Un groupe national à but non lucratif appelé Société canadienne de la COVID a été lancé mercredi, ses cofondateurs affirmant que l’organisation est nécessaire alors que les agences de santé publique ont renoncé aux mesures de prévention et aux campagnes de sensibilisation contre la COVID-19.

« J’ai le sentiment que, d’une certaine manière, nous comblons un vide que la santé publique a laissé », a expliqué le Dr Joe Vipond, l’un des cinq cofondateurs de la société, lors d’une conférence de presse.

Dans sa province natale, l’Alberta, « il n’y a pratiquement aucune mention de la COVID. Il n’y a aucune mention de la COVID longue. C’est vraiment tombé hors du radar pour une grande partie de la santé publique à ce stade », a soutenu le Dr Vipond, qui est médecin urgentiste à Calgary.

« Bien que la phase aiguë de la pandémie soit terminée, le virus continue de provoquer d’importantes maladies chroniques », indique le site internet de la Société canadienne de la COVID.

La COVID-19 était la troisième cause de décès au Canada en 2022, derrière les maladies cardiaques et le cancer, indique-t-on.

« Cela continue d’être un facteur de stress pour notre système de santé jusqu’à ce jour. Cela contribue à une mauvaise santé et à un excès de décès », a déclaré le Dr Kashif Pirzada, un autre cofondateur de la société.

Mais comme de nombreux Canadiens veulent laisser la COVID-19 derrière eux, les agences de santé publique se trouvent dans une position difficile, a-t-il avancé.

« [En santé publique], un pied est en politique, un pied est en médecine. Mais pour le moment, le public ne veut pas penser à cela. Les politiciens ne veulent pas y penser. Et la santé publique doit gérer cela », a fait savoir le Dr Pirzada, médecin urgentiste établi à Toronto.

La mission de la société est de « protéger la santé et la sécurité des Canadiens contre les méfaits de la COVID et de la COVID longue par l’éducation, en engageant et en responsabilisant le public et les organisations grâce aux connaissances scientifiques », indique une diapositive présentée lors de la conférence de presse.

Elle vise également à soutenir les personnes atteintes de la COVID longue, qui touche 2,1 millions de personnes au pays, selon Statistique Canada.

« Nous avons des fondations pour les maladies cardiaques. Nous avons des fondations pour le cancer, mais nous avons besoin d’un groupe dédié à la lutte contre la COVID-19 », a soutenu le Dr Pirzada.

Les trois autres fondateurs de la société sont Nancy Delagrave, professeure de physique spécialisée en qualité de l’air à Montréal  ; Cheryl White, une ingénieure de Toronto qui se consacre à la réduction de la transmission des maladies ; et Chris Houston, un expert en gouvernance installé à Bancroft, en Ontario, qui a travaillé avec Médecins sans frontières et l’Organisation mondiale de la santé.

Cette décision crée une organisation formelle qui peut s’appuyer sur le travail de base effectué par les bénévoles tout au long de la pandémie, a déclaré Joe Vipond.

La société espère générer des fonds grâce à des dons et des subventions qui permettront de rémunérer les membres du personnel. Elle n’a reçu aucun financement du gouvernement à ce jour, a-t-il déclaré.

Réactions des gouvernements

La Presse Canadienne a sollicité les commentaires de l’Agence de la santé publique du Canada, du ministre de la Santé de l’Ontario et des services de santé de l’Alberta sur la position de la Société canadienne de la COVID selon laquelle la COVID-19 a disparu du radar des agences de santé publique.

« Le gouvernement de l’Alberta s’engage à faire en sorte que les Albertains disposent d’un système de santé publique solide et résilient qui protège la santé et le bien-être des Albertains », a déclaré Andrea Smith, porte-parole de la ministre de la Santé de l’Alberta, Adriana LaGrange, dans un courriel.

« Notre gouvernement continue de gérer le virus dans un état endémique. Les Albertains sont encouragés à s’adresser à leur fournisseur de soins primaires s’ils ont des questions et des préoccupations liées à la COVID-19 et à d’autres problèmes de santé personnels. »

Dans une réponse envoyée par courriel, Hannah Jensen, porte-parole de la ministre de la Santé de l’Ontario, Sylvia Jones, a déclaré que le gouvernement provincial « prend des mesures pour renforcer tous les aspects des soins de santé et a augmenté le financement provincial de nos bureaux de santé publique de 16 % en moyenne depuis 2018 pour les aider à connecter les gens aux programmes et services dont ils ont besoin dans leurs communautés ».

« Cela s’ajoute aux près de 100 millions que nous avons fournis aux bureaux de santé publique en réponse à la pandémie de COVID-19 », a déclaré Mme Jensen.

L’Agence de la santé publique du Canada n’a pas été en mesure de fournir une réponse dans les délais.