Les murs, les sols et les plafonds noirs, charbon, bleu nuit, vert sapin composent l’intérieur de plus en plus de demeures. Après le blanc et le bois blond venus de Scandinavie, les teintes obscures aimantent les désirs pour les mises en scène nimbées d’élégance et de mystère. Lumière sur une tendance sombre… loin d’être déprimante !

Une maison noire ou rien. L’envie, radicale, a surgi avec force après la visite d’une propriété de quelque 1400 p⁠2 construite au cours des années 1990 sur le Plateau Mont-Royal, à Montréal. De grandes fenêtres industrielles sur trois façades, deux escaliers majestueux en acier peint en noir et un haut plafond ont dicté la toile de fond du nouveau champ d’expression du couple d’artistes derrière le jeune studio Bolitomino.

La modeste maison habillée de blanc s’est muée en œuvre d’art totale. Pour cela, les nouveaux propriétaires ont dû assumer leur vision avant-gardiste parfois contre l’avis des professionnels qui leur ont prêté main-forte afin de donner corps à ce qui semblait relever, aux yeux des autres, d’une pure utopie. Un an après avoir pris leurs marques dans ce décor singulier, ils vantent ses vertus apaisantes et son élégance.

  • Un canapé « Ruché » en velours d’Inga Sempé pour Ligne Roset côtoie un bar en bois sculpté de Simon Johns, une table au fini brillant de Marc Newson pour Cappellini et un tapis quadrillé du designer montréalais Will Choui. Ces détails distraient l’œil du noir ambiant.

    PHOTO MAXIME BROUILLETTE, FOURNIE PAR INDEX-DESIGN

    Un canapé « Ruché » en velours d’Inga Sempé pour Ligne Roset côtoie un bar en bois sculpté de Simon Johns, une table au fini brillant de Marc Newson pour Cappellini et un tapis quadrillé du designer montréalais Will Choui. Ces détails distraient l’œil du noir ambiant.

  • La cuisine en granit et en Fenix a été habillée de panneaux de noyer noir.

    PHOTO MAXIME BROUILLETTE, FOURNIE PAR INDEX-DESIGN

    La cuisine en granit et en Fenix a été habillée de panneaux de noyer noir.

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Le designer Louis Béliveau, cofondateur de La Firme, a eu la chance d’orchestrer cet intérieur hors du commun avec ses propriétaires : « En partant du fait que nous étions face à un écrin noir, nous avons dû calibrer les espaces pour qu’il y ait une certaine différence entre eux, et que ceux dans lesquels les propriétaires allaient passer beaucoup de temps soient un peu moins sombres. » C’est ainsi que la cuisine en granit et en Fenix (« qui ne garde pas la trace des doigts ! »), dessinée par La Firme, a été habillée de panneaux de noyer noir. Cette astuce parmi d’autres avait aussi l’avantage d’éviter de sombrer dans la monotonie. Une recherche dans un large répertoire de matériaux, de textures et d’imprimés pour l’aménagement et l’ameublement de la maison a permis de relever ce défi.

Mise en lumière

PHOTO MAXIME BROUILLETTE, FOURNIE PAR INDEX-DESIGN

Un écrin noir élégant, aux vertus apaisantes et aux surfaces mates et brillantes

Des surfaces mates et brillantes, pour les murs et les tables, ou encore veloutées et striées, pour un canapé en velours matelassé d’Inga Sempé chez Ligne Roset et un bar en bois sculpté du designer québécois Simon Johns, rythment cet antre où l’art est somptueusement mis en lumière.

Un système d’éclairage sur rail avec des projecteurs a permis de cibler des objets comme dans une approche théâtrale ou muséale.

Louis Béliveau, designer et cofondateur de La Firme

En plus d’assurer un éclairage optimal à une pièce, ce procédé permet de reconfigurer celui-ci au fil des besoins. « On peut, par exemple, y ajouter des suspensions et varier l’intensité des lampes », confie Louis Béliveau. Grâce à un choix pointu de pièces d’artistes et de designers québécois et étrangers, pour l’essentiel noirs eux aussi, certains coins de la maison évoquent les cabinets de curiosités d’antan.

Le designer, qui aime intégrer le noir dans ses projets, par exemple dans des bibliothèques ou des salles de bains, caresse, quant à lui, un autre rêve, celui de pouvoir construire un chalet tout noir pour sa famille. « J’effacerai ses surfaces pour permettre au regard de se concentrer sur l’extérieur. De cette façon, le chalet se fondra mieux dans la nature », croit-il.

De l’ombre à la lumière

  • Dans ce projet signé Atelier Barda, l’alternance de surfaces claires et foncées permet des passages de l’ombre à la lumière.

    PHOTO ALEX LESAGE, FOURNIE PAR ATELIER BARDA

    Dans ce projet signé Atelier Barda, l’alternance de surfaces claires et foncées permet des passages de l’ombre à la lumière.

  • De ravissants clairs-obscurs se créent lorsque les rayons de soleil s’infiltrent.

    PHOTO ALEX LESAGE, FOURNIE PAR ATELIER BARDA

    De ravissants clairs-obscurs se créent lorsque les rayons de soleil s’infiltrent.

  • Les surfaces claires et foncées alternent.

    PHOTO ALEX LESAGE, FOURNIE PAR ATELIER BARDA

    Les surfaces claires et foncées alternent.

  • La salle de bains est en terrazzo noir.

    PHOTO ALEX LESAGE, FOURNIE PAR ATELIER BARDA

    La salle de bains est en terrazzo noir.

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Le recours au noir pour l’aménagement d’une maison ou d’un appartement permet de « gommer » certains volumes, mais aussi de créer une impression de profondeur et des ambiances plus feutrées propices à la détente et au repos. L’équipe d’Atelier Barda a pour habitude de concevoir ses projets comme des metteurs en scène le feraient pour un film. « Nous travaillons nos espaces comme si nous portions une caméra à l’épaule », explique Antonio Di Bacco, cofondateur d’Atelier Barda, qui privilégie les effets de contraste dans son approche architecturale.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Les architectes Kevin Botchar, Cécile Combelle et Antonio Di Bacco, d’Atelier Barda, posent devant la résidence Alma, dont la façade est composée de briques et de bois sombre.

Pour la rénovation de la résidence Alma, dans la Petite Italie, les architectes Cécile Combelle, Antonio Di Bacco et Kevin Botchar ont alterné surfaces claires et foncées afin de permettre des passages de l’ombre à la lumière. Une salle de bains en terrazzo noir, des planchers et des meubles de couleurs sombres et un jardin intérieur au bardage en bois brûlé se dégagent sur fond de murs et textiles clairs. De ravissants clairs-obscurs se créent ainsi lorsque le soleil s’infiltre dans les lieux.

S’envelopper de mystère

  • La mezzanine est en bois teint à l’huile vert sapin.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    La mezzanine est en bois teint à l’huile vert sapin.

  • Les escaliers menant à la chambre offrent un parcours particulier dans ce petit espace intégré au loft.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Les escaliers menant à la chambre offrent un parcours particulier dans ce petit espace intégré au loft.

  • La boîte en bois contreplaqué, provenant de Langevin Forest, a été teintée à l’aide d’une huile « Forêt » de Benjamin Moore.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    La boîte en bois contreplaqué, provenant de Langevin Forest, a été teintée à l’aide d’une huile « Forêt » de Benjamin Moore.

  • Le résultat : un intérieur à l’abri de l’agitation urbaine.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Le résultat : un intérieur à l’abri de l’agitation urbaine.

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Il peut suffire d’une zone plus sombre dans un intérieur pour s’offrir un tout autre cadre de vie. Dans son loft du centre-ville de Montréal, le photographe de mode David Picard a invité le bureau d’architecture Future Simple Studio à créer une chambre en mezzanine avec des rangements intégrés.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’architecte Christine Djerrahian, fondatrice du Future Simple Studio, a imaginé, pour le loft du photographe David Picard dans une ancienne imprimerie du centre-ville de Montréal, une chambre en mezzanine perchée au-dessus d’une boîte en bois vert sapin.

Perchée sur une boîte en bois teint à l’huile vert sapin, comme ce pin de Norfolk qui se profile dans cet espace abondamment fenestré, la mezzanine lui permet de se ressourcer à l’abri de l’agitation urbaine. L’intérieur de cet ajout polyvalent aux airs de boudoir se prête aussi à merveille à ses activités de photographe et à des soirées entre amis.

« Cet espace personnel est celui où David commence et finit ses journées, et reproduit ses rituels quotidiens », souligne Christine Djerrahian, fondatrice du Future Simple Studio. Ce coin, qui évoque la forêt, respire le calme. « Sa couleur sombre permet à l’esprit de ne pas s’égarer et amène à ralentir la cadence. Elle ouvre aussi la porte à la créativité », pointe l’architecte. Avec quelques bougies et la musique japonaise chère à David le soir venu, le mystère a trouvé ici refuge.

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