(Québec) À la veille de la création de Santé Québec, les 1000 professionnels du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) sont toujours plongés dans l’incertitude quant à leur avenir. Le flou qui persiste « pousse » des employés à quitter le navire, selon le syndicat.

« Dans le doute, les gens vont se protéger », soutient le président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), Guillaume Bouvrette. Le SPGQ représente les quelque 1000 employés du Ministère, dont la moitié pourrait être transférés à Santé Québec.

Le syndicat ignore toujours quelles unités administratives du MSSS seront intégrées en totalité ou partiellement à la nouvelle société d’État. Le Ministère prévoit deux vagues de déplacement de personnel : la première en juin, essentiellement pour les cadres, et la seconde en septembre, pour l’ensemble des syndiqués. Au moins 700 postes pourraient être transférés, selon Québec.

M. Bouvrette affirme que « l’incertitude » autour de la création de Santé Québec, qui deviendra l’employeur unique du réseau de la santé et des services sociaux, « pousse » déjà ses membres à « s’ouvrir les yeux sur le privé » et à « bouger ailleurs » dans la fonction publique.

Selon des données fournies par le SPGQ, au moins 25 employés du MSSS ont démissionné depuis le 1er janvier dernier et 31 autres ont changé de ministère.

Le syndicat n’est pas en mesure d’affirmer que ces départs sont liés à Santé Québec, mais ces données offrent « un aperçu de la situation », indique-t-on.

« On a un exemple dans une direction qui fait du suivi financier au MSSS, il y a 7 personnes sur 15 qui ont quitté dans les derniers mois », assure le président du SPGQ, qui y voit un lien avec cette période de flottement. « Tout nous indique ça », plaide M. Bouvrette.

Il faut savoir qu’un fonctionnaire sera avisé 60 jours avant la date de transfert. Un employé permanent pourra accepter ou refuser d’être déplacé et il conserve un droit de retour unique (une seule fois) valide à vie.

Devant les changements importants à venir, le ministre de la Santé a d’ailleurs invité ce mardi les employés du MSSS à venir échanger avec lui lors d’un « déjeuner-causerie », aux installations de Québec.

Enjeux salariaux

Le SPGQ explique que les employés du Ministère qui migreront vers Santé Québec seront désormais employés du réseau de la santé et des services sociaux. « Le point où ça achoppe le plus, c’est au niveau de la rémunération, parce qu’au niveau des conventions collectives du réseau, les salaires sont de 7 à 14 % inférieurs à ceux des professionnels de la fonction publique », dit-il.

Or, le MSSS assure que les personnes transférées vers Santé Québec seront intégrées selon la règle « salaire égal ou immédiatement supérieur » dans l’échelle du titre d’emploi.

Si le salaire est plus élevé que le maximum de cette nouvelle échelle, l’employé sera alors « hors taux, hors échelle ».

Pour ces travailleurs, on prévoit qu’ils recevront « la moitié des augmentations salariales prévues dans la convention collective du réseau de la santé et l’autre moitié en montants forfaitaires jusqu’à ce que leur salaire soit conforme à leur nouvelle convention », ce qui aura des « répercussions négatives importantes sur leur progression salariale et le calcul des rentes de retraite », écrit le syndicat.

Le SPGQ réclame que les employés qui migreront conservent les mêmes conventions collectives. M. Bouvrette demande à rencontrer Christian Dubé.