Monsieur le Ministre Carmant,
Comme vous le savez, le Collectif Ex-Placé DPJ a pour mission d’impliquer les jeunes dans l’amélioration des services et faciliter leur participation dans la vie citoyenne.

Nous savons que vous êtes attentif aux actions du Collectif Ex-Placé DPJ puisque vous n’avez pas hésité à nous soutenir financièrement. D’ailleurs, nous tenons à vous remercier pour votre soutien et votre écoute. Cependant, nous avons été surpris d’entendre votre déclaration le 27 mars 2024 :

« Parler aux jeunes, ce n’est pas nécessairement quelque chose qu’on doit faire, ce n’est pas quelque chose que moi-même je désire faire. On parle de jeunes qui sont en Protection de la jeunesse. Ce n’est pas des jeunes qu’on croise dans la rue, je pense qu’il faut vraiment mettre les choses en perspective ici. »

Permettez-nous de vous exprimer le caractère paradoxal de vos propos qui nous ont laissés perplexes.

Selon la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ), la DPJ doit offrir les moyens qui permettent à l’enfant et à ses parents de participer activement à la prise de décision et au choix des mesures qui les concernent et favoriser la participation de l’enfant et de ses parents ainsi que l’implication de la communauté.

Peu de plaintes viennent des enfants

Rappelons le constat émis par la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse : il y a un faible taux de plaintes provenant directement des enfants. Plusieurs jeunes placés n’ont pas de comités de résidents et/ou de comité d’usagers dans leur région et peu de mécanismes adaptés sont en place pour recueillir leur parole ou les assister pour formuler une plainte. Les jeunes sont isolés et connaissent peu leurs droits et les recours lorsque leurs droits sont lésés.

Pour nous, il s’agit d’une aberration qu’un député de l’opposition puisse attendre près de six mois pour visiter les installations d’un centre jeunesse de sa circonscription et qu’on lui refuse l’accès aux jeunes placés.

C’est ce que nous avons vécu avec Paul St-Pierre Plamondon dans le cas du Centre de réadaptation du Mont Saint-Antoine.

Vous n’êtes pas sans savoir que la politique, c’est l’art de défendre les intérêts de tous les citoyens. Voilà pourquoi le Collectif Ex-Placé DPJ félicite l’initiative du projet de loi 591 proposé par Québec solidaire. Cet extrait du projet de loi nous interpelle plus particulièrement, car il rappelle que la rencontre des élus avec la population fait partie des fonctions politiques :

« Considérant que ces visites [dans les établissements publics] permettent aux députés de constater une situation, de collecter des renseignements et de s’entretenir avec les usagers, les occupants ou les membres du personnel des institutions administratives afin notamment de rapporter des cas de violation de la loi ou de manquement à l’éthique. »

La bonne gouvernance et la gestion des services sociaux nécessitent souvent d’aller entendre les préoccupations des jeunes et des professionnels sur le terrain pour mieux comprendre leur réalité. Aller à la rencontre des gens, c’est le fondement même de la politique ! Les jeunes de la protection de la jeunesse ont aussi droit à la considération et l’écoute de leur député et ministre.

Est-ce que c’est seulement au moment des campagnes électorales que les jeunes et citoyens peuvent rencontrer leurs élus ? En tout cas, le projet de loi 591 ne doit pas se limiter à des joutes politiques, mais plutôt nous sortir de la négligence institutionnelle que vivent actuellement trop de jeunes de la protection de la jeunesse.

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