Février 2024, ma fille a 15 mois, je reçois l’appel tant attendu de tous les parents : « Nous avons une place à offrir à votre fille. » C’est une garderie privée non subventionnée, mais au moins elle est à deux pas de chez nous.

« Vous avez consulté le dossier de ma fille ? Vous savez qu’elle a des besoins particuliers ? »

« Ah ? Laissez-moi regarder ça. »

Et s’en suit inévitablement le même discours : « Désolé, nous n’avons pas les ressources pour lui offrir la place, finalement », ou toute autre formulation polie pour ne pas dire que ma fille serait perçue comme un fardeau dans leur quotidien, sans même avoir posé les yeux sur elle.

Mon maigre espoir tombe, encore.

Si la garderie en question avait été un milieu subventionné, comme un centre de la petite enfance (CPE), nous aurions pu faire la demande pour l’allocation pour l’intégration en service de garde (AISG) et ma fille aurait pu prendre cette place qui lui revenait par son rang sur la liste d’attente. Cette allocation, combinée à la mesure exceptionnelle de soutien (MES), permet aux services de garde subventionnés d’adapter leur environnement aux besoins de l’enfant, voire de rémunérer une ressource pour l’accompagner.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé de lui trouver une place subventionnée. J’ai sollicité tous les CPE de ma région, mon député provincial et le ministère de la Famille. À toutes ces missives, je suis demeurée sans réponse.

Comme parents, nous devons déjà traverser la tempête qu’est celle de mettre au monde un enfant avec des limitations plus ou moins importantes. Je vous laisse imaginer l’émotion qui vous envahit quand on vous annonce que l’avenir que vous aviez imaginé pour votre enfant ne sera pas ce que vous espériez. Les parents d’enfants ayant un trouble neurodéveloppemental sont d’ailleurs plus susceptibles de souffrir de dépression et d’anxiété.

Difficile à digérer

De réaliser, complètement impuissante, que ma fille est refusée parce qu’elle a des besoins particuliers est extrêmement difficile à digérer. C’est comme si on nous disait : « Les places de garde étant limitées, on préfère investir nos efforts sur les enfants qui se développent selon les standards de la société. » Ouch !

Aucun enfant ne devrait être disqualifié de l’octroi d’une place en garderie parce qu’il sort de l’ordinaire.

Je suis consciente que la pénurie de places en garderie touche tout le monde. Mais les familles comme la mienne n’ont pas la chance de pouvoir se tourner vers des garderies privées, parce que le gouvernement les exclut de l’AISG, ou même des garderies en milieu familial, qui sont, dans certains cas, moins adaptées pour accueillir nos enfants.

Je suis d’avis que tous les services de garde devraient pouvoir recevoir l’AISG et la MES, pour que chaque enfant qui en a besoin puisse en faire la demande au sein du milieu choisi par sa famille, qu’il soit subventionné ou non. En procédant ainsi, les familles d’enfants à besoins particuliers auraient plus d’options de milieux de garde et pourraient veiller à ce que les sommes allouées soient utilisées adéquatement.

Ouvrir les portes des garderies non subventionnées favoriserait un accès plus inclusif au réseau des services de garde pour nos enfants extraordinaires.

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