Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé déclarait l’état de pandémie. Au Canada, la COVID a causé plus de 57 000 décès et 3,5 millions de personnes ont présenté des symptômes prolongés. Les vagues successives continuent de déstabiliser notre système de santé en créant une augmentation de la demande de soins et une attrition du personnel soignant.

Malgré tout, nos dirigeants politiques ont réussi à convaincre la population que « vivre avec la COVID » équivaut à faire semblant que le virus a disparu. Cette « nouvelle normalité », pour plusieurs d’entre nous, consiste à se résigner à être malade à répétition avec des infections récurrentes.

Cette situation n’est pas viable.

Les Canadiens doivent s’organiser et exiger mieux. Nous méritons de vivre dans une société où la santé, l’équité et la protection des personnes vulnérables demeurent non négociables. La création de la Société canadienne de la COVID est une nécessité.

Le fardeau de la COVID longue

« Le fardeau que représente la COVID longue, compte tenu du nombre de personnes affectées et de l’invalidité associée, est comparable au fardeau du cancer et des maladies cardiaques », a déclaré le DZiyad Al-Aly

Le DAl-Aly est un médecin épidémiologiste qui étudie la COVID longue aux États-Unis. Il est l’auteur d’articles percutants sur les séquelles post-aiguës liées à l’infection et à la réinfection par le SRAS-CoV-2. La recherche démontre que le virus est associé à des effets à long terme sur la santé, dont la présence de symptômes des mois ou des années après l’infection initiale, et un risque accru de problèmes cardiovasculaires, pulmonaires, neurologiques, de santé mentale, gastro-intestinaux et de diabète.

Récemment, Statistique Canada a publié un rapport sur les symptômes à long terme de la COVID au sein de la population canadienne. L’ampleur de la situation est saisissante.

En juin 2023, 1 adulte sur 9 avait déjà éprouvé des symptômes persistant trois mois ou plus après une infection, soit 3,5 millions de personnes. Certains ont vu leur état s’améliorer, mais 2,1 millions de Canadiens continuent de souffrir de symptômes chroniques tels que fatigue, troubles cognitifs et essoufflement. Le risque d’être atteint de COVID longue croît avec le nombre d’infections.

Les symptômes chroniques réduisent la capacité à travailler et à étudier. Notre économie en subit les répercussions et la COVID longue pourrait être l’un des facteurs principaux expliquant la pénurie de travailleurs.

Une organisation vouée à la prévention, à l’éducation et au soutien des personnes

La meilleure façon de prévenir la COVID longue, c’est de prévenir la COVID.

Pour le moment, la stratégie de nos agences de santé publique repose essentiellement sur la vaccination. Les vaccins contre la COVID sont certes très efficaces pour réduire la sévérité des manifestations aiguës de la maladie, mais ils ne peuvent pas être notre seul outil pour régler une crise de santé publique.

La COVID se transmet par l’air. Le virus demeure en suspension dans l’air que nous respirons. Il faut le dire et le répéter, et mettre en place rapidement des mesures d’assainissement de l’air intérieur. Le port du masque est un moyen très efficace pour se protéger et protéger les autres d’un virus aéroporté, mais c’est devenu un enjeu politique truffé de désinformation. La Société canadienne de la COVID se donne pour mission d’être une voix indépendante pour informer la population et plaider pour des méthodes de prévention basées sur la science.

Les infections acquises en milieu hospitalier compliquent la prise en charge des patients et entraînent des décès qui pourraient être évités. La Société canadienne de la COVID se portera à la défense des personnes vulnérables, en demandant à ce que le personnel de la santé porte un masque N95 pour s’occuper des patients. Elle se fera également la porte-parole des trop nombreuses personnes atteintes de COVID longue qui disparaissent de la vie active.

La COVID est maintenant la troisième cause de mortalité au Canada, après le cancer et les maladies cardiaques.

La Société canadienne du cancer et la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC ont contribué à améliorer la santé des Canadiens par le biais de campagnes de sensibilisation et en soutenant la recherche. Nous avons besoin d’une organisation nationale à but non lucratif basée sur ces mêmes modèles pour ce qui est de la COVID et ses conséquences.

Lancement de la Société canadienne de la COVID

Nous annonçons la création de la Société canadienne de la COVID (SCC).

La mise en place d’une nouvelle structure organisationnelle ne sera pas facile ; il faudra ramasser des fonds, s’assurer d’une bonne gouvernance et s’opposer à de puissants antagonistes gouvernementaux et au sein de la société. Nous travaillerons pour que cette organisation devienne un pilier respecté, indépendant et rassembleur pour un avenir plus en santé.

*Nancy Delagrave est membre du conseil d’administration de la Société canadienne de la COVID. Elle et Dre Marie-Michelle Bellon sont respectivement coordinatrices scientifique et médicale de COVID-Stop. Stéfanie Tremblay a utilisé l’IRM pour mesurer la santé cérébrale de patients atteints de COVID longue.

1. Consultez la site de la Société canadienne de la COVID (en anglais) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue