Réno-tonome « Il faut que les gens soient plus manuels »

« Une maison, ça coûte combien maintenant ? Cinq cent mille dollars environ ? C’est un demi-million ! », souligne Stéphanie Lévesque. Or, malgré tout l’argent qu’ils investissent pour devenir propriétaires, beaucoup de gens ne prennent pas assez soin de leur résidence, croit l’entrepreneure générale. Dans l’optique de leur donner un coup de pouce, elle lance ces jours-ci le guide Réno-tonome.

Les raisons sont nombreuses pour fermer les yeux sur les petits travaux à faire dans une maison. En ces temps d’inflation, le manque de budget est un frein majeur pour plusieurs.

À ceux qui sont « exaspérés […] de payer des fortunes » pour améliorer leur domicile, Stéphanie Lévesque propose une solution : le faire eux-mêmes.

Oui, l’univers de la rénovation peut être intimidant. Oui, les débutants se sentiront parfois inaptes et commettront des erreurs. « Votre orgueil sera touché », prévient-elle. Or, la collaboratrice de La Presse est convaincue qu’améliorer ses habiletés manuelles comporte une foule d’avantages et que cela vaut la peine d’y consacrer du temps.

« Si tu n’étais pas manuel il y a, disons, 80 ans, ce n’est pas compliqué, tu crevais, illustre-t-elle, attablée dans un café de l’arrondissement du Sud-Ouest, à Montréal. Pourquoi aujourd’hui on ne s’y intéresse pas plus ? Il faut que les gens soient plus manuels. »

Dans Réno-tonome, son quatrième livre, Stéphanie Lévesque guide les lecteurs dans la réalisation de différents travaux d’entretien ou de finition : fixer un crochet au mur (et s’assurer qu’il y reste), réparer un petit, un moyen ou un gros trou dans le gypse, peindre des armoires de mélamine, poser des carreaux de céramique, changer la robinetterie, isoler les prises de courant…

« Mon objectif avec ce livre-là, c’est d’aider les gens à rendre leur environnement plus personnalisé. […] Il y a des façons d’améliorer notre intérieur et de rendre ça à notre image simplement », pense celle qui est notamment formatrice sur la plateforme en ligne Les filles de la construction.

Et parce que les erreurs font partie de tout processus d’apprentissage, à chacun des travaux proposés dans Réno-tonome, Stéphanie Lévesque donne des solutions pour « quand ça tourne mal ».

Petits travaux, gros impact

Certains travaux d’entretien souvent négligés par les gens peuvent avoir des répercussions majeures. Le calfeutrage des fenêtres en est un exemple. « Un caulking [calfeutrant] qui a séché sa vie et qui s’est détaché de la paroi, il faut le refaire », illustre Stéphanie Lévesque. Si on choisit d’ignorer le problème, gare aux infiltrations d’eau, avertit-elle.

Lorsque des débutants se lancent dans des rénovations, quel est leur principal faux pas ? Faire fi de l’étape de la planification, répond celle qui donne des cours de travaux manuels au grand public depuis plus de 10 ans.

« Avant de commencer, il faut que tu voies ton projet dans sa globalité. […] Par exemple, si tu fais la réno d’une chambre d’enfant, il faut que tu sois capable de la visualiser complètement dans ta tête », fait valoir Stéphanie Lévesque. Selon elle, non seulement ça permet de bien noter les outils et les matériaux dont on aura besoin, mais ça limite aussi les oublis en cours de projet. « En couchant chacune des étapes sur papier, parfois tu t’aperçois : “Ah, je n’avais pas pensé à cette étape-là.” »

Toujours plus à apprendre

Lorsqu’on travaille de ses mains, on apprend constamment, se réjouit l’ébéniste de formation. Elle-même ne connaît pas tout. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle s’est entourée de nombreux spécialistes pour l’écriture de son livre, dont l’entrepreneur général Patrick Mathon, avec qui elle collabore à l’émission Vendre ou rénover Québec, et Tania Trudel, une valorisatrice de meubles « très passionnée ». « La plomberie, je peux te l’expliquer d’un côté didactique intéressant, mais d’aller chercher quelqu’un qui l’enseigne, c’était un must », donne-t-elle en exemple.

Qu’ils soient électriciens, charpentiers-menuisiers ou ébénistes, tous les intervenants (et intervenantes) qui ont collaboré à l’ouvrage ont en commun la passion du travail manuel. C’est cette flamme que l’autrice aimerait allumer chez les lecteurs qui se procureront Réno-tonome. « Je crois sincèrement que quand tu utilises tes mains pour accomplir quelque chose de créatif, il se passe quelque chose en toi. Tu oublies les complications de la vie. Tu entres dans une bulle. Utiliser ses mains dans un état créatif, c’est thérapeutique. »

Consultez le site de Stéphanie Lévesque