(New York) En décoration intérieure, il est naturel d’être obsédé par les murs et le plancher. Mais qu’en est-il du plafond ?

Généralement, on s’y attarde peu : deux couches de peinture blanc mat et on n’en parle plus. Voilà une occasion manquée, estime le designer new-yorkais Steven Gambrel.

Ignorer le plafond, après avoir planifié les autres surfaces, c’est dommage. Ça déséquilibre le reste.

Steven Gambrel, designer

« Si le revêtement du mur ou du plancher a du caractère, j’essaie soit de donner au plafond le même niveau de patine, soit de créer un contraste majeur. »

Pour Corey Damen Jenkins, designer d’intérieur à New York, le plafond peut être plus important que les murs. « Dans une pièce, il y a généralement six plans : quatre murs, le plancher et le plafond. Mais le plafond est le seul plan qui n’est pas obstrué par les œuvres d’art et les meubles », explique Jenkins, à qui il arrive de définir une pièce grâce à un élément marquant au plafond. « Il m’arrive de commencer par là et de descendre. »

Embellir le plafond compte beaucoup dans les pièces que verront les invités : « Salles d’eau, bars, bibliothèques, salles à manger, énumère Fern Santini, une designer d’Austin, au Texas. Dans les endroits où on prend l’apéro ou on dîne, il faut des choses amusantes pour créer des pièces amusantes qui ont de l’ambiance. »

Quelques designers nous expliquent le processus, étape par étape.

PHOTO ERIC PIASECKI, THE NEW YORK TIMES

Le designer Steven Gambrel propose parfois des plafonds très luisants, effet obtenu en appliquant plusieurs couches de peinture-émail ultra-lustrée. Certaines pièces ont un plafond au fort caractère, comme ce salon, où l’on a choisi la couleur pêche.

Du lustre

Pour mettre en valeur un plafond, M. Gambrel lui donne parfois une finition miroir avec une peinture très lustrée. « Ça donne une pièce éclatante, car la lumière se réfléchit au plafond, explique-t-il. Ça ajoute un peu de brillance. »

Pour obtenir la finition souhaitée, il met plusieurs couches de peinture-émail Hollandlac ultra-lustrée, de Fine Paints of Europe. Mais comme cela révèle toutes les imperfections du plafond, il faut d’abord le rendre parfaitement lisse en appliquant une mince couche de plâtre, puis en ponçant. S’il veut juste augmenter la clarté d’une pièce, une couleur neutre convient. Mais M. Gambrel a aussi créé des plafonds au fort caractère, avec les couleurs pêche ou corail.

M. Jenkins a obtenu ce résultat dans une salle à manger avec du plâtre vénitien poli à l’extrême. « On dirait presque une mare au plafond, à l’envers », dit-il.

Une touche métallique

Pour faire briller un plafond, on peut aussi lui donner une finition métallique en y appliquant une feuille d’or ou d’un autre métal (ou un revêtement ayant le même aspect).

Douglas C. Wright, architecte à New York, a appliqué de la tôle embossée non peinte au plafond d’une cuisine dans le Connecticut, une vieille technique qui ajoute texture et brillance. « Le plafond était bas, et la tôle reflète beaucoup de lumière, explique M. Wright. Elle a fait d’un espace plutôt sombre une pièce lumineuse, chaleureuse et intime. »

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE TIMOROUS BEASTIES

La designer Fern Santini a conçu une cuisine dont le plafond était recouvert d’un papier peint montrant un essaim d’abeilles.

Motifs explosifs

Le papier peint n’est pas réservé aux murs. Il peut faire un très bel effet au plafond.

M. Jenkins a mis au plafond de certaines pièces du papier peint aux motifs marbrés ou floraux multicolores ; des nuages, aussi. Mme Santini a conçu une cuisine dont le plafond était recouvert d’un essaim d’abeilles, grâce au papier peint Timorous Beasties. « C’est une dimension de plus, qui rend cette pièce si intéressante, dit-elle. Nous aurions pu peindre le plafond en blanc, mais quel ennui… »

Lambris de bois

Certaines pièces requièrent plus de discrétion. On peut alors poser des lambris de bois au plafond, ce qui ajoute un intérêt visuel sans voler la vedette.

M. Wright a conçu de nombreux types de plafonds en bois, peints ou non. Dans une librairie du Connecticut, il a recouvert le plafond de larges lambris peints grenat : « Tout simplement des planches jointes bout à bout et peintes, qui créent un motif rayé semblable à celui du plancher de bois franc », dit-il.

Dans le salon d’une maison du New Jersey, qu’il voulait clair et lumineux, il a choisi pour le plafond des lambris à chevrons peints en blanc lustré, créant ainsi un motif plus prononcé qui réfléchit quand même beaucoup de lumière.

PHOTO MARCO RICCA, THE NEW YORK TIMES

Dans un de ses projets, le designer Corey Damen Jenkins a fait appliquer un papier peint à motif floral au plafond.

Moulures

Pas besoin de recouvrir de bois tout le plafond pour lui donner du caractère. On peut aussi l’encadrer avec une moulure de bois ou de plâtre. La moulure de couronnement qui fait toute la pièce est un grand classique, mais il y a d’autres possibilités.

Lorsque M. Jenkins a fait le plan d’une maison de la ville d’Ann Arbor, au Michigan, il a proposé de fines moulures en MDF au plafond d’une aire ouverte pour marquer la limite entre le salon et la salle à manger et mettre en valeur les luminaires. « J’ai dessiné ce motif géométrique au plafond, mais avec des matériaux courants très bon marché. »

M. Gambrel aime les pièces ornées de fortes moulures de couronnement, mais il se sert aussi de moulures tout usage au plafond pour simuler des caissons ou des poutres, parfois pour dissimuler des panneaux d’accès ou pour encadrer des luminaires. Il peint souvent ces boiseries dans une couleur contrastée et lustrée pour les mettre en valeur.

Le plâtre

Si vous ne voulez rien de trop chargé, là-haut, il existe des moyens subtils d’ajouter de l’intérêt visuel.

M. Gambrel recommande le plâtre ciré : une couche de plâtre nu finie uniquement avec de la cire. « Le plâtre est lisse au toucher et l’œil perçoit beaucoup de mouvement et de vie dans la finition, contrairement à une couche de peinture appliquée au rouleau. »

Lorsqu’il a voulu une couleur plus foncée pour l’entrée d’un appartement londonien, M. Gambrel a choisi le tadelakt, un enduit-stuc qu’il a appliqué aux murs et au plafond. La finition est aussi douce que du daim.

Le plafond, souligne-t-il, n’est pas qu’un détail ; il ne doit pas non plus en avoir l’air.

Qu’il s’agisse d’un plafond richement décoré ou d’un plafond à la finition simple et calme, « il faut que son apparence ait l’air intentionnelle et réfléchie ».

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

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