un brin, assez pour passer une « super rencontre », et dormir collés une nuit. « Un beau gars respectueux qui veut une belle histoire, ça existe encore », réalise-t-elle, un constat encourageant qui lui donne enfin une lueur d’espoir.

Vous devinez la suite ? Quelques semaines plus tard, après une énième rencontre décevante, Mikaela tombe sur un visage frais sur Tinder. Est-ce son sourire ? Toujours est-il qu’un bref message plus tard, ce souriant « match » l’invite à souper. Elle accepte, y va un peu de reculons après une grosse journée au boulot (et minée par ô combien de déceptions) quand crac : elle retombe sur ce sourire troublant au restaurant. « Et je craque, sourit-elle. Mais il ne faut pas que je craque juste parce qu’il est beau », sait-elle aussi. Ça a l’air trop beau pour être vrai, et pourtant, à peine assis, ils se mettent à parler et la chimie opère. « On jase vélo, famille, vie professionnelle, énumère-t-elle, et on est sur le même x ! C’était fluide ! » Son Roméo lui demande s’il peut l’embrasser. Elle obtempère. « C’est doux, c’est bon, j’ai envie de plus, mais je me retiens. » Ce qui devait arriver arrive et ils finissent chez elle, question de vérifier si cette nouvelle chimie se poursuit au lit.

Verdict ? « Oui, oui, oui, rayonne-t-elle de plus belle, on était comme deux aimants, c’est comme s’il connaissait mon corps depuis toujours, et moi, je connaissais le sien depuis toujours. Je n’ai pas de mots pour le décrire, je n’ai jamais vécu ça. C’est quelque chose de magique ! [...] Il y avait une tendresse, une sincérité, une vulnérabilité dans tous ses gestes. Il était concentré sur mon plaisir autant que le sien. Une belle danse. »

Avant de repartir tôt le lendemain, monsieur la regarde : « On est dans la merde ! », lui dit-il. C’était il y a plus d’un an.

Certes, Mikaela a eu peur. Peur d’y croire. Peur d’être blessée, surtout. « Mais la beauté avec lui, dit-elle, c’est qu’on peut parler de tout. » Alors ils en ont parlé et décidé : « Go ! On embarque ! » Et elle ne le regrette pas.

« C’est super cliché, mais je pense que les vraies histoires d’amour, ça existe encore ! », dit-elle. À preuve, même au lit : « C’est toujours aussi bon, tout le temps, c’est très rare qu’on aille dormir sans [sexualité], l’intensité est toujours là. Je n’ai aucune insatisfaction. Aucune. Je ne pensais pas que ça existait. [...] Je me pince ! [...] Je souhaite cette histoire à tout le monde ! »

* Prénom fictif, pour protéger son anonymat

Écrivez-nous pour nous raconter votre histoire