Une idée audacieuse, mais inspirante : ouvrir deux logements d’un duplex en rangée pour en faire un seul. Voici comment un couple s’y est pris pour mener à bien cette aventure.
Bruno Meekel et sa conjointe ignoraient, lorsqu’ils ont acheté la moitié d’un duplex en rangée dans le Mile End, à Montréal, en 1994, qu’ils en seraient toujours propriétaires 30 ans plus tard. Leur travail les a menés à l’extérieur du Québec pendant environ 12 ans, mais ils ont conservé le logement, qu’ils ont loué. Ils ont acquis l’autre moitié du bâtiment quand elle a été mise en vente en 2017, puis y ont emménagé à leur retour.
C’est alors que l’idée folle d’ouvrir les deux logements au rez-de-chaussée pour gagner de l’espace et faire entrer la lumière a commencé à germer. Ils se sont mis à y penser plus sérieusement en 2020. Quatre ans plus tard, l’aventure de leur rénovation est presque terminée. Il ne reste plus que quelques éléments à achever.
Le duplex en rangée, construit en 1913, comportait deux logements parallèles de deux niveaux chacun, avec leur entrée séparée et leur propre escalier à l’intérieur menant à leur étage respectif. Les logements étaient longs et étroits, avec des fenêtres à l’avant et à l’arrière. Malgré le puits de lumière percé dans chacun des toits, l’intérieur était plutôt sombre. Les propriétaires disposaient par ailleurs d’une cave de service en terre battue, accessible par une trappe difficile à ouvrir. Ils auraient aimé creuser le sous-sol pour avoir davantage d’espace de rangement, mais le fait que leur maison repose sur du roc et que cela ait pris un an à des voisins pour y parvenir les a amenés à envisager l’option d’agrandir leur maison, à l’arrière.
Avec l’aide d’Yseult St-Jacques, chargée de projet en architecture, et de l’entrepreneur général Pierre Aubin, qui ont tous deux de l’expérience dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, leur projet s’est précisé. En s’appropriant le rez-de-chaussée au complet et en conservant une moitié du duplex à l’étage, ils allaient occuper les trois quarts du bâtiment. L’autre quart, à l’étage, deviendrait un studio d’environ 500 pieds carrés pour d’éventuels locataires. Comme aucun escalier ne menait à l’étage à l’extérieur, il fallait en installer un à l’avant et un autre, à l’arrière.
Mais dans le prolongement de quel logement était-il préférable d’excaver le sol ? Celui de gauche ou celui de droite ? « La lumière et le parcours du soleil ont guidé la décision, indique Bruno Meekel. Si l’agrandissement avait été placé de l’autre côté, la terrasse aurait été à l’ombre. On voulait qu’elle soit ensoleillée. »
Les propriétaires étaient confiants lorsqu’ils ont déposé leur demande de permis auprès de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, en juillet 2021. Ils ont finalement obtenu leur permis… 13 mois plus tard, le 31 août 2022.
« Cette étape nous a fait perdre beaucoup de temps et cela a été la chose la plus compliquée de tout notre projet, déplore M. Meekel. Il y a eu beaucoup d’allées et venues, de changements d’avis et de demandes de documents et d’études supplémentaires. Les agents changeaient tout le temps et il n’y avait pas de numéro de téléphone pour les joindre. »
On s’est heurtés à des murs d’incompréhension, à des murs bureaucratiques. Cela a été une expérience très difficile.
Bruno Meekel, copropriétaire
Pendant toute la durée de cette frustrante étape, les propriétaires ont tenu Pierre Aubin au courant de la progression du dossier. Ce dernier, qui a bâti un réseau constitué de sous-traitants qualifiés, a été en mesure de commencer les travaux de démolition peu après la délivrance du permis. M. Meekel, sa conjointe et leur fils habitaient sur place quand les travaux d’excavation ont débuté, le 5 octobre. Ils ont déménagé du 1er novembre 2022 au 31 août 2023, heureux d’avoir attendu d’obtenir leur permis avant de louer un logement.
Ils se sont beaucoup impliqués dans le choix des matériaux, étaient toujours disponibles pour répondre aux questions et sont allés sur le chantier pratiquement tous les jours. « C’est la raison pour laquelle l’exécution a bien marché, estime Bruno Meekel. Un autre facteur de succès, c’est qu’on a préparé le terrain en parlant à tous nos voisins. Le quartier est densément peuplé, donc des travaux comme ça, ça dérange beaucoup. On a fait une réunion de voisinage, puis pendant les travaux, on a demandé aux voisins comment cela allait, si on ne faisait pas trop de bruit. C’est important de ménager le voisinage. »
Tout ayant été bien planifié, ils n’ont pas eu trop de surprises pendant les travaux, à part la hausse du coût des matériaux. Leur aire de vie est aujourd’hui baignée de lumière, leur cuisine ouverte sur le salon, et la salle à manger répond à leurs attentes et les nouvelles pièces ajoutées au rez-de-chaussée (salle de bains, salle de lavage, chambre d’amis et bureau) leur sont aujourd’hui indispensables. Il reste maintenant à effectuer l’aménagement paysager. Mais cela, c’est une autre histoire !
En bref
Durée des travaux : 1 an
Coût estimé : 415 000 $
Dépassement de coût : environ 20 %
Objectifs : Faire entrer la lumière, gagner de l’espace, avoir une maison plus fonctionnelle répondant aux critères modernes, améliorer l’efficacité énergétique, augmenter l’espace de rangement, améliorer l’isolation acoustique entre le logement des locataires et la cuisine en dessous.
Incontournables : Un sous-sol facilement accessible pour le rangement, ajouter une salle de bains, un bureau fermé, une chambre d’amis et une salle de lavage au rez-de-chaussée.
Un compromis : Un vaste garde-manger de style walk-in soustrait plusieurs éléments de la vue (une cuisine fermée aurait été préférée, mais aurait bloqué beaucoup de lumière)
Une mauvaise surprise : le délai de 13 mois avant d’obtenir le permis pour réaliser les travaux.