En ce début d’année 2024, de nombreux consommateurs manifestent le désir de réduire leur consommation de viande et de choisir les protéines végétales par mesure d’économie. Si le prix de la viande a effectivement augmenté ces dernières années, le prix des protéines végétales a suivi la même tendance.

Au début de chaque année, de nombreuses personnes prennent des résolutions pour modifier leur alimentation et mieux respecter leur budget. Certaines résolutions s’avèrent plus sérieuses que d’autres, bien sûr. Un sujet fréquemment abordé concerne la manière dont un consommateur peut économiser sur ses dépenses alimentaires sans compromettre sa nutrition. Ce qui met inévitablement la table à une discussion sur les protéines. Certaines personnes se demandent si la viande coûte réellement plus cher que les protéines végétales. La réponse n’est pas aussi simple qu’il y paraît.

Plusieurs études menées ces dernières années suggèrent que les protéines végétales coûtent généralement moins cher que la viande, du moins au cours des 12 derniers mois. Cependant, en examinant les prix au Canada, le constat n’apparaît pas si clairement.

Analysons d’abord la viande. Depuis mars 2020, soit il y a près de quatre ans, le prix de la viande, en particulier pour les composantes populaires du trio viandeux composé du poulet, du porc et du bœuf, a connu d’importantes fluctuations (voir le graphique). D’un mois à l’autre, on remarque même des variations assez prononcées. Selon Statistique Canada, la viande de bœuf hachée a augmenté de 16 % net en novembre 2023 par rapport à mars 2020. Évidemment, certaines coupes de bœuf se vendent plus cher que la viande hachée, mais cette dernière reste populaire auprès des consommateurs. Quant au porc et au poulet, les hausses sont plus modérées, oscillant entre 4 % et 7 % depuis mars 2020. Ces pourcentages demeurent en deçà de la moyenne globale des dépenses alimentaires sur la même période.

En ce qui concerne les protéines végétales, examinons quatre produits relativement populaires, à savoir les lentilles, les fèves sèches, le tofu et le houmous. Leurs prix ont respectivement augmenté de 25 %, 23 %, 16 % et 10 %. Même si ces augmentations sont plus importantes, elles ont été plus progressives, sans les fluctuations violentes que nous observons dans le cas des viandes. Étant donné que ces prix sont moins volatils, les hausses passent souvent inaperçues. Cela semble logique.

Le prix des viandes au comptoir a tendance à fluctuer davantage en raison de l’influence plus importante de variables comme l’énergie et les coûts de transport. Les protéines végétales sont moins exposées aux risques liés à la sécurité alimentaire, entraînant moins de pertes, et leur production est généralement moins intensive. Cependant, une fois que les prix ont augmenté, la perception des consommateurs devient affectée à long terme, ce qui les porte à croire que le produit est toujours trop cher. Voilà ce que l’on appelle la psychologie du comptoir des viandes qui influe sur nos perceptions.

Les gens ont l’impression que les prix au comptoir des viandes ont augmenté davantage ces dernières années, mais ce n’est pas tout à fait le cas, du moins si l’on se fie aux données de Statistique Canada. Au volume, bien sûr, les protéines animales coûtent généralement plus cher, mais sur le plan nutritionnel, il ne s’agit pas non plus des mêmes protéines.

Certes, il y a des exceptions, et certaines coupes de viande ont vraiment augmenté au cours des dernières années. De même, le prix de certaines protéines végétales a aussi connu des hausses depuis mars 2020. Cela peut sembler contre-intuitif pour certains, mais les données ne mentent pas.

L’abordabilité des protéines n’est qu’un élément à considérer. Le choix de réduire sa consommation de viande va au-delà du prix. L’environnement, le bien-être animal et la santé constituent des facteurs décisionnels importants pour la population. Ainsi, si votre résolution pour 2024 vise à manger moins de viande, il est peu probable que l’intention d’économiser de l’argent soit votre principale motivation.