Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Dans le roman Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, la mère de Florentine s’y rend lorsque la santé du petit Daniel ne va pas. Le quartier Saint-Henri a bien changé depuis, mais la maison du docteur y est toujours et elle est à la recherche de nouveaux occupants.

Dans la rue du Couvent, on reconnaît la demeure à la croix rouge qui orne le vitrail au-dessus de la porte. De sa construction en 1874 aux années 1980, elle a été habitée par un médecin du quartier qui recevait ses patients dans son cabinet aménagé au rez-de-chaussée. Au moment de la publication de Bonheur d’occasion en 1945, le DCharles-Émile Lalonde y pratiquait. Régulièrement, des guides qui proposent un circuit littéraire dans le Saint-Henri ouvrier de l’époque s’arrêtent avec leur groupe devant cette maison reconnaissable à sa façade de briques rouges ornée d’une frise et sa fausse mansarde en ardoise à deux lucarnes.

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La cour a été réaménagée par un paysagiste.

Jo-Ann Kane et Philippe Gervais y ont emménagé il y a 11 ans, devenant les troisièmes propriétaires non médecins. La maison, l’une des rares détachées du secteur, appartenait à un ami de Mme Kane, mais elle n’y avait jamais mis les pieds. Elle l’a visitée pour la première fois lorsque ce dernier l’a mise en vente. « Ce fut un coup de cœur instantané, on l’a achetée », se souvient-elle.

La propriété de quatre chambres – voire cinq si on compte une pièce-penderie qui pourrait être transformée en petite chambre ou en deuxième salle de bains complète – est aménagée sur deux étages. Les espaces de vie, surmontés de hauts plafonds, se trouvent au rez-de-chaussée.

Le patrimoine à cœur

Au fil du temps, la maison a changé, sans être dénaturée. L’espace servant probablement pour le cabinet médical et sa salle d’attente est devenu le salon et la salle à manger. Les boiseries ont été peintes en blanc pour éclaircir l’espace. Les propriétaires actuels ont remplacé les fenêtres à l’avant par d’autres qui épousaient davantage le style des fenêtres originales. Ils ont installé un foyer au gaz à la place de l’ancien foyer électrique tout en conservant le manteau de cheminée. Enfin, il y a cinq ans, ils ont rénové entièrement la cuisine après avoir longuement pensé à son organisation et ils ont abattu un mur qui la séparait d’une petite pièce à l’arrière, là où se situait probablement la cuisine à l’époque. C’est la pièce la plus moderne de la maison avec ses armoires noires mariées au noyer, son comptoir de quartz espagnol et ses électroménagers dissimulés.

Tout a été réfléchi pour une personne qui adore cuisiner. On a beaucoup reçu. C’était toujours plein. C’est une maison de partys.

Jo-Ann Kane, propriétaire

Malgré ce façonnage et refaçonnage, les traces du passé demeurent : les calorifères en fonte, l’escalier en bois ouvragé et sa sculpture, l’escalier de service à l’arrière, les vitraux à l’entrée, les rosaces en plâtre au plafond et même l’ancienne chute de charbon dissimulée derrière une cloison dans la salle d’eau du rez-de-chaussée. En 2014, la propriété a d’ailleurs reçu l’un des prix Coup de cœur du public de la Société historique de Saint-Henri, lesquels visent à reconnaître les efforts de préservation des qualités architecturales des maisons du quartier. « Je suis très respectueuse du patrimoine, par le travail que je fais », indique Jo-Ann Kane, qui est conseillère en gestion de collections d’œuvres d’art. « Philippe a toujours aimé l’histoire, alors tous les deux, on était soucieux de garder le patrimoine et de ne pas faire n’importe quoi. »

Une fois installés, ils ont pris le temps d’apprivoiser la maison, d’y vivre et de comprendre sa lumière avant d’y changer quoi que ce soit. La lumière ne se fait pas discrète dans cette maison. Elle entre abondamment en après-midi par les fenêtres à l’avant, orientées à l’ouest, et à l’étage, par deux puits de lumière, créant une ambiance apaisante dans l’intérieur d’un blanc immaculé. Cette lumière, c’est le coup de cœur de M. Gervais. « J’apprécie beaucoup m’asseoir dans le salon l’hiver, un vendredi après le travail ou les samedis et dimanches en fin de journée. La lumière est belle. Il fait froid dehors, mais on a le feu. »

Si la lumière du jour y pénètre autant, c’est que devant la maison se trouve une école primaire, qui est suffisamment en retrait pour ne pas bloquer les rayons du soleil. Malgré le brouhaha habituel de la rentrée, cette école est, selon lui, un atout. « Ils ne sont pas là les soirs, les week-ends et l’été, ce sont des voisins qui ne font pas de bruit. »

Le calme s’installe aussi à l’arrière, dans la cour, entourée d’arbres matures. « J’y ai investi énormément d’heures », souligne Mme Kane, qui la quitte à regret alors que la vie les amène ailleurs. « Comme il n’y a pas de ruelle, c’est comme un jardin. Il n’y a aucun va-et-vient. C’est un havre de paix. »

Il n’y a ainsi pas de stationnement privé. Cependant, assurent les propriétaires, il s’agit d’une rue où, vignette à la clé, il est aisé de stationner. Une rue que Gabrielle Roy décrivait comme une « petite avenue paisible, bordée de maisons bourgeoises ». Si cela n’a pas changé, il en va autrement du quartier, ouvrier au temps de la guerre et soumis à la saleté et au passage incessant des trains bruyants. Aujourd’hui, Saint-Henri est prisé pour sa vie de quartier, ses restaurants et sa proximité du canal de Lachine, du marché Atwater, du centre-ville et même du Centre universitaire de santé McGill. Si un médecin souhaitait acheter la propriété et s’y installer, la boucle serait bouclée !

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

  • Prix demandé : 1 399 900 $
  • Évaluation municipale (2023) : 1 269 900 $
  • Dimensions du bâtiment : 16,57 m x 7,35 m (irrégulier)
  • Superficie habitable : 202,9 m⁠2 (2184 pi⁠2)
  • Superficie du terrain : 210 m⁠2 (2260 pi⁠2)
  • Impôt foncier (2022) : 7381 $
  • Taxe scolaire (2022) : 924 $
  • Description : Maison unifamiliale de deux étages construite au XIXsiècle ayant conservé plusieurs de ses caractéristiques architecturales. Elle compte quatre chambres, avec la possibilité d’en aménager une cinquième, une cuisine récemment rénovée, une salle de bains complète, une salle d’eau et un sous-sol non fini qui comprend du rangement, un cellier, une buanderie et une salle mécanique.
  • Courtiers : Martin Dumont et Celina Machado, Groupe Sutton Synergie