Je suis, dans le cadre de mon travail, témoin de la place prépondérante qu’occupe l’école dans la vie des enfants. Elle peut être un véritable filet de sécurité, mais également un lieu où ils se sentent en danger.

Des outils visant à les protéger existent pourtant, notamment le plan de lutte contre l’intimidation et la violence à l’école. Il est obligatoire dans chaque école du Québec depuis 2012, à la suite d’un drame, le suicide d’une enfant victime d’intimidation, Marjorie Raymond, en décembre 2011.

En décembre 1991, le Québec s’est déclaré lié à la Convention relative aux droits de l’enfant, qui prévoit notamment le droit des enfants d’émettre des opinions à propos de questions les concernant et d’être pris au sérieux. L’intimidation à l’école concerne incontestablement les enfants. Partant de ces postulats, il est logique de supposer qu’ils ont eu leur mot à dire à propos de ce fameux plan de lutte contre l’intimidation et la violence.

J’ai décidé de mener ma petite enquête dans le cadre d’une recherche qualitative auprès d’une vingtaine d’enfants fréquentant douze écoles publiques. Dix-neuf enfants sur vingt ne connaissaient pas le plan de lutte contre l’intimidation et la violence.

Cet outil, obligatoire dans toutes les écoles, a pourtant vocation à soutenir les élèves. Comment peut-il y parvenir si les enfants n’en soupçonnent pas l’existence ?

Dix-neuf enfants sur vingt avaient au moins une piste de solution pour prévenir et lutter contre l’intimidation et la violence à l’école. Aucun enfant n’a soumis ses idées à son école, pour diverses raisons. Parmi elles, le fait qu’ils estiment vain de communiquer des idées puisqu’ils ne seront pas pris au sérieux.

Bien que ma recherche soit qualitative et que mon échantillon ne soit pas représentatif de l’ensemble des enfants scolarisés au Québec, je peux tirer une conclusion qui concerne ces 20 enfants : ils ne sont pas entendus à propos d’intimidation et de violence à l’école. Pourtant, ce sujet les concerne directement et principalement.

Le droit des enfants à la participation

L’école pourrait être un milieu respectueux des droits des enfants et un lieu d’éducation citoyenne formidable. Les enfants devraient être formés à propos de leurs droits à l’école. La Loi sur l’instruction publique devrait mentionner expressément le droit des enfants à la participation. L’école devrait être un milieu participatif, où les enfants, en plus d’être formés à la citoyenneté, sont en mesure de l’exercer.

Il est temps que l’on comprenne qu’impliquer les enfants dans les processus décisionnels les concernant permet de cocréer, avec eux, des environnements adaptés à leurs besoins, où ils se sentiront entendus, s’impliqueront, s’épanouiront.

Créer des outils pour les protéger sans impliquer les principaux concernés n’est ni légitime ni efficace ni cohérent avec les engagements internationaux du Québec en matière de droits des enfants.

Avis aux responsables de l’éducation au Québec : il est essentiel d’obtenir les conseils de spécialistes de l’école, d’experts qui la fréquentent au quotidien, d’enfants interpellés par des problématiques, qui les vivent et qui souhaitent s’impliquer pour trouver des solutions adaptées. On pourrait l’appeler le (véritable) comité de sages.

Prenons maintenant un pas de recul. Alors que le futur commissaire au bien-être et aux droits des enfants est sur toutes les lèvres, il est urgent d’impliquer les enfants dans les réflexions au sujet de ce poste névralgique. Nous avons besoin des enfants pour les aider convenablement. Ils ont leur mot à dire à propos de la nomination de leur commissaire. Après tout, c’est exclusivement pour eux qu’il œuvrera.

Lisez le mémoire Où sont les enfants ? : le droit à la participation des enfants en milieu scolaire au Québec, à la lumière de la Convention relative aux droits de l’enfant Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue