Toute rénovation exige une bonne dose de planification. Nous faisons découvrir des projets de diverses envergures qui pourraient donner des idées.

Une idée audacieuse, mais inspirante : ouvrir deux logements d’un duplex en rangée pour en faire un seul. Voici comment un couple s’y est pris pour mener à bien cette aventure.

PHOTO FOURNIE PAR BRUNO MEEKEL

Ce poêle à bois a séduit les propriétaires et a influencé leur décision d’acheter la première moitié du duplex en 1994. Émile, photographié avec sa mère, a aujourd’hui 19 ans. Le poêle à bois, non réglementaire, a quant à lui été éliminé lors des rénovations.

Bruno Meekel et sa conjointe ignoraient, lorsqu’ils ont acheté la moitié d’un duplex en rangée dans le Mile End, à Montréal, en 1994, qu’ils en seraient toujours propriétaires 30 ans plus tard. Leur travail les a menés à l’extérieur du Québec pendant environ 12 ans, mais ils ont conservé le logement, qu’ils ont loué. Ils ont acquis l’autre moitié du bâtiment quand elle a été mise en vente en 2017, puis y ont emménagé à leur retour.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le duplex en rangée, construit en 1913, comportait deux logements parallèles de deux étages chacun. L’agrandissement a été effectué dans le prolongement du logement situé à gauche afin que la terrasse soit ensoleillée. L’espace au rez-de-chaussée ayant été ouvert, la cuisine, la salle à manger et le salon sont dorénavant baignés de lumière.

C’est alors que l’idée folle d’ouvrir les deux logements au rez-de-chaussée pour gagner de l’espace et faire entrer la lumière a commencé à germer. Ils se sont mis à y penser plus sérieusement en 2020. Quatre ans plus tard, l’aventure de leur rénovation est presque terminée. Il ne reste plus que quelques éléments à achever.

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Les travaux ont principalement été effectués au rez-de-chaussée. À l’étage, le puits de lumière a été agrandi. Une section vitrée dans le plancher a été ajoutée à celle que les propriétaires avaient déjà fait installer pour éclairer le milieu de la maison.

Le duplex en rangée, construit en 1913, comportait deux logements parallèles de deux niveaux chacun, avec leur entrée séparée et leur propre escalier à l’intérieur menant à leur étage respectif. Les logements étaient longs et étroits, avec des fenêtres à l’avant et à l’arrière. Malgré le puits de lumière percé dans chacun des toits, l’intérieur était plutôt sombre. Les propriétaires disposaient par ailleurs d’une cave de service en terre battue, accessible par une trappe difficile à ouvrir. Ils auraient aimé creuser le sous-sol pour avoir davantage d’espace de rangement, mais le fait que leur maison repose sur du roc et que cela ait pris un an à des voisins pour y parvenir les a amenés à envisager l’option d’agrandir leur maison, à l’arrière.

PHOTO FOURNIE PAR BRUNO MEEKEL

Le vide sanitaire, sur terre battue, a été mis à profit pendant les travaux pour ranger certaines choses.

Avec l’aide d’Yseult St-Jacques, chargée de projet en architecture, et de l’entrepreneur général Pierre Aubin, qui ont tous deux de l’expérience dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, leur projet s’est précisé. En s’appropriant le rez-de-chaussée au complet et en conservant une moitié du duplex à l’étage, ils allaient occuper les trois quarts du bâtiment. L’autre quart, à l’étage, deviendrait un studio d’environ 500 pieds carrés pour d’éventuels locataires. Comme aucun escalier ne menait à l’étage à l’extérieur, il fallait en installer un à l’avant et un autre, à l’arrière.

  • Vue du duplex en rangée à l’arrière, avant les travaux. Aucun escalier de secours à l’extérieur n’était alors nécessaire.

    PHOTO FOURNIE PAR BRUNO MEEKEL

    Vue du duplex en rangée à l’arrière, avant les travaux. Aucun escalier de secours à l’extérieur n’était alors nécessaire.

  • Voici une des deux cuisines au rez-de-chaussée, avant les travaux.

    PHOTO FOURNIE PAR BRUNO MEEKEL

    Voici une des deux cuisines au rez-de-chaussée, avant les travaux.

  • Auparavant, l’escalier menant à l’étage faisait face à l’entrée, à l’avant de la maison. Chaque moitié du duplex en rangée, répartie sur deux niveaux, était longue et étroite.

    PHOTO FOURNIE PAR BRUNO MEEKEL

    Auparavant, l’escalier menant à l’étage faisait face à l’entrée, à l’avant de la maison. Chaque moitié du duplex en rangée, répartie sur deux niveaux, était longue et étroite.

  • Les travaux se sont échelonnés sur un an. L’agrandissement a été effectué dans le prolongement de ce logement. L’escalier a été inversé pour se retrouver au milieu de l’espace de vie. Il a aussi été décloisonné.

    PHOTO FOURNIE PAR BRUNO MEEKEL

    Les travaux se sont échelonnés sur un an. L’agrandissement a été effectué dans le prolongement de ce logement. L’escalier a été inversé pour se retrouver au milieu de l’espace de vie. Il a aussi été décloisonné.

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Mais dans le prolongement de quel logement était-il préférable d’excaver le sol ? Celui de gauche ou celui de droite ? « La lumière et le parcours du soleil ont guidé la décision, indique Bruno Meekel. Si l’agrandissement avait été placé de l’autre côté, la terrasse aurait été à l’ombre. On voulait qu’elle soit ensoleillée. »

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Les deux portes à l’avant de la maison ont été conservées, mais seulement l’une d’entre elles permet de pénétrer à l’intérieur. L’entrée qui a été préservée donnait avant sur un salon, avec un poêle à bois. Un mur a été érigé pour aménager une véritable entrée et un bureau, à côté.

Les propriétaires étaient confiants lorsqu’ils ont déposé leur demande de permis auprès de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, en juillet 2021. Ils ont finalement obtenu leur permis… 13 mois plus tard, le 31 août 2022.

« Cette étape nous a fait perdre beaucoup de temps et cela a été la chose la plus compliquée de tout notre projet, déplore M. Meekel. Il y a eu beaucoup d’allées et venues, de changements d’avis et de demandes de documents et d’études supplémentaires. Les agents changeaient tout le temps et il n’y avait pas de numéro de téléphone pour les joindre. »

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Bruno Meekel a suivi de près l’évolution du chantier. Il s’est assuré de conserver de bonnes relations avec ses voisins.

On s’est heurtés à des murs d’incompréhension, à des murs bureaucratiques. Cela a été une expérience très difficile.

Bruno Meekel, copropriétaire

Pendant toute la durée de cette frustrante étape, les propriétaires ont tenu Pierre Aubin au courant de la progression du dossier. Ce dernier, qui a bâti un réseau constitué de sous-traitants qualifiés, a été en mesure de commencer les travaux de démolition peu après la délivrance du permis. M. Meekel, sa conjointe et leur fils habitaient sur place quand les travaux d’excavation ont débuté, le 5 octobre. Ils ont déménagé du 1er novembre 2022 au 31 août 2023, heureux d’avoir attendu d’obtenir leur permis avant de louer un logement.

Ils se sont beaucoup impliqués dans le choix des matériaux, étaient toujours disponibles pour répondre aux questions et sont allés sur le chantier pratiquement tous les jours. « C’est la raison pour laquelle l’exécution a bien marché, estime Bruno Meekel. Un autre facteur de succès, c’est qu’on a préparé le terrain en parlant à tous nos voisins. Le quartier est densément peuplé, donc des travaux comme ça, ça dérange beaucoup. On a fait une réunion de voisinage, puis pendant les travaux, on a demandé aux voisins comment cela allait, si on ne faisait pas trop de bruit. C’est important de ménager le voisinage. »

Tout ayant été bien planifié, ils n’ont pas eu trop de surprises pendant les travaux, à part la hausse du coût des matériaux. Leur aire de vie est aujourd’hui baignée de lumière, leur cuisine ouverte sur le salon, et la salle à manger répond à leurs attentes et les nouvelles pièces ajoutées au rez-de-chaussée (salle de bains, salle de lavage, chambre d’amis et bureau) leur sont aujourd’hui indispensables. Il reste maintenant à effectuer l’aménagement paysager. Mais cela, c’est une autre histoire !

En bref

  • L’avant du duplex en rangée est demeuré presque intact. Un escalier extérieur a été ajouté pour donner accès au logement locatif, qui occupe le quart du bâtiment.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    L’avant du duplex en rangée est demeuré presque intact. Un escalier extérieur a été ajouté pour donner accès au logement locatif, qui occupe le quart du bâtiment.

  • On peut facilement imaginer où se trouvaient les murs originaux des deux anciens logements. La cuisine étant située sous le logement locatif, son plafond a été abaissé pour dissimuler toutes sortes d’éléments (tuyauterie, électricité, ventilation, pare-feu, isolation acoustique).

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    On peut facilement imaginer où se trouvaient les murs originaux des deux anciens logements. La cuisine étant située sous le logement locatif, son plafond a été abaissé pour dissimuler toutes sortes d’éléments (tuyauterie, électricité, ventilation, pare-feu, isolation acoustique).

  • Un vaste garde-manger de style walk-in fournit beaucoup d’espace de rangement et permet de soustraire toutes sortes d’éléments à la vue.

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    Un vaste garde-manger de style walk-in fournit beaucoup d’espace de rangement et permet de soustraire toutes sortes d’éléments à la vue.

  • La salle de lavage, la salle de bains et la chambre d’amis, au fond, ont été aménagées de ce côté-ci de la maison.

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    La salle de lavage, la salle de bains et la chambre d’amis, au fond, ont été aménagées de ce côté-ci de la maison.

  • Une porte-fenêtre donnant sur la terrasse et une porte vitrée jouxtant une grande fenêtre permettent à la lumière d’entrer dans l’agrandissement du rez-de-chaussée. L’escalier menant au sous-sol se trouve près de la porte, à l’arrière. Une terrasse sera aménagée sur le toit de l’agrandissement.

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    Une porte-fenêtre donnant sur la terrasse et une porte vitrée jouxtant une grande fenêtre permettent à la lumière d’entrer dans l’agrandissement du rez-de-chaussée. L’escalier menant au sous-sol se trouve près de la porte, à l’arrière. Une terrasse sera aménagée sur le toit de l’agrandissement.

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Durée des travaux : 1 an

Coût estimé : 415 000 $

Dépassement de coût : environ 20 %

Objectifs : Faire entrer la lumière, gagner de l’espace, avoir une maison plus fonctionnelle répondant aux critères modernes, améliorer l’efficacité énergétique, augmenter l’espace de rangement, améliorer l’isolation acoustique entre le logement des locataires et la cuisine en dessous.

Incontournables : Un sous-sol facilement accessible pour le rangement, ajouter une salle de bains, un bureau fermé, une chambre d’amis et une salle de lavage au rez-de-chaussée.

Un compromis : Un vaste garde-manger de style walk-in soustrait plusieurs éléments de la vue (une cuisine fermée aurait été préférée, mais aurait bloqué beaucoup de lumière)

Une mauvaise surprise : le délai de 13 mois avant d’obtenir le permis pour réaliser les travaux.