Dans un coin enchanteur de Morin-Heights, une maison construite en 1880 a été transformée grâce aux efforts de Valérie Bougie et de Craig McVeigh, qui ont pris en main sa destinée en 1997. La dernière étape de sa métamorphose a été la plus complexe. La demeure s’élève dorénavant sur des bases solides. Mais surtout, elle a conservé son âme.
« Quelque chose en moi me disait que je ne pouvais pas la démolir, indique Craig McVeigh. On a dû faire des compromis. Si on avait démoli et reconstruit, on aurait eu des plafonds plus hauts dans la cuisine et le salon. Mais on trouve qu’en ayant des plafonds plus bas, c’est plus cosy. Ce qui fait le succès de la maison, c’est son atmosphère chaleureuse. »
Valérie Bougie et Craig McVeigh avaient 23 et 26 ans quand ils ont acquis la propriété pour 28 000 $. Habitant déjà à Morin-Heights, ils désiraient s’y établir. Leur budget étant limité, ils étaient prêts à mettre la main à pâte. Ils ont eu un coup de cœur pour le site situé en pleine forêt, avec un lac artificiel à l’arrière.
C’est vraiment un bel endroit et c’était très tranquille à l’époque. Mais cela n’avait pas de bon sens. La maison était quasiment abandonnée. Je n’étais pas sûre, mais je voyais que Craig était super enthousiaste. Je lui ai fait confiance parce qu’il est manuel. Il commençait dans la rénovation.
Valérie Bougie, copropriétaire
Ils estiment que le carré original de la maison en pièce sur pièce de deux étages, d’une superficie de 24 pieds sur 24, a été construit vers 1880, à l’époque où les familles de 12 enfants et plus recevaient une terre de 100 acres lorsqu’elles s’installaient dans les « pays d’en haut ».
Dans les années 1950, les propriétaires ont vendu 99 acres et en ont conservé 1 seule. Une cuisine d’été et un hangar attenant à la maison ont alors été ajoutés. La demeure, transmise de génération en génération, n’avait pas été vidée quand les nouveaux propriétaires en ont pris possession.
De réno en réno
Ils ont effectué les rénovations en trois phases, au fil de leurs besoins. Les premières années, ils ont réaménagé les pièces existantes. « Ce fut surtout de la démolition, du recyclage et de la réutilisation, explique Craig McVeigh. Je démontais des vieilles moulures et je les réutilisais parce qu’on n’avait pas d’argent. »
« Au début, c’était pratiquement un camp de base, renchérit sa conjointe. Il y avait la cuisine d’origine, où on vivait le plus, et l’étage où on s’était fait un salon à côté de notre chambre. La chambre de notre fils Théo a été prête deux mois avant sa naissance, en 2002. » En 2016, ils ont ajouté un spacieux garage, qui sert aux activités de l’entreprise de construction de M. McVeigh. Puis en 2019, ils ont décidé de s’attaquer au cœur de la maison, qui reposait sur des murs en pierre des champs.
Cela faisait longtemps que je voulais ouvrir le mur entre l’ancienne cuisine d’été et le salon. On voulait aussi faire une place pour notre fils et ses amis au-dessus de l’ancienne cuisine d’été, puisqu’on n’a pas de sous-sol.
Valérie Bougie, copropriétaire
Trois raisons ont poussé le couple à passer à l’action. La valeur foncière accrue des propriétés dans le secteur rendait la rénovation de la maison rentable. La construction d’habitations aux alentours faisait par ailleurs craindre aux propriétaires de ne plus être aussi tranquilles, même s’ils ont graduellement acheté cinq autres acres. Finir les travaux était nécessaire s’ils désiraient vendre leur demeure. Enfin, une marmotte s’était creusé un chemin jusque dans le vide sanitaire.
La première rencontre avec la designer Marie-Lise Frenette, propriétaire de la société Antiquité Design, spécialisée dans la restauration du patrimoine, a été décisive. « Elle a rapidement vu le potentiel et proposé des idées auxquelles on n’avait jamais pensé », dit Valérie Bougie.
« Pour favoriser la fluidité dans les déplacements, elle a suggéré de mettre la cuisine dans le salon et de déplacer l’escalier, précise Craig McVeigh. Ses plans en trois dimensions ont permis de visualiser le résultat final. »
Le plancher n’étant pas droit, la structure a été refaite en entier. Un mur porteur a été enlevé.
C’étaient des travaux énormes. J’ai utilisé mes connaissances au complet, parce qu’il fallait supporter le deuxième étage pendant qu’on refaisait le plancher du premier. On a refait les coffrages en dessous du vieux mur en pierre des champs où la marmotte passait.
Craig McVeigh, copropriétaire
Pendant environ six mois, la famille a vécu dans le garage. Le soir, Théo grimpait dans une échelle pour aller se coucher. Le couple voulant éviter de s’endetter, les travaux ont été échelonnés dans le temps et effectués les fins de semaine. Craig a aussi mis ses talents d’ébéniste à profit, confectionnant lui-même l’escalier à partir de bois récupéré ailleurs dans la maison.
L’humour et la conviction qu’ils seraient bien, une fois tout fini, ont aidé les membres de la famille à passer au travers. Aujourd’hui, ce dont ils sont le plus fiers, c’est d’avoir préservé le cachet de la maison et d’avoir exposé sa plus belle partie.
En bref
Durée de la troisième phase : 3 ans
De la conception à la fin : 2019-2021
Gros travaux à l’intérieur : janvier à mai 2021
Gros travaux à l’extérieur : été 2021
Coût : environ 300 000 $
Objectif 1 : décloisonner pour avoir une vaste cuisine
Objectif 2 : aménager une place pour leur fils Théo et ses amis
Une belle surprise : le garde-manger de type walk-in
Incontournable : engager une designer d’intérieur, pour avoir une autre vision