Un article publié dans La Presse le 15 avril dernier1 mettait en lumière la difficulté de plusieurs parents à subvenir aux besoins nutritionnels de leur bébé, et ce, en raison de l’augmentation fulgurante du coût des préparations commerciales pour nourrissons au Québec.

Cette hausse de prix, combinée aux défis liés à l’obtention de ces produits, exerce une pression financière accrue sur les familles, en particulier sur celles à revenu modeste, déjà fortement éprouvées.

Pour améliorer l’accès aux préparations pour nourrissons, Santé Canada mise sur la diversification des sources d’approvisionnement. Voilà un défi de taille dans la conjoncture économique difficile qui prévaut actuellement. Le contexte nous semble approprié pour jeter un regard sur une pratique qui permet de répondre aux besoins nutritionnels des bébés depuis la nuit des temps : l’allaitement.

Selon les données canadiennes, neuf mères sur dix ont allaité ou ont tenté d’allaiter leur dernier enfant à la naissance2. Parmi celles qui ont commencé à allaiter, une sur sept a arrêté avant un mois et une sur cinq entre un et six mois.

En plus de ses bienfaits pour la santé des nourrissons, l’allaitement représente une option économique et pratique pour nourrir son enfant. Or, de nombreuses femmes rencontrent des obstacles qui les amènent parfois à cesser l’allaitement plus tôt que prévu. Parmi les raisons évoquées pour l’arrêt de l’allaitement au cours du premier mois postnatal, les difficultés d’allaitement (20,8 %) et la perception d’une faible production de lait (42,5 %) sont nommées par près des deux tiers des femmes2.

Prévenir la dépression post-partum

Ces statistiques sont d’autant plus préoccupantes maintenant que nous connaissons la corrélation entre les difficultés d’allaitement et la dépression post-partum. En effet, des études ont démontré que les femmes qui avaient l’intention d’allaiter mais qui rencontrent des difficultés à le faire après la naissance de leur bébé présentent un risque plus élevé de souffrir de dépression post-partum3.

À travers le Québec, plusieurs organismes communautaires spécialisés en périnatalité, notamment les Centres de ressources périnatales (CRP), offrent un soutien précieux aux mères qui désirent allaiter. Ce soutien prend diverses formes, comme des ateliers de préparation à l’allaitement, des haltes-allaitement et des rencontres individuelles avec des ressources formées en allaitement, la possibilité de louer un tire-lait ou encore des services de marrainage (jumelage à une mère ayant allaité pendant au moins six mois).

Malheureusement, ces ressources demeurent encore méconnues. Il arrive fréquemment que les parents ne soient pas informés de leur existence ou qu’ils y accèdent trop tard.

Je peux moi-même témoigner de l’importance de ces ressources. Alors que ma fille n’avait que quelques semaines, j’ai bénéficié d’un soutien concret de la part d’un groupe d’entraide en allaitement.

Sans cette aide, j’aurais sans doute cessé d’allaiter. Quelques mois plus tard, j’ai commencé à agir en tant que marraine d’allaitement, pour redonner à mon tour ce que j’avais reçu.

Il est essentiel de faire connaître aux futurs parents les ressources d’information et de soutien en allaitement le plus tôt possible durant la grossesse, et ce, partout au Québec. L’objectif n’est pas de convaincre toutes les mères d’allaiter, mais de fournir aux femmes les informations adéquates pour qu’elles puissent prendre une décision éclairée sur la façon de nourrir leur bébé. Il est également crucial qu’elles reçoivent le soutien dont elles ont besoin, au bon moment, pour vivre une expérience agréable et pour poursuivre l’allaitement dans le temps si elles le souhaitent.

En définitive, il n’existe pas de solution unique pour résoudre le défi de l’approvisionnement et de la hausse des coûts des préparations commerciales pour nourrissons. Toutefois, le moment nous semble bien choisi d’agir en prévention, en mettant en place les conditions favorables à l’allaitement maternel.

1. Lisez « Hausse du prix de la préparation pour nourrissons – Des parents "n’ont plus d’argent pour nourrir leur bébé" »

2. « Rapport d’avancement sur l’allaitement maternel au Canada 2022 », Agence de la santé publique du Canada

3. « Early breastfeeding experiences and postpartum depression », Watkins, Meltzer-Brody, Zolnoun et Stuebe, 2011

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