La Presse rapportait en avril que le gouvernement du Québec souhaite réduire le nombre d’organismes d’aide à l’emploi en raison du « faible taux de chômage, d’une baisse du nombre de prestataires de l’assurance-emploi et de l’aide sociale dans la population de 15 à 64 ans⁠1 ».

Pour le Réseau des CJE du Québec, cette intention de réduire les budgets alloués aux organismes d’aide à l’emploi est inquiétante, alors que le taux de chômage des jeunes est en nette hausse et s’établit désormais à 12,8 %. En excluant les années pandémiques, il s’agit de la plus forte hausse depuis 2016. Ce taux est même 2,4 fois plus élevé chez les 25 à 34 ans que dans le reste de la population⁠2.

Les jeunes : principale solution à la pénurie de main-d’œuvre

Si le taux de chômage des jeunes est en hausse, ils sont pourtant identifiés par le ministère de l’Emploi comme la principale solution à la pénurie de main-d’œuvre. Ils combleront plus de la moitié (57 %) des emplois d’ici 2030. Dans ce contexte, on pourrait s’attendre à un renforcement des services publics d’emploi pour les accompagner dans leur insertion socioprofessionnelle, et non le contraire.

Pourtant, l’administration publique a dangereusement restreint les critères d’admissibilité à ces services et aboli des mesures spécifiques en faveur des jeunes. Ainsi, plus de 10 000 jeunes auraient été exclus de services publics d’emploi dans la dernière année. Pensons aux jeunes qui ne peuvent retourner sur les bancs d’école, ou à ceux en situation de sous-emploi, forcés de conserver un travail pour lequel ils sont surqualifiés, limitant leur potentiel et leur contribution à notre développement économique. Ou encore, aux jeunes mères de familles monoparentales qui ne sont pas en mesure de changer d’emploi pour un meilleur salaire afin de faire face à l’inflation.

Alors que les transitions énergétiques et numériques imposent des démarches de rehaussement de compétence et de requalification, c’est près de la moitié du financement pour des services d’orientation qui est actuellement sabré.

Ces exclusions laisseront une cicatrice sur de longues années, voire à tout jamais sur les carrières des jeunes.

Ce manque de vision d’avenir s’appuie sur des contraintes financières à court terme et non sur une analyse rigoureuse des besoins de la population et des évolutions du marché du travail. Comment assurer l’avenir du Québec quand celles et ceux qui sont censés le bâtir en sont exclus ?

Une jeunesse plurielle et en mouvement

Dans le contexte post-pandémique, les besoins des jeunes se sont accentués. Les statistiques sont brutales : explosion des enjeux de santé mentale, stress financier, écoanxiété, chômage, précarisation, hausse du décrochage scolaire, instabilité résidentielle, insécurité alimentaire, accélération du cynisme, etc.

Toutefois, leurs aspirations pour un Québec juste, inclusif et vert ne cessent aussi de s’exprimer et nécessitent une actualisation de nos politiques publiques.

Plutôt que de minuter leurs interventions, restreindre leur financement et de les noyer sous un raz-de-marée administratif, il faudrait donc davantage soutenir les organismes comme les CJE, dont les 1700 professionnels font une différence dans la vie de plus de 150 000 jeunes chaque année.

En conclusion, il est donc indispensable de moderniser nos services publics d’emploi envers les jeunes. Réduire ces services en période de ralentissement économique et de hausse du chômage est une grave erreur. Agissons dès maintenant sinon ce sont des milliers de jeunes qui paieront le coût de notre inaction et c’est notre développement économique et social à venir que nous hypothéquons collectivement.

Investir auprès des jeunes, c’est investir dans l’avenir du Québec.

1. Lisez « Aide à l’emploi – Le gouvernement veut moins d’organismes » 2. Consultez la page Coup d’œil sur l’emploi chez les jeunes au Canada Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue