Depuis un certain temps, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l’omniprésence croissante des écrans dans nos vies, en particulier celles des jeunes, et les risques physiques, psychologiques et sociaux associés à une utilisation excessive. Un réel enjeu de santé publique. Tantôt les parents sont montrés du doigt, tantôt le gouvernement et les écoles, parfois les enseignants et parfois les jeunes eux-mêmes.

Les effets néfastes de cette hyperconnectivité sont réels et multiples, tout comme les inquiétudes des parents, des autorités et des jeunes face à cette invasion numérique de notre quotidien. Cependant, notre objectif ne doit pas être de diaboliser les écrans ni de les bannir, mais plutôt de trouver collectivement un équilibre sain dans leur utilisation pour que la technologie enrichisse notre vie, plutôt que de la contrôler. Pour y parvenir, nous devons unir nos forces en tant que parents, éducateurs, professionnels de la santé, décideurs politiques et citoyens pour mettre en place des stratégies efficaces de façon cohérente.

Oui pour sensibiliser et outiller les individus, mais aussi pour mettre en place des environnements favorisant un équilibre numérique dans les divers milieux de vie. Il s’agit réellement d’une responsabilité partagée.

Les entreprises technologiques, ces imposants géants derrière les écrans et le web, doivent toutefois faire partie de cet effort et assumer leur responsabilité sociale dans la protection de nos enfants contre les méfaits liés à une utilisation intensive des écrans.

En effet, les grands acteurs numériques jouent un rôle crucial dans notre interaction quotidienne avec les écrans. Leurs produits et leurs services ont un impact profond sur nos habitudes et nos comportements en ligne.

Derrière les interfaces séduisantes et les fonctionnalités attrayantes se cachent des pratiques sournoises de l’industrie. Entre autres, les algorithmes de recommandation et les hypertrucages (deepfakes), devenus encore plus puissants avec l’intelligence artificielle, sont conçus pour maintenir notre engagement en nous présentant un contenu toujours plus « pertinent ». De même que les notifications incessantes et les mécanismes de « gamification » qui visent à encourager une utilisation compulsive des écrans, pouvant mener à une dépendance insidieuse. Les jeunes sont particulièrement vulnérables à ces pratiques de l’industrie qui sont déployées au détriment de leur bien-être. D’ailleurs ces entreprises sont très au fait des dommages potentiels causés par une trop grande consommation de leurs solutions et de nombreuses autorités leur reprochent de cacher cette information.

La nécessité pour les gouvernements de réglementer

Les entreprises derrière les réseaux sociaux, les jeux vidéo, les plateformes de contenu et les innombrables applications rivalisent pour capter notre attention et notre intérêt, et celle de nos enfants. Il est donc impératif que le gouvernement encadre ces entreprises pour garantir une transition vers des pratiques plus responsables et pour protéger les jeunes contre les pratiques commerciales actuellement préjudiciables et pour éviter l’accès à des contenus inappropriés. Elles doivent concevoir des produits qui permettent aux utilisateurs de contrôler et de limiter leur temps d’écran afin de promouvoir un usage sain et équilibré ou alors vraiment contrôler l’âge d’utilisation pour certaines d’entre elles.

Des projets de réglementation sont actuellement discutés dans de nombreux pays et nos gouvernements doivent s’engager davantage dans cette voie.

L’Online Safety Act britannique est un exemple à suivre et oblige les réseaux sociaux à mieux contrôler l’âge des utilisateurs et à éviter l’exposition à des contenus nocifs chez les jeunes.

Des experts viennent de déposer un rapport choc au gouvernement français afin de reprendre le contrôle des écrans face à la marchandisation des enfants par l’industrie. Voilà des initiatives qui devraient nous inspirer à agir ici aussi, au Québec. Aurons-nous le courage de poser dans un avenir proche des gestes ambitieux et novateurs pour protéger nos enfants des méfaits de la surexposition aux écrans ? Il est urgent de le faire…

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