Il y a 11 ans, la recette du gâteau McCain Deep’n Delicious – un classique canadien vieux de plusieurs décennies – a changé.

Pour de nombreux Canadiens, la suppression de la gélatine de bœuf des composants du gâteau est peut-être passée inaperçue. Mais pour les acheteurs musulmans habitués à vérifier les ingrédients des produits alimentaires, c’était une raison de se réjouir.

« C’est devenu viral au sein de la communauté musulmane, du genre : “Oh mon Dieu, nous pouvons manger ça” », a déclaré Salima Jivraj, directrice, services clients, à l’agence Nourish marketing alimentaire.

Il est plus facile que jamais de trouver de la viande, des collations et des desserts halal dans les épiceries à mesure que l’industrie se développe en réponse à la population musulmane croissante du Canada, et Mme Jivraj a dit qu’elle ne s’attend pas à ce que cette croissance ralentisse de sitôt.

« La demande ne cesse de croître. C’est donc une très bonne affaire dans laquelle travailler », a-t-elle affirmé.

Près de 5 % des Canadiens sont musulmans, selon le recensement de 2021, une proportion qui a plus que doublé depuis 2001, l’immigration étant un moteur clé.

Près de 19 % des immigrants admis entre 2011 et 2021 étaient musulmans, selon les données de Statistique Canada.

« Parce que la demande est là, le secteur y prête plus d’attention et, par conséquent, davantage de produits arrivent dans les rayons », a déclaré Omar Subedar, imam ainsi que directeur de l’exploitation et co-fondateur de l’Autorité de surveillance Halal (HMA).

Pour que la viande soit halal, l’animal doit être abattu d’une certaine manière et béni au moment de l’abattage, a-t-il expliqué. Les musulmans ne mangent pas certains types de viande, notamment le porc, et le traitement réservé à l’animal dès le début de sa vie est également important, a-t-il précisé.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Des aliments de la compagnie Zabiha Halal en vente chez Maxi

Il ne s’agit pas seulement de viande. De nombreux produits d’épicerie courants contiennent des sous-produits animaux tels que la gélatine (dans les guimauves, par exemple) ou la présure (présente dans de nombreux fromages), a déclaré Mme Jivraj. Toutefois, ces produits sont également de plus en plus disponibles en version halal, a-t-elle ajouté.

Les produits de consommation emballés halal ou d’autres produits alimentaires doivent également être exempts d’alcool.

Plus d’offres des grandes entreprises alimentaires

La HMA a été lancée en 2006 pour lutter contre les mauvaises pratiques et la fraude dans l’industrie alimentaire halal, a indiqué M. Subedar. Elle certifie les produits étiquetés halal et surveille les pratiques des entreprises qu’elle certifie.

Les Aliments Maple Leaf, établis à Mississauga, en Ontario, qui produisent une variété de viandes et d’autres produits protéinés, ont connu une demande croissante pour leurs produits halal au cours des dernières années. La marque halal de l’entreprise, Mina, a été lancée en 2013 et est certifiée par la HMA.

« Nous nous attendons à ce que la forte croissance se poursuive dans les années à venir », a fait valoir Patrick Lutfy, vice-président senior du marketing de détail de l’entreprise, dans un communiqué envoyé par courriel.

Il existe désormais beaucoup plus d’options pour les consommateurs musulmans dans les épiceries et les restaurants qu’il n’y en avait lorsque M. Subedar grandissait. Il se souvient que sa mère préparait des pizzas à la maison avec du pain naan parce qu’il ne pouvait pas manger de pizza dans une chaîne de restaurants comme le faisaient beaucoup de ses amis.

« Regardez jusqu’où nous sommes arrivés, a-t-il déclaré. Maintenant, nous avons une multitude d’options différentes. »

Une grande partie de l’innovation en matière d’aliments halal se trouve dans les petites épiceries indépendantes et spécialisées, sans parler d’un choix souvent beaucoup plus large, a souligné Mme Jivraj. Ces magasins ont tendance à mieux comprendre leur clientèle et sont également plus agiles, a-t-elle précisé.

Mais au fil du temps, les grands détaillants ont également réalisé qu’ils devaient investir davantage dans les produits halal, a affirmé Mme Jivraj.

Nourish mène une enquête régulière auprès des consommateurs halal canadiens depuis 2016. L’étude de 2022 a révélé que de plus en plus de grandes entreprises alimentaires répondent aux besoins des acheteurs à la recherche de produits halal, les magasins à grande surface devenant une part plus importante des achats d’épicerie des consommateurs halal.

L’étude a également révélé que la communauté musulmane est un acheteur en ligne avisé, a indiqué Mme Jivraj, ce qui représente un défi pour les magasins indépendants – et une opportunité pour les grandes chaînes d’épicerie, qui ont investi massivement dans le commerce électronique pendant la pandémie.

Metro, l’un des plus grands épiciers du Canada, a constaté une « augmentation considérable » de la demande de viande halal, a dit la porte-parole Stephanie Bonk. Ainsi, l’épicier a consacré davantage d’espace en magasin aux produits halal avec un assortiment beaucoup plus large, a-t-elle expliqué, et les produits halal ont connu une croissance à deux chiffres ces dernières années.

Plus de transparence avec le temps

Lorsque Mme Jivraj a commencé à tenir un blogue sur les restaurants halal à Toronto il y a plus de 10 ans, il y avait beaucoup moins d’options – et il n’était pas toujours possible de faire confiance même à ceux qui se disaient halal, car il y avait des fraudes tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Mme Jivraj a déclaré qu’il y a beaucoup plus de confiance dans l’industrie alimentaire halal aujourd’hui que lorsqu’elle a commencé à écrire son blogue à ce sujet. Un élément qui a contribué à cela est une transparence croissante en matière d’étiquetage des produits halal, a-t-elle précisé.

En 2016, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a commencé à appliquer de nouvelles exigences en matière d’étiquetage et de publicité halal. Toutes les allégations halal doivent être accompagnées du nom d’une organisation ou d’une personne qui l’a certifiée.

Depuis le changement à l’ACIA, de plus en plus d’organisations sont apparues pour répondre à la demande de certification halal, a soutenu M. Subedar. Cependant, ce n’est pas un système parfait puisque ces organisations ne sont pas elles-mêmes réglementées, a-t-il déclaré.

La fraude reste un problème dans le secteur alimentaire halal, selon M. Subedar. Il a conseillé aux consommateurs de faire leurs recherches lorsqu’ils voient un produit étiqueté comme halal et de se renseigner sur la manière dont les différentes organisations procèdent à leur certification.

Néanmoins, cette décision de l’ACIA a été utile pour le consommateur, a dit M. Subedar.

« Avant, vous pouviez simplement écrire halal et personne ne pouvait vraiment vous remettre en question, a-t-il déclaré. Mais maintenant, il y a une autorité ou une organisation derrière tout cela. »