Jacinthe Paiement et Benoit Le Blanc ont attendu longtemps avant d’effectuer les travaux qui s’imposaient dans un duplex datant de 1948, dans Villeray. Il voyait grand, mais elle avait un pied sur le frein, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus le choix d’agir.
« Benoit voulait tout démolir au rez-de-chaussée et dans le sous-sol pour faire une rallonge, explique-t-elle. On avait 900 pieds carrés par étage, ce qui n’était pas si pire pour nos deux enfants et nous, et je trouvais que le sous-sol était quand même correct, avec la salle de bains refaite en 2012. Je me suis ralliée parce qu’il fallait tout arracher de toute façon à l’arrière. »
Il fallait refaire la brique, les balcons et les escaliers et changer les fenêtres. Il fallait aussi refaire la plomberie et l’électricité. Une fois qu’on s’est entendus sur jusqu’où on allait, on a fait équipe ensemble.
Jacinthe Paiement
En 2018, ils ont commencé à travailler sur des plans avec une amie, qui est architecte. Un an plus tard, ils ont contacté un ingénieur en structure, qui a réalisé les plans soumis à l’arrondissement en novembre 2020. Ils ont obtenu leur permis en juillet 2021, juste avant le début des travaux de démolition, le 1er août.
Ils ont fait creuser la cour. Les fondations ont été prolongées sur toute la largeur de la maison, soit 30 pi (9,1 m) sur 12 pi (3,6 m) de profondeur, permettant d’ajouter 360 pi2 (33,4 m2) au sous-sol et au rez-de-chaussée. À l’étage, la surface au-dessus de l’agrandissement est devenue la terrasse des locataires.
« Ce sont surtout les espaces communs qu’on a agrandis, parce qu’on aime recevoir, indique Mme Paiement. On a de grandes familles et la musique fait partie de notre vie. Mon chum est musicien et chanteur, et notre fils est dans les Petits Chanteurs du Mont-Royal. On voulait que le piano soit au cœur de la maison.
« Le but était de rendre chaque pièce plus efficace et d’avoir plus d’espace de rangement, poursuit-elle. On a un walk-in et une salle de bains attenante à notre chambre. Il y a aussi une petite salle d’eau, au rez-de-chaussée. On a gagné en confort en installant une thermopompe, un système d’aération et un plancher chauffant dans le sous-sol, où se trouvent les chambres des enfants, une grande pièce avec une table de ping-pong et une salle de bains. »
Une famille partie prenante des travaux
Les propriétaires désiraient suivre les travaux de près. Ils ont loué un appartement dans le quartier pour les locataires, puis ils se sont installés à l’étage avec leurs enfants Émilien et Charlotte, qui avaient alors 11 ans et 9 ans. Ils ont continué à travailler à temps plein. Pendant qu’elle s’assurait que tout tourne rond (la rentrée, l’Halloween, les concerts, le hockey des enfants, etc.) et qu’elle luttait quotidiennement contre la poussière, il voyait à la bonne marche du chantier, coordonnant les corps de métier. Benoit Le Blanc est en effet aussi peintre et tireur de joints. À chaque étape, il a mis la main à la pâte. Et il a dû faire face à de nombreux imprévus, causés en grande partie par la pandémie.
« Cela a été tout un défi de terminer le logement des locataires et le nôtre dans des délais si courts, révèle-t-il. Dans leur logement, on a touché à chacune des pièces. À un moment donné, on s’est concentrés dessus pour leur permettre de revenir. »
Ce qui devait durer deux mois en a pris quatre. « Les locataires ont été extraordinaires, souligne Mme Paiement. Le 19 décembre, on est descendus, puis eux, ils sont retournés chez eux. On n’avait aucune porte, on avait un lavabo dans toute la maison. On était en camping, mais on s’est fait un sapin de Noël. On était vraiment contents d’avoir de l’espace, parce qu’en haut, c’était le bordel avec les affaires des locataires et les nôtres. On était heureux de se réapproprier notre maison, même si ce n’était pas fini. On a accepté d’avaler un peu de poussière pendant encore quelques mois. »
« On avait des objectifs, renchérit Benoit Le Blanc. Il fallait composer avec les pénuries et les délais, et se revirer de bord pour faire face aux situations. Notre ami Patrick Mallette, qui est entrepreneur spécialisé, nous a beaucoup aidés pour engager les ouvriers et préparer les choses pour le lendemain, pour qu’on ne perde pas de temps. »
Voyant la flambée des prix avant de commencer les travaux, ils se sont demandé s’ils étaient complètement fous. Le prix élevé des maisons dans leur quartier les a convaincus de persévérer. « On s’est fait une maison sur mesure », indique Jacinthe Paiement.
« On désirait une maison qui convienne à tout le monde », renchérit Benoit Le Blanc, fier de souligner qu’ils ne se sont jamais chicanés.
« Le truc, c’est de toujours dire que l’autre a raison », précise-t-il.
Et, ajoute-t-elle, de savoir quand lâcher prise.
En bref
Durée des travaux principaux : quatre mois (du 1er août au 19 décembre 2021)
Projet : agrandissement de 30 pi (9,1 m) de long sur 12 pi (3,6 m) de large (sous-sol et rez-de-chaussée)
Budget initial : environ 400 000 $
Coût total : 700 000 $ (incluant la cour et la terrasse)
Incontournable : un vaste espace pour recevoir, où irait le piano
Autre incontournable : une cuisine lumineuse
Un imprévu : Jacinthe Paiement et son fils ayant attrapé la COVID, les travaux ont été paralysés à quelques reprises.
Surprise : le dépassement des coûts
Entrepreneur général : Martin Charbonneau, Marcha Construction