Inna Babina en a vu de toutes les couleurs en rénovant la maison presque centenaire, qu’elle a achetée sans garantie légale, à Notre-Dame-de-Grâce, en novembre 2020.
Elle s’attendait à des travaux au rez-de-chaussée et à l’étage, mais elle ne prévoyait pas toucher au sous-sol. Le piètre état d’un mur de fondation l’a forcée à revoir ses plans. Tout en remettant la vénérable demeure sur des bases solides, allant jusqu’à la rendre écoénergétique, elle a travaillé sans relâche pour redonner son charme à la propriété. Grâce à l’appui de ses parents, tous deux très manuels, ce qui aurait pu tourner au cauchemar est devenu un superbe projet familial.
La demeure semi-détachée, construite en 1923, avait été habitée par la même famille pendant une quarantaine d’années et avait manqué d’amour. Les travaux de rénovation nécessaires pour la réhabiliter ne faisaient pas peur à Mme Babina, puisqu’elle avait de l’expérience. Elle est tombée amoureuse des vastes pièces lumineuses. Leur disposition et leur nombre répondaient par ailleurs parfaitement à ses besoins, puisque ses parents comptaient quitter l’Ukraine pour s’installer pour de bon avec elle et sa fille.
En entrant dans la maison, un déclic s’est fait. J’ai vu le potentiel. Mais l’ampleur des travaux était beaucoup plus grande que je pensais.
Inna Babina, propriétaire
Les factures d’énergie très élevées (annuellement environ 5000 $ pour l’électricité et 3000 $ pour le gaz naturel) et l’absence de climatisation l’ont amenée à vouloir changer le système de chauffage au gaz naturel. Gérant elle-même les travaux, elle a dressé un plan d’action pour rendre la maison écoénergétique. Elle a commencé par faire installer un drain français, puisqu’elle avait remarqué de l’humidité dans le sous-sol. C’est pendant les travaux qu’elle a découvert que le mur de fondation de la façade, à l’avant, était à la fin de sa vie.
« Cela a été tout un choc, se souvient-elle. Cela expliquait les calorifères le long des murs du sous-sol et les frais de chauffage incroyables. J’ai été obligée de tout arracher dans le sous-sol, tout le gypse, tout le plancher, parce qu’il y avait beaucoup d’humidité dans le mur, causée par une infiltration d’eau, qui coulait constamment de la petite toiture noire au-dessus de l’entrée. »
Une série de mésaventures
Ce n’était que le début de ses mésaventures. Une fois la façade renforcée en coulant du nouveau béton, la même opération a dû être effectuée pour solidifier la fondation du garage et des deux étages au-dessus, construits dans les années 1940 sur le côté de la maison. L’état des tuyaux d’eau chaude était par ailleurs pire qu’elle ne l’escomptait. Cherchant comment changer son système de chauffage en incluant la climatisation, elle s’est butée à un autre obstacle : la maison étant située sur un coin de rue, la réglementation municipale ne l’autorise à installer des appareils que dans la cour.
« Je ne voulais pas toutes ces machines sous mon balcon, qui font du bruit et que je devrais changer chaque 10 ans, indique Mme Babina. J’ai cherché des options plus écologiques. En pesant le pour et le contre, j’ai opté pour la géothermie, même si cela coûtait cher. J’ai fait confiance à ThermoTech pour l’installation et à Géothermix pour creuser les puits. »
Pour éviter des problèmes de moisissure et augmenter son confort thermique, la propriétaire a par ailleurs fait appel à Aerobarrier Global pour boucher tous les trous dans l’enveloppe intérieure, à l’aide du scellant Aerobarrier.
Elle a habité ailleurs pendant les gros travaux, avec sa fille Margaret et ses parents, revenus d’Ukraine à l’automne 2021. Confrontés à la pénurie de main-d’œuvre à cause de la COVID-19, sa mère, son père et elle ont convenu de faire eux-mêmes une grande partie des travaux à l’intérieur. Valentyna Babina et Ivan Babin y ont mis tout leur cœur.
On s’est séparé les tâches. Mes parents ont réalisé presque toute la restauration des boiseries. On enlevait les fenêtres une par une pour les sabler, les restaurer, les teindre.
Inna Babina, propriétaire
« C’était important pour moi que le système de chauffage, les tuyaux pour l’eau et l’électricité soient refaits à neuf, précise Inna Babina, mais d’un autre côté, je voulais garder le plus de choses possible et embellir la maison. Mon père a même restauré les vitraux. On a économisé beaucoup d’argent comme ça. »
Elle a fait d’innombrables recherches pour dénicher des meubles, des accessoires, des manteaux de cheminée avec une riche histoire. Daniel Bilodeau, propriétaire de la boutique Antiquités Comme dans l’temps, à Lambton, s’est avéré un précieux allié. En février 2023, les membres de la famille ont finalement réintégré les lieux. Ils ont ensuite travaillé sans relâche pour redonner du caractère à la maison.
« Personne n’a chômé », précise Inna Babina, qui est fière de ne pas avoir lâché.
Épaulée par ses parents, elle a réussi son pari. Contre vents et marées, elle a donné une nouvelle vie à la maison, qui a célébré ses 100 ans en bien meilleure posture. Ce qui aurait pu mal tourner s’est transformé en un projet familial extrêmement gratifiant.
En bref
Achat de la maison : novembre 2020
Travaux majeurs : 2021-début 2023
Fin des travaux intérieurs : octobre 2023
Coût : environ 900 000 $
Géothermie : environ 95 000 $
Incontournables : mettre la maison à niveau (électricité, plomberie, système de chauffage et climatisation, isolation) ; redonner son charme ancien à la maison en sauvegardant le plus d’éléments possible
Surprises : l’état lamentable de deux murs de fondation ; les tuyaux d’eau rouillés du système de chauffage au gaz naturel