J’aimerais parfois ne laisser aucune trace de mon passage sur la neige, m’effacer.

La passion que j’éprouve pour le plein air et mon désir d’aventure dans les milieux polaires sont, sans contredit, à la base de mon bien-être. Cela dit, au fil des années passées à découvrir et à constater les changements qui s’effectuent tellement rapidement sur les quelques glaciers que j’ai visités, je me questionne. Ancrés à la terre, les glaciers sont dotés d’une force tranquille qui s’étend à nos pieds. Ils ont gagné toute mon admiration depuis les dernières années.

C’est dans cette perspective que j’ai récemment appris avec joie que l’Assemblée générale des Nations unies a adopté à l’unanimité l’initiative du Tadjikistan de déclarer 2025 Année internationale de la préservation des glaciers.

Mon parcours m’incite à vouloir en savoir plus sur la couche de suie qui recouvre la neige qui m’entoure, le carbone noir.

Il s’agit d’un polluant de l’air qui est produit par la mauvaise combustion des énergies fossiles, des biocarburants et de la biomasse. Sa principale caractéristique est sa grande capacité à absorber la lumière. Au cours des dernières décennies, la communauté scientifique s’est davantage intéressée à ce phénomène et à ses impacts, notamment sur les glaciers. L’augmentation accélérée des transports urbains constitue l’une des sources les plus courantes de dépôt de carbone noir.

Il y a déjà six ans, j’ai fait une rencontre qui a changé ma vie. Vincent Colliard, mon conjoint que j’ai maintenant le plaisir de côtoyer dans ma vie de tous les jours, m’a apporté plusieurs connaissances sur les milieux polaires, sa passion. L’explorateur norvégien Børge Ousland et lui ont tous deux pour mission de traverser les 20 plus grandes calottes glaciaires de la planète dans le cadre de leur projet Ice Legacy ⁠1. Au-delà de dépasser leurs propres limites, leur objectif est de témoigner de la fragilité de la glace et de documenter l’accélération des changements climatiques dans les régions polaires.

Vincent et moi sommes reconnaissants de cette chance incroyable que nous avons eue dans le passé de laisser nos skis glisser sur des territoires froids, majestueux et légendaires. Devant nous se sont étendus des héritages glacés, vieux de plusieurs millénaires. Sur une toile de fond accidentée d’un blanc tirant timidement sur le bleu, nous avons eu l’impression de tomber face à face avec l’antithèse de l’humain : un symbole de solidité inébranlable. La grandeur et la force brute du glacier me font réaliser à quel point je suis petite, fragile et éphémère.

Pourtant, ce géant de glace est désormais vulnérable et fait face à un avenir plus sombre. En plus de l’Arctique et de l’Antarctique, les nombreux glaciers, éparpillés de par le monde, régulent la température de notre planète.

Mais l’accélération des changements climatiques les frappe durement, et ils se transforment graduellement en eau. À long terme, cette fonte contribue à d’innombrables répercussions sur l’environnement et affecte tous les écosystèmes.

Protéger l’Antarctique

L’Antarctique, ce continent sur lequel j’ai eu la chance de mettre les pieds en 2023, je le chéris plus que tout et je veux le protéger. En 2041, l’avenir de l’Antarctique sera décidé. Le traité qui le protège et qui a été signé en 1941 a été conçu pour garantir que l’Antarctique reste inexploité et préservé en tant que terre de paix et de science. Ce traité doit être révisé en 2041. Certains pays pourraient essayer de revendiquer un morceau de l’Antarctique pour l’exploration, le forage et le braconnage.

Pour observer les vestiges du passage d’un glacier ici au Québec nommé l’Islandsis Laurentidien, il y a 20 000 ans, passez par l’est de Baie-Comeau, où on peut encore voir les effets de la dernière glaciation.

Je crois personnellement qu’on peut tous se mettre en action en ce qui concerne la préservation des glaciers même si on ne sait pas toujours par où commencer. Ce n’est pas aux autres de faire bouger les choses, c’est à notre tour de changer notre approche. Les glaciers sont précieux et garantissent un équilibre irremplaçable pour notre planète. Il nous appartient maintenant à tous d’assurer leur pérennité pour les générations à venir. Chaque geste compte.

1. Consultez la page du projet Ice Legacy (en anglais) Consultez la page Protégez nos hivers Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue