Qu’est-ce qui se cache dans les boîtes de décorations de Noël que vous sortez du sous-sol, chaque année ?

Une étoile léguée par un aïeul, des guirlandes faites à la main ou des boules dénichées dans un bazar ? De la nostalgie, de l’excitation ou de la pression ?

Se pourrait-il que le contenu de ces boîtes fasse écho à vos émotions ?

Bien franchement, il y a des hivers où je me passerais des petites lumières et d’autres où j’en placarderais partout dès le mois d’octobre. C’est à l’image de ce que les Fêtes représentent pour moi : parfois une période empreinte de générosité et de rassemblements doux, parfois le moment de l’année où le deuil se fait trop lourd. Il manque quelqu’un autour de la table – un père, dans mon cas – et ça se remarque, même si ladite table croule sous les tourtières et l’amour.

Certaines années, le cœur y est et d’autres fois, il voudrait bien siester jusqu’en janvier. Je ne serais pas surprise que ma décoration soit influencée par la nostalgie confuse qui m’envahit, au gré des hivers.

Personne ne tombera des nues si j’écris que Noël nous replonge dans nos souvenirs d’enfance. C’est, après tout, une fête orientée vers les petits (et Jésus, paraît-il). En vieillissant, la culture populaire nous enjoint d’imiter des scénarios inspirés d’un modèle bien unique de famille joyeuse. C’est l’occasion des retrouvailles, des souhaits exaucés et de la magie. Passons sous silence les dépenses anxiogènes, le gaspillage, les chicanes et, surtout, la solitude. (La solitude est interdite en décembre, tout le monde sait ça.)

En tout cas. Revenons à la nostalgie.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Chaque année Lysanne Pepin décore la ruelle de Maison Pepin pour les Fêtes.

Lysanne Pepin a fondé la boutique Maison Pepin, qui érige depuis 10 ans un marché de Noël dans une petite ruelle du Vieux-Port de Montréal. Le verdict de la designer est clair : « Noël vient chercher l’individu dans ses sentiments. Nos goûts viennent de notre enfance, de nos parents et de notre background. »

La designer Maude Coudé, derrière la griffe Renard Flare, se reconnaît dans cette théorie. Passionnée par les décorations de Noël, elle les utilise pour retrouver « l’enfant en [elle] ».

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Maude Coudé et ses décorations de Noël

Les ornements vintage en verre m’ont toujours émerveillée. Dans le sapin que faisait ma mère, on trouvait des boules des années 1970 et rien ne me rendait plus heureuse que les oiseaux à clips qu’elle installait dans l’arbre !

Maude Coudé, designer

Des oiseaux maintenant posés dans le sien.

La collection de Maude Coudé s’inspire de l’époque bénie où elle passait des heures à admirer le sapin familial. Elle dégote des accessoires rétro en ligne et dans les bazars, puis ajoute une touche d’artisanat à son décor. Pensons à des fraises faites au crochet par la Montréalaise Laëtitia Lerond Lopez ou aux ornements en feutrine à l’image de ses deux chiens créés sur mesure par l’artiste ukrainienne derrière la marque WoolenTenderness.

Si on cherche à retrouver le cocon qui nous a jadis rendus heureux, on s’adapte tout de même aux nouvelles réalités. Lysanne Pepin remarque un grand retour aux matières naturelles, comme la laine et le feutre justement, qui s’inscrit dans une volonté toute contemporaine de consommation plus réfléchie.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Des articles à réutiliser année après année

Ce qui est dans l’air du temps, c’est d’opter pour des éléments durables. J’invite les gens à choisir des articles qu’ils aiment vraiment pour les réutiliser d’année en année. Et il ne faut pas hésiter à acheter des trucs usagés !

Maude Coudé, designer

Les deux designers soulignent qu’une autre mode importante est le « fait main ». Oranges sanguines, branches trouvées en nature, guirlandes de pompons, toutes de bonnes options.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’on peut deviner au sujet d’une personne qui crée ses décorations de Noël ? Maude Coudé trouve ma question drôle (ou niaiseuse, mais elle est polie), puis se risque : « C’est sûrement quelqu’un qui a un esprit créatif et qui se soucie de l’environnement. C’est aussi une personne qui prend le temps de fabriquer les choses, ce qui est rare aujourd’hui. Pourtant, c’est si méditatif et valorisant ! »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Lysanne Pepin

Autre tendance phare : le décor blanc et épuré. Lysanne Pepin avance que parmi les clients qui optent pour ce modèle, « il y en a qui seraient bien mal à l’aise qu’un enfant vienne mettre de la couleur ». On peut suspecter des gens qui ne détestent pas être en contrôle de leur environnement ! Maude Coudé le croit aussi, mais sans émettre le moindre jugement. Elle admet être elle-même TRÈS en contrôle de ses décorations. « Chose certaine, on parle sûrement de gens qui aiment avoir du calme parce que ce genre de décor amène un effet d’apaisement instantané », poursuit-elle.

Très bien, et si nos ornements sont rétros ? « On est une personne passionnée qui travaille vers son bonheur, affirme Maude Coudé. Ça fait du bien d’avoir des repères visuels qui nous font plaisir. »

Après tout, comme le dit Lysanne Pepin, sur le plan du design : « Noël, c’est un truc de feeling plus que d’esthétisme, il faut que ça ait un sens pour nous. »

Quel sens donner à un décor archicoloré qui verse dans le clinquant, pour terminer ? « C’est le moment de l’année pour faire des folies et s’exprimer, me répond Maude Coudé. Si ton décor est gargantuesque, tu appelles les festivités. »

Alors, vos choix sont-ils en adéquation avec votre état d’esprit ? La question est moins légère qu’il n’y paraît. Après tout, chaque année, vous créez un décor qui reviendra sporadiquement habiter la tête de vos enfants… Vos enfants qui, un jour, combleront peut-être votre absence autour de la table avec une décoration capable de les replonger, pour un bref moment, dans des souvenirs heureux.

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