Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Les belles demeures victoriennes, construites en bordure du parc La Fontaine, faisaient rêver la jeune Indra Kagis. Le destin a voulu qu’elle en habite une pendant presque un demi-siècle.

« Quand je venais visiter mes grands-parents à Montréal, je prenais l’autobus pour me rendre à la Bibliothèque de Montréal [située à l’époque rue Sherbrooke]. L’autobus passait sur l’avenue du Parc-La Fontaine et je me disais : “Oh ! Comme j’aimerais donc vivre dans l’une de ces maisons” », raconte l’architecte et enseignante retraitée.

Cette fille d’immigrants lettons, arrivés au pays en 1948, a d’abord grandi en Saskatchewan où elle a appris le français à l’école. Après des études en arts à Kingston, elle a rencontré en 1967 le peintre Jean McEwen à la galerie d’art montréalaise où elle travaillait à l’époque. Cet ancien élève de Paul-Émile Borduas, disparu en 1999, connaissait alors une carrière internationale avec des expositions à New York, à Paris et à Londres.

Sans rien connaître du rêve d’enfance de sa jeune épouse, Jean McEwen a jeté son dévolu en 1975 sur une grande maison de l’avenue du Parc-La Fontaine pour fonder leur famille. L’immeuble de trois étages, datant de 1910, est divisé en deux appartements : un logis au rez-de-chaussée et un vaste logement qui occupe les deux étages supérieurs, reliés par un magnifique escalier circulaire.

PHOTO FOURNIE PAR ENGEL & VÖLKERS MONTRÉAL

Vue en plongée sur le magnifique escalier circulaire

« Oh ! L’escalier ! s’exclame Mme Kagis McEwen, le visage illuminé, se rappelant sa première visite de la maison. Il est tout simplement magnifique ! »

Peinture et enfants

Autre attrait non négligeable : avec ses grandes pièces et ses hauts plafonds, la maison offrait quantité de murs pour accrocher les œuvres du peintre. Les planchers de bois franc, tachetés de gouttes de peinture, témoignent d’ailleurs encore de la passion de Jean McEwen.

« Il n’était jamais satisfait de ses tableaux. Il disait toujours qu’il pouvait les améliorer. Il les retravaillait donc alors qu’ils étaient accrochés au mur », se remémore Mme Kagis McEwen.

Le couple a donné naissance à trois enfants. La grande cuisine permettait d’accueillir toute la famille pour les repas, en plus de leurs amis. « Il y en avait toujours un ou deux de plus autour de la table », raconte celle qui a entrepris ses études de maîtrise et de doctorat en architecture après l’arrivée de son troisième bébé. « Pour recevoir la visite, il y a toujours la salle à manger », ajoute-t-elle.

Indra Kagis McEwen se souvient avec plaisir des cris d’enfants qui jouaient dans la ruelle à l’arrière et des promenades familiales au Jardin des merveilles du parc La Fontaine, juste en face. « Le premier matin ici, je m’étais fait réveiller par le coq. Je me demandais bien où j’étais », se rappelle-t-elle, amusée.

Charme d’époque

Avant de jouir d’un fort pouvoir d’attraction, le Plateau Mont-Royal a longtemps été un quartier habité par les familles à bas revenu. Plusieurs demeures cossues de l’avenue du Parc-La Fontaine ont été divisées en maisons de chambres ou elles ont été dépouillées de leurs attraits au fil de mauvaises rénovations. La résidence des Kagis McEwen a échappé aux affres de cette période.

La maison de cinq chambres a été entretenue au fil des ans avec le souci de conserver tout son charme victorien. Ses précieuses boiseries, ses calorifères à eau chaude, ses fenêtres enchâssées dans des alcôves et son salon double divisé par une colonnade ont ainsi été préservés.

Les seuls compromis à la modernité sont un comptoir de cuisine – « à ma hauteur », souligne la grande dame –, certaines commodités dans la salle de bains et l’aménagement d’une salle d’eau à l’étage principal.

« Nous avons longtemps résisté à cette idée, mais avec une famille de trois enfants, il a fallu se résoudre un jour à installer une seconde toilette », confie la propriétaire qui a déménagé au rez-de-chaussée au début de l’automne. L’immeuble deviendra ainsi une copropriété indivise à la vente de l’appartement principal.

Balcon et terrasse

PHOTO FOURNIE PAR ENGEL & VÖLKERS MONTRÉAL

La terrasse arrière, l’été

Avec ses longs couloirs traversant les étages de l’avant jusqu’à l’arrière, la ventilation se fait de manière naturelle lors des chaleurs d’été. Une pièce transformée en bureau donne sur un romantique balcon couvert d’un pignon, d’où l’on peut apercevoir le Théâtre de Verdure et les bassins du parc La Fontaine.

C’est là que cette spécialiste de l’histoire de l’architecture s’installait pour écrire ses livres, tous publiés par les éditions du célèbre Massachusetts Institute of Technology. Son plus récent ouvrage, consacré à la Renaissance italienne, est sorti des presses en mars dernier.

À l’arrière, un petit salon mène à une grande terrasse surplombant la jolie ruelle. « C’est moi qui l’ai dessinée lorsque j’étais en deuxième année d’architecture. Des camarades de classe sont venus nous aider à la construire », se souvient-elle.

Quitter un appartement empli de souvenirs amassés en 47 ans n’a pas été facile, concède Mme Kagis McEwen, après avoir raconté les péripéties entourant la découverte de l’arme conservée par son mari depuis l’époque de son service militaire durant la Seconde Guerre mondiale.

« Mais je suis bien maintenant. Une autre famille se fera de beaux souvenirs dans cette maison », conclut-elle.

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La propriété en bref

Prix demandé : 945 000 $

Évaluation de l’immeuble (avant sa transformation en copropriété indivise) : 1 450 900 $

Année de construction : 1910

Pièces : 15, dont 5 chambres

Superficie habitable : 1859 pi⁠⁠2 (172 m⁠⁠2)

Superficie du terrain : 2874 pi⁠⁠2 (266,9 m⁠⁠2)

Impôt foncier de l’immeuble (avant sa transformation en copropriété indivise) : 8999,04 $ (quote-part de 64 % pour la copropriété en vente)

Taxe scolaire (avant sa transformation en copropriété indivise) : 1170,23 $ (quote-part de 64 % pour la copropriété en vente)

Dépenses énergétiques : 3623 $/année

Courtiers : Marie Champagne et Catherine Parent (Engel & Völkers Montréal)