Le dossier sur le ralentissement, publié il y a quelques jours dans La Presse1, n’est pas passé inaperçu. Celui-ci propose un portrait intéressant de la situation au Québec. Toutefois, un élément essentiel semble avoir été oublié de la réflexion : la responsabilité et le rôle indispensable qu’ont les milieux de vie pour permettre à la population d’adopter un rythme de vie moins effréné.

Notre santé, notre bien-être et notre capacité à ralentir sont influencés par plusieurs facteurs individuels, organisationnels et collectifs. Cela veut donc dire que la responsabilité de permettre à chacun et à chacune de ralentir est partagée. Certes, des changements individuels doivent être appliqués, mais l’attention doit être tournée vers des changements organisationnels et collectifs, notamment au travail et à l’école.

Quatre Québécois sur cinq affirment que notre société devrait valoriser un rythme de vie plus lent. Toutefois, seulement le tiers affirment que le fait de ralentir est bien perçu socialement⁠2.

Force est de constater qu’au travail, à la maison ou à l’école, la productivité et la performance sont normalisées, et souvent même valorisées.

Le pouvoir du collectif dans la capacité de ralentir n’est pas à négliger. Pour ralentir, il est donc nécessaire que nous repensions les systèmes en place, et que nous bâtissions des environnements favorables à ce que tout le monde puisse adopter un rythme de vie qui soit en cohérence avec ses besoins, ses valeurs et ses aspirations.

Environnement favorable

C’est bien beau de demander aux Québécoises et aux Québécois de ralentir dans leur quotidien en changeant leurs habitudes, par exemple en prenant des pauses pour se ressourcer ou en laissant leurs écrans de côté, mais pour y parvenir, il faut que leur environnement leur en donne la capacité !

Pensons aux parents de jeunes enfants qui travaillent à temps plein et qui doivent jongler entre plusieurs rôles, aux travailleurs et travailleuses qui sont sollicités hors des heures de travail ou qui se retrouvent à faire des heures supplémentaires pour terminer leurs tâches ou encore aux étudiantes et étudiants qui doivent performer pour se démarquer des autres tout en jonglant avec le travail, les études et la vie personnelle.

Les responsabilités financières, les responsabilités familiales et les exigences professionnelles sont les principaux facteurs qui empêchent les personnes estimant avoir un rythme de vie surchargé de ralentir⁠2.

Par ailleurs, l’importance que peut avoir l’aménagement du territoire n’est pas à négliger. La place prépondérante accordée aux véhicules, le manque d’espace pour se rassembler ou faire des activités de loisir en sont de beaux exemples.

Bref, un bon nombre des réalités qui nuisent à la capacité de ralentir prennent racine dans les milieux de vie !

La responsabilité de ce changement ne doit donc pas reposer uniquement sur les épaules de la population.

C’est en agissant principalement sur les milieux de vie dans lesquels les gens vivent, travaillent et s’épanouissent que nous parviendrons à un changement durable qui permettra à tous et à toutes d’adopter un rythme de vie plus équilibré pour leur santé et leur bien-être. Les impacts que peuvent avoir des actions politiques, organisationnelles et citoyennes ne sont pas à négliger lorsqu’on parle de ralentissement !

1. Lisez « Ralentir – Vingt-quatre heures, à vitesse variable »

2. Selon un sondage Léger réalisé pour le compte de l’ASPQ auprès de 1001 Québécois et Québécoises en juin 2023.

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