Malgré les dépenses importantes et la rhétorique du gouvernement Trudeau concernant l’aide aux plus démunis, des données récentes de Statistique Canada révèlent que les ménages à faible revenu éprouvent davantage de difficultés à se nourrir.

Il existe de nombreux indicateurs pour mesurer la richesse d’une nation, et le plus révélateur désigne la part des dépenses alimentaires par rapport au revenu disponible des citoyens. Même si le gouvernement Trudeau a exprimé son engagement à aider les gens à faible revenu et les démunis, les nouvelles données de Statistique Canada indiquent que depuis le début de la pandémie, il y a quatre ans, leur situation s’aggrave au lieu de s’améliorer.

Une illustration frappante des disparités économiques au Canada se retrouve dans les garde-manger des cuisines partout au pays, avec un fossé qui se creuse avec le temps. Une analyse comparant le revenu disponible des ménages au pourcentage de ce revenu dépensé en nourriture met en lumière une tendance alarmante à l’accroissement des disparités.

Pour le quintile de revenu le plus bas, un schéma préoccupant émerge. En 2001, ce groupe consacrait 21,2 % de son revenu disponible aux achats alimentaires, hors restauration. Cette portion a atteint un sommet de 23,9 % en 2005, pour redescendre à 21,3 % en 2012, et augmenter de nouveau à 23,5 % en 2016. Initialement, la Prestation canadienne d’urgence (PCU) a fourni un soulagement temporaire pendant la pandémie, mais ce fut de courte durée. Les gens dépensaient moins pour d’autres choses de toute façon, ainsi, en 2020, ce pourcentage a chuté à 19,1 %, seulement pour remonter à 21,3 % en 2023, sans aucune indication d’une baisse prochaine.

Un contraste net se profile avec le quintile de revenu le plus élevé qui montre une trajectoire économique radicalement différente. Son revenu disponible a augmenté, mais la proportion dépensée en nourriture reste remarquablement stable et faible. En 2023, ce groupe dépensait seulement 5,0 % de son revenu en nourriture – moins du quart des dépenses du quintile le plus bas.

Ce contraste nous saisit davantage si on le compare à la moyenne nationale de 9,2 %. Cela souligne une réalité sombre : les Canadiens les moins nantis dépensent au-delà du double de la moyenne nationale de leur revenu en nourriture. Au Québec, le ménage moyen consacrait 10,3 % de son revenu disponible à l’alimentation, le plus haut niveau depuis 2017. Au Québec, la différence entre 2022 et 2023 s’avère la plus importante depuis au moins les 20 dernières années.

Ces statistiques ne sont pas de simples données : elles représentent un appel clair à une réévaluation de nos politiques nationales sur l’abordabilité alimentaire. Elles remettent en question l’efficacité des programmes sociaux actuels et la justice de notre système fiscal, pointant vers un problème systémique où les gens désavantagés allouent une part importante de leur revenu à la nourriture.

Malgré des années de dépenses gouvernementales inouïes sous l’administration Trudeau, l’abordabilité alimentaire continue de se détériorer.

Il devient urgent de mettre en place des interventions politiques pour s’attaquer aux causes profondes de cette inégalité. Un réexamen du concept de revenu minimum garanti pourrait assurer des revenus qui suivent le coût de la vie croissant. Même si la PCU a offert des perspectives d’un point de vue politique, elle a également mis en lumière la flexibilité financière limitée des ménages, soulignant la nourriture comme une dépense primaire.

Les subventions et les incitations fiscales devraient être mieux structurées pour aider ceux qui en ont davantage besoin, plutôt que d’instaurer des mesures larges qui ratent souvent leur cible. À un niveau plus étendu, ces disparités devraient nous porter à réfléchir sur l’efficacité des programmes alimentaires de notre pays et l’urgence d’élaborer une politique alimentaire nationale complète qui met la priorité sur l’abordabilité alimentaire et l’accès à la nourriture pour tous les Canadiens. Malheureusement, les récents budgets fédéraux n’ont pas réussi à aborder ces questions cruciales.

Les données de Statistique Canada révèlent une histoire de « deux Canadas » : un où la sécurité alimentaire reste accessible et un autre où cette sécurité demeure une lutte constante. Cette division met en évidence des problèmes systémiques au sein de notre société et exige une approche multifacette pour garantir la sécurité alimentaire de chaque Canadien. Même si le rôle du gouvernement reste essentiel, se reposer uniquement sur les programmes nationaux ne constitue pas la seule solution. Les provinces, les villes, des organisations non gouvernementales et des groupes communautaires accomplissent des miracles au quotidien et pourraient avoir un effet percutant s’ils bénéficiaient d’un soutien accru. Vouloir tout nationaliser à tout prix ne représente probablement pas la façon optimale de régler nos problèmes.