Il existe différentes manières de surveiller les prix alimentaires et l’inflation. Toutefois, lors de l’évaluation de la précision de notre agence fédérale responsable pour mesurer les changements de prix alimentaires, il apparaît évident que beaucoup de travail reste à faire.

Alors que les mois passent, les rapports de Statistique Canada suggèrent que l’inflation alimentaire s’atténue et que les prix se stabilisent progressivement. Toutefois, nous ne le ressentons pas vraiment à l’épicerie. Cette divergence de perception soulève des questions sur la précision des données de Statistique Canada concernant les prix alimentaires.

Évaluer l’exactitude des données de l’agence fédérale a toujours été une tâche ardue, mais plus maintenant, car dorénavant, nous possédons nos propres données. À travers des vérifications systématiques de prix à travers le pays, un écart entre les rapports de Statistique Canada et nos données devient clairement mesurable.

Par exemple, la liste des produits alimentaires sélectionnés en février 2024, publiée par Statistique Canada la semaine dernière, montre des différences importantes par rapport aux prix observés dans les épiceries. Cette liste est toujours publiée quelques semaines après l’indice des prix à la consommation (IPC). En comparant notre liste de prix avec les données de Statistique Canada, nous avons trouvé que l’erreur moyenne absolue (EMA) entre les deux listes est de 5,59. Cela signifie qu’en moyenne, les prix rapportés par Statistique Canada s’écartent des valeurs réelles observées de 5,59 points de pourcentage. Ce n’est pas rien.

Plus précisément, les données de février 2024 révèlent des écarts importants dans les changements de prix alimentaires. Par exemple, les oranges ont été signalées à -6 % par Statistique Canada, tandis que nos données démontrent une augmentation de 20,1 %. De même, les avocats ont été signalés à -4 % par Statistique Canada, tandis que notre observation révèle une augmentation de 9 %. Ces écarts ne sont pas des cas isolés ; ils font partie d’un schéma où 47 % des articles alimentaires (16 sur 34 articles répertoriés) sont sous-estimés par Statistique Canada. Cela suggère que les rapports de l’agence ne reflètent pas toujours précisément l’inflation alimentaire, bien que cela n’indique pas une sous-estimation délibérée.

Nos calculs incluent aussi les effets de la réduflation.

Ces sous-estimations et surévaluations importantes ont des implications pour les consommateurs. Cela signifie que le coût de la vie pourrait être différent de celui rapporté, affectant ainsi la planification financière des ménages.

Pour l’économie, cela suggère que l’inflation dans le secteur alimentaire pourrait s’avérer plus présente que ce que les données officielles indiquent, conduisant ainsi à des décisions politiques mal informées.

L’EMA de 5,59 ne symbolise pas simplement un chiffre statistique ; elle représente l’écart dans les coûts réels auxquels les Canadiens font face quotidiennement. Cet écart peut exacerber la tension financière sur les familles et peut nécessiter un recalibrage des programmes d’assistance sociale pour refléter avec précision le coût de la vie.

Pour améliorer la précision des données sur les prix alimentaires, Statistique Canada doit affiner ses méthodes de collecte et d’analyse des données. Une collaboration avec des organismes de recherche indépendants pourrait améliorer la fiabilité des données, garantissant qu’elles reflètent précisément les tendances du marché et aident à une prise de décision plus éclairée.

En octobre, le ministre François-Philippe Champagne a annoncé un investissement dans le Programme de contributions pour les organisations sans but lucratif de consommateurs et bénévoles pour élargir la portée des projets de consommation existants, y compris l’expansion de la recherche dans le secteur de la vente au détail, en particulier dans les épiceries. Cependant, des investissements supplémentaires sont nécessaires.

Indépendamment de l’opinion publique, Statistique Canada reste une source cruciale d’indicateurs économiques. Toutefois, il ne s’agit que d’indicateurs. Le Canada pourrait bénéficier d’un spectre plus large de sources de données fiables.

Bien qu’il n’y ait aucune raison de croire que ces différences sont délibérées, les écarts soulignés par nos vérifications de prix incitent à une réévaluation de la manière de collecter et de rapporter les données sur les prix alimentaires au Canada. La population doit se sentir confiante quant à la précision des rapports publiés par l’agence fédérale. Aborder ces écarts constitue une étape cruciale pour une meilleure budgétisation et planification politique, affectant finalement le bien-être économique de tous les Canadiens.