L’artiste multidisciplinaire Jeremy Le Chatelier est de ceux qui aiment divaguer, se laisser porter par leurs envies, parfois à contre-courant de l’air du temps. Sa chaise Hublot – rêvée au fil de l’eau – reflète ses inclinations diverses. Un point de vue personnel défiant les conventions domestiques et ouvrant la voie à une lecture poétique des objets qui balisent notre quotidien.

Il suffit parfois de peu de choses pour se transporter ailleurs. Un transat, avec son assise presque au ras du sol et sa toile flottant dans le vide, peut servir ce beau dessein. Peu importe, souvent, l’environnement et même la saison où l’on s’y love les yeux fermés.

Par un heureux concours de circonstances, c’est au Vieux-Port de Montréal, face au spa Bota Bota, que Jeremy Le Chatelier a dévoilé, en mars dernier lors du salon Complètement Design, la chaise Hublot, évoquant ce classique des rivages.

PHOTO FOURNIE PAR JEREMY LE CHATELIER

La chaise Hublot est à la fois meuble et œuvre d’art.

Cet objet singulier, formé de deux panneaux percés d’un vaste cercle ouvert sur une assise souple, se profile à la fois comme un meuble et une œuvre d’art. « Ce projet, associant la fonction de la chaise à un aspect plus sculptural de celle-ci, résume les deux approches que j’aime explorer à travers ma pratique artistique », observe Jeremy Le Chatelier, qui chapeaute par ailleurs le travail de création chez Luminaire Authentik.

Né au Costa Rica d’un père français et d’une mère suisse travaillant dans le domaine du tourisme, Jeremy a beaucoup voyagé avant d’entreprendre des études en design graphique à l’UQAM, puis de graviter entre des projets de design rigoureux et d’autres infiniment plus libres. À l’image de l’exposition Sienna montée en 2022 à l’École d’art de Sutton, mêlant tableaux et sculptures façonnés à l’aide de matériaux sauvés de déchetteries et de chantiers.

Lignes à l’horizon

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Jeremy Le Chatelier

L’idée de la chaise Hublot a émergé de ses pensées au hasard de séjours en famille dans l’île de Ré et à Saint-Tropez, dans l’Hexagone. « La forme et le geste de la chaise Hublot ont été grandement inspirés par ces voyages à la mer, les voiliers et les paysages admirés à travers un hublot, mais aussi les codes de l’architecture moderniste », confie-t-il.

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La chaise se décline en trois versions : béton, bois et aluminium.

Il résulte de ces investigations formelles une chaise au cadre offert en trois matériaux distincts, comme pour la maison des Trois petits cochons, un conte associé à ces assises hors du commun par le jeune artiste à la fantaisie débridée. Les matières premières de prédilection pour la conception étant ici l’aluminium, le bois et le béton à l’identité marquée et au caractère durable. La structure des sièges, élémentaire, s’assemble et se démonte grâce à six vis, tandis que l’assise en canevas de coton, cuir ou toile de jute est interchangeable au fil du temps et des désirs. Jeremy collabore d’ailleurs déjà avec d’autres artistes pour étoffer sa collection.

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La structure se monte et se démonte facilement.

Il imagine ce meuble indifféremment dans des maisons de style « mid-century modern » ou dans des lofts à la facture plus contemporaine, de préférence sur un podium. S’il pouvait transposer sa chaise dans un immeuble montréalais emblématique, il le ferait sans l’ombre d’une hésitation à Habitat 67, devant lequel il a passé de longues heures à faire du surf.

« Habitat 67, avec son architecture très géométrique et sa vue sur le fleuve, serait vraiment le décor parfait pour cette chaise. Les codes formels avec ses compositions géométriques et ses jeux de volumes sont les mêmes », relève-t-il. Sa chaise Hublot en hêtre figurera au catalogue de l’encan du Printemps du MAC dont la soirée-évènement se tiendra le 17 mai prochain, ce qui la hissera un peu plus encore au rang d’œuvre utile.

Consultez le site de Jeremy Le Chatelier