Il y a un an, un terrible incendie dévastait le monastère du Bon-Pasteur. Par cette lettre, nous tenons d’abord à exprimer notre solidarité envers les résidants et résidantes de la coopérative d’habitation Sourire à la vie et de la Maison Aurélie-Cadotte ainsi qu’envers les organismes culturels qui y étaient logés et qui ont été touchés par cette tragédie. Perdre sa maison dans ces conditions est d’une immense tristesse, nous sommes de tout cœur avec vous !

Au cœur de ce monument historique important de Montréal se trouvait la Chapelle historique du Bon-Pasteur, reconnue parmi les plus importantes salles de concert de Montréal. À l’aube de sa 35e saison, elle a malheureusement été gravement endommagée et a dû fermer ses portes pour une durée indéterminée.

Nous devons souligner le soutien remarquable de la Ville de Montréal à l’équipe de la Chapelle pour la relocalisation de sa programmation artistique au Centre canadien d’architecture, institution qui a répondu présente dès les lendemains de l’incendie et dont l’entraide est exemplaire. Grâce à eux, une partie importante de la mission de la Chapelle est préservée, soit l’accessibilité aux citoyens et citoyennes de Montréal à une offre spécifique à la musique de concert.

Portant la jeune relève professionnelle au cœur de son action depuis son inauguration en 1988, la Chapelle historique du Bon-Pasteur a été un tremplin pour de nombreux musiciens et musiciennes qui connaissent aujourd’hui une grande carrière internationale.

Toutefois, privée de son lieu d’ancrage, son apport important à la communauté musicale se trouve grandement amoindri, que ce soit par l’impossibilité d’accueillir des artistes en résidence et des enregistrements ou encore, des concerts en rodage. L’incendie a clairement laissé une plaie béante dans le milieu musical montréalais et dans le cœur des citoyens.

Dès le lendemain du sinistre, le ministre de la Culture et des Communications Mathieu Lacombe ainsi que la mairesse de Montréal Valérie Plante se sont engagés à reconstruire la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Un an plus tard, nous attendons avec impatience des nouvelles sur l’état du site du Bon-Pasteur qui a fait l’objet d’importants travaux de préservation et d’études afin de préparer les futures étapes visant sa reconstruction.

Une mission multiple

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le claveciniste Jean-Willy Kunz à la Chapelle historique du Bon-Pasteur en 2015

La réfection des bâtiments patrimoniaux demandera des travaux majeurs et, dans cette optique, nous croyons qu’il est judicieux de penser l’espace en fonction de la mission de ce diffuseur d’exception et de porter une vision dont la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec pourront être fiers. En réunissant la sauvegarde du patrimoine bâti, l’accès à la culture dans une perspective de proximité ainsi que l’occupation des lieux par des organismes et des résidants, le projet de transformation du monastère du Bon-Pasteur en 1987 a été maintes fois cité en exemple.

Aussi, sa reconstruction ne peut qu’être tout aussi exceptionnelle en préservant cette mixité entre les utilisateurs, comme en témoigne la réussite du projet initial.

Nous tenons à rappeler l’importance de la Chapelle historique du Bon-Pasteur à toutes les parties prenantes de ce projet d’envergure et nous les appelons à travailler ensemble pour entreprendre la reconstruction de la Chapelle et à s’engager à la rendre à nouveau disponible à la communauté dans les meilleurs délais.

Les musiciens et musiciennes, les compositeurs et compositrices, les citoyens et citoyennes sont impatients de retrouver l’ambiance intime et chaleureuse de ce lieu de musique incomparable.

*Cosignataires : Phyllis Lambert, Centre canadien d’architecture ; Dinu Bumbaru, Héritage Montréal ; Guy Soucie, directeur, Chapelle historique du Bon-Pasteur (1988-2014) ; Dominic Fortin, président, Fondation de la Chapelle historique du Bon-Pasteur ; Michel Dallaire, designer industriel et président honoraire, Fondation Émile-Nelligan ; Olivier Godin, directeur artistique, salle Bourgie ; Danièle LeBlanc, directrice générale et artistique, Jeunesses musicales du Canada ; Renaud Loranger, directeur artistique, Festival de Lanaudière ; Mathieu Lussier, directeur artistique, Festival international du domaine Forget ; Marianne Perron, directrice principale, secteur artistique, Orchestre symphonique de Montréal ; Fabienne Voisin, présidente-directrice générale, Orchestre Métropolitain

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