À la suite d’un article publié récemment dans La Presse1 concernant les craintes soulevées par la commissaire au développement durable sur la pérennité du territoire agricole, ainsi que face aux défis que nous, fermiers et fermières du Québec, rencontrons, il est impératif de prendre des mesures décisives dès maintenant pour assurer la pérennité de nos activités.

Nous sommes convaincus qu’une action rapide et durable est possible, et qu’il s’agit d’une occasion que nous devons saisir en tant que société, afin d’assurer la viabilité d’une agriculture écologique, équitable et axée sur les besoins de la population.

Bien que nous soyons ambitieux, passionnés et fiers de notre métier, nous ne pouvons agir seuls. Nous avons besoin d’alliés, dont la population et les instances gouvernementales, pour faire croître une agriculture plurielle, pérenne et nourricière.

L’appel à l’action citoyenne

C’est pourquoi nous invitons les Québécois et Québécoises à s’engager dès aujourd’hui auprès des fermiers de leur région en achetant directement à leurs fermes grâce à diverses options comme les paniers de légumes biologiques, les marchés publics, les kiosques à la ferme, les marchés virtuels régionaux et les boutiques fermières en ligne.

Plusieurs idées préconçues sur les paniers de légumes biologiques persistent, alors qu’ils offrent une multitude d’avantages.

Ils permettent la réduction des pertes et du gaspillage alimentaire grâce au modèle d’abonnement préalable et ils assurent une stabilité économique à leurs abonnés, notamment. Les avantages pour les particuliers, qui s’ajoutent aux bénéfices sur la communauté, sont énormes. Il s’agit d’une équation essentielle pour l’avenir, dont nous n’avons pas le luxe de nous passer.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Les paniers de légumes biologiques sont une forme d’engagement citoyen en faveur de l’agriculture, selon l’auteur.

Pour façonner la société de demain, nous devons changer nos habitudes de consommation et privilégier des pratiques alimentaires plus responsables et locales.

Un appel à l’action gouvernementale

Cela dit, outre l’engagement citoyen, nous demandons également aux instances gouvernementales, particulièrement au ministre québécois de l’Agriculture, André Lamontagne, dont le rôle et les actions en faveur du monde agricole en contexte de crise sont essentiels, de passer à l’action. La crise actuelle est foncièrement structurelle et ne peut être résolue que par des mesures d’urgence isolées.

D’abord, nous souhaitons un investissement massif de la part du gouvernement en visibilité et en développement des circuits courts, afin que l’agriculture locale fasse partie de la liste d’épicerie de tous les Québécois.

Nous souhaitons également la mise en place de systèmes facilitant l’approvisionnement de nos institutions publiques en produits biologiques provenant directement des fermes du Québec, afin que l’agriculture locale fasse partie de la vie publique du Québec.

Nous désirons, aussi, assurer un travail digne, compétent et diversifié à la main-d’œuvre agricole par l’élargissement du Programme d’apprentissage en milieu de travail (PAMT), un programme éprouvé de subvention salariale à la formation en entreprise, dans tous les domaines agricoles.

De plus, nous voulons confier à la Caisse de dépôt et placement du Québec les prêts garantis par la Financière agricole du Québec qui permettra d’assurer un contrôle des coûts pour l’État et des taux d’intérêt équitables et prévisibles pour les fermiers de famille.

Enfin, nous souhaitons un réinvestissement gouvernemental significatif dans des programmes de soutien et de conseils en faveur des fermes, pour assurer le maintien du savoir-faire des fermiers et fermières.

Ce sont ici quelques solutions parmi tant d’autres qui peuvent faire une réelle différence. Alors, en tant que société, prenons ensemble ce chemin vers une agriculture viable et durable. Saisissons cette occasion, pour aujourd’hui et demain.

1. Lisez l’article « Commissaire au développement durable : le territoire agricole à risque, prévient un rapport » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue