Réfléchir, quel bel exercice ! Enfant plutôt timide, j’avoue que j’ai apprécié la « liberté » de le faire pendant mon enfance. Pas de parents qui nous criaient de nous éloigner de nos appareils technos ! Vélo à volonté, sans cadenas, visite au parc sans crainte, des pas nombreux, des jeux d’équipe dehors.

Ma mère me prêtait ses souliers à talons hauts. C’était un plaisir de faire claquer les talons sur le trottoir en jouant à « la madame ». Simple ! J’avais une maman cool. Tous les enfants avaient un GPS naturel. On entrait pour manger et cela tombait pile. Même chose pour le réveil et le coucher. On faisait nos devoirs, seuls. Tout se faisait naturellement.

J’avoue que j’ai passé beaucoup de temps également à m’ennuyer, assise sur la chaîne de trottoir à me faire des scénarios et à fixer le soleil le plus longtemps possible. J’aimais cette sensation de brouillard et de retour au réel. C’est épouvantable, je sais. Imaginez combien j’aurais été heureuse de voir l’éclipse et de connaître tous les détails que les scientifiques nous ont donnés dernièrement.

Pendant ma jeunesse, les amis avaient le don de se rencontrer dans les mêmes endroits… au bord du fleuve, dans mon cas, dans les petits restos du coin, dans les parcs, sur les balcons. On changeait le monde. Le féminisme faisait sa place. Nos pères s’en offusquaient un peu, et nos mères, pour la plupart, riaient dans leur barbe.

La marche était notre principal moyen de transport dans le quartier. Les parents n’avaient pas l’habitude de reconduire les jeunes. Pas besoin d’aller dans des gymnases pour s’entraîner !

Je serais curieuse de savoir combien de pas on pouvait faire dans une journée. Je pense qu’en moyenne on battrait les jeunes actuels, souvent assis avec leur cellulaire ou se déplaçant lentement, leur appareil devant le visage. Lunatique ainsi qu’à la fine pointe de l’actualité, je ne pense pas que je me serais rendue à mon âge. Je me serais fait frapper.

Ce n’est que plus tard que j’ai découvert le plaisir d’écrire des histoires pour les enfants, de bénéficier de la possibilité de les voir illustrées, de toucher le papier avec mon histoire collée sur de vraies pages comme dans mes cahiers d’école, de les voir vibrer dans les mains des enfants et jeunes d’aujourd’hui et de l’avenir. Un livre a une longue vie. Il laisse son empreinte, et encore plus de nos jours puisqu’il se promène dans le nuage.

J’aurais aimé la vie des jeunes des années 2020. Par contre, je n’aurais pas connu la spontanéité des rencontres que je faisais en sortant souvent me promener sans plan fixe et sans sonnettes de notifications – que je ferme la plupart du temps sur mon téléphone jaune que j’aime beaucoup. On était ouverts au monde qui nous entourait.

J’ai la chance de chevaucher plusieurs générations. Je parle souvent avec ma famille et mes amis au téléphone. Je les vois également. J’ai eu l’honneur, il y a quelques mois, d’aller bruncher avec trois de mes ex-élèves. On a communiqué par les réseaux sociaux et on a convenu de se voir en personne. Quelle joie !

Il y a de ces beaux moments où je reçois un texto de mes petits-enfants ou encore un message de gentillesse de la part d’une lectrice. Cela me fait penser aux nombreux dessins et lettres que mes enfants me donnaient quand ils étaient jeunes.

Je respecte ceux qui communiquent presque uniquement virtuellement. Je crois qu’ils manquent quelque chose. Je pense que tous ont à s’adapter. Prenons et retenons le meilleur de tout.

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