La Presse vous propose chaque semaine un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes Aujourd’hui : Lili*, fin quarantaine

Lili est en couple depuis 10 ans avec un homme qu’elle aime profondément. Elle a aussi un amant, parce qu’elle ressent ce besoin d’explorer, expérimenter, « essayer des choses » ! Et elle ne le regrette pas, loin de là.

En fait, elle souhaite même cela à tout le monde, répète-t-elle à plusieurs reprises pendant notre entretien, dans un café du Plateau, un petit lundi dernièrement.

« Je regarde mes amies, les femmes autour de 50 ans, c’est comme si elles n’avaient plus de vie sexuelle. [...] Il faut que les gens essaient, expérimentent. [...] Ce sont des plaisirs de la vie ! On a juste une vie à vivre ! »

Lili, fin quarantaine, a quant à elle toujours mordu dans la vie, justement. Sa toute première relation sexuelle, elle la rêve « extraordinaire », et c’est exactement ce qui se produit. « On était follement amoureux, se souvient-elle, et ç’a été très bien. Comme je voulais. Tout le kit ! » Elle a 17 ans à l’époque, et l’histoire dure trois ans. Elle découvre même l’orgasme avec ce tout premier partenaire. « Ç’a été mon premier sur toute la ligne. »

Mi-vingtaine, après quelques petits flirts ici et là, elle rencontre le père de son enfant. De nouveau, sexuellement parlant, c’est « passionnel », et tout va vraiment « très bien ». Elle vit quelques « premières fois » avec lui également, explorant notamment le cannabis avant l’acte : « L’orgasme dure très longtemps, tu es plus sensible, plus en extase ! » Sauf que les « tâches », la « charge mentale », le « quotidien » de la vie ont finalement raison de leur passion, et ils se quittent au bout de 10 ans.

Mi-trentaine, Lili a un nouveau compagnon de quelques mois, son « pire » partenaire à vie sexuellement parlant, qu’elle finit par tromper.

C’est la première fois que je passais à l’acte…

Lili

Avec qui ? Un bel Italien, un homme marié trouvé sur un « site d’infidélités ». Avec ce premier amant, c’est à nouveau « passionnel ». « Je n’ai jamais vu ça, dit-elle, un homme qui vient sept fois de suite, érection, orgasme, on recommence ! En une heure et demie ! » Et elle ? « Pas sept fois, éclate-t-elle de rire, mais il y avait beaucoup de désir de part et d’autre. »

Lili se souvient qu’à l’époque, elle veut à tout prix trouver son point G. « J’ai réussi, mais j’ai trouvé ça difficile. Il faut vraiment que tu t’abandonnes, et on ne se voyait pas assez. » Au bout de quelques mois, elle met fin à cette relation, et à son couple également.

Vous suivez toujours ? C’était il y a 10 ans. Là, dans un restaurant, Lili rencontre son conjoint actuel, une histoire qui se veut d’abord d’un soir, mais qui finit par s’étirer dans le temps. « Ça a accroché », résume-t-elle. Pour cause : « C’est un bon amant, il est gentil, respectueux. » Et visiblement très amoureux.

« Avec lui, le point G a marché, poursuit notre volubile interlocutrice. J’ai eu un orgasme incontrôlable par-dessus lui [...] le déluge ! », se souvient-elle. Et puis ? « Il est très attentionné, très généreux, insiste-t-elle, mais... il y a toujours un mais ! » Lili le trouve un peu « traditionnel » au lit.

Elle aime « essayer des choses », on l’a vu, et c’est ce qu’elle a fait toute sa vie, monsieur un peu moins. Un exemple ? « J’aimerais lui offrir un orgasme prostatique », dit-elle. Lui n’est « pas prêt ». « Moi, j’ai trouvé mon point G, pourquoi toi, tu te priverais de ça ? C’est dommage ! », déplore-t-elle.

Lili aimerait en outre essayer l’échangisme, sortir de sa « zone de confort », lui pas.

Je suis dans mon pic, il y a des choses que j’aimerais essayer, pourquoi je me priverais parce que lui n’est pas prêt ?

Lili, fin quarantaine

Il faut dire qu’il s’en doute : « Je n’aime pas la routine, dit-elle, et il sait tout ça. »

Et puis pendant la pandémie, Lili a eu un déclic. Elle a même eu un flirt avec un collègue, avec la « permission » de son copain. En gros : « fais ce que tu as à faire », lui a-t-il dit. Si l’aventure a été un échec (« vraiment banal, platonique ! »), elle a néanmoins « ouvert une porte », dans l’esprit de Lili du moins. Il fallait qu’elle poursuive dans ce chemin, et elle s’est inscrite de nouveau sur un site. Non, sans exactement demander la permission. « Une deuxième fois ? Ça ne passerait pas », sait-elle.

Et c’est là, il y a quelques mois, qu’elle a rencontré son monsieur « X », comme elle dit, un homme marié toujours, qui a changé sa vie. « Il a réveillé en moi des petites choses, sourit-elle à pleines dents, les yeux pétillants. C’est exceptionnel ! On peut faire l’amour quatre, cinq heures ! » Ils ont une chimie hors du commun, et surtout un désir partagé d’explorer. « Si j’ai des désirs, on s’en parle, et on essaie, ou pas ! »

Un exemple ? Une tape ici, un crachat là, « être rough un peu ». Si elle aime ça ? « Ben oui, câlisse ! lance-t-elle en rayonnant de plus belle. Même la pénétration anale, dit-elle, écoute, j’ai des orgasmes ! » Ils essaient toutes sortes de choses, se filment, se touchent au cinéma, dans l’auto. « Ce n’est jamais pareil et il y a toujours plus de désir ! » Ah oui, et il a même accepté de la laisser lui « offrir » un « orgasme prostatique », lui. « Il a tout de suite été ouvert, dit-elle. Pour moi, c’est un cadeau ! »

Certes, leur aventure est dangereuse et Lili le sait. « On espère juste ne pas se faire pogner... »

Et son conjoint dans tout ça ? ose-t-on. « Je l’aime, répond-elle. J’ai beaucoup d’attachement, c’est vraiment une bonne personne. Mais je ne peux pas combler tous ses besoins. Et je pense qu’il sait qu’il ne peut pas combler tous les miens. Est-ce qu’il faut se sentir coupable de ça ? »

Avant de nous laisser, elle ajoute : « C’est la première fois que je me donne la permission d’être totalement libre, dit-elle. Je ne peux pas revenir en arrière. J’ai ouvert une boîte de Pandore... »

* Prénom fictif, pour protéger son anonymat

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