La rougeole continue sa progression au Québec : deux nouveaux cas ont été confirmés à Montréal depuis lundi, portant à 12 le nombre de personnes infectées depuis la résurgence de la maladie, en février. Les écoles rouvriront dans quelques jours et à Montréal, nombreuses sont celles où peu d’élèves sont adéquatement vaccinés.

Dans les deux nouveaux cas observés à Montréal, il s’agit d’une transmission communautaire, confirme la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP).

Et alors que les élèves rentreront de leur semaine de relâche lundi, c’est dans les écoles de Montréal que les taux de vaccination contre la rougeole sont les plus faibles, et de loin.

Alors que le taux de vaccination qui confère une immunité collective contre la rougeole est de 95 %, dans les écoles primaires de Montréal, la moyenne de couverture vaccinale est de 78 %.

Qui plus est, 43,5 % des écoles sont en deçà de cette moyenne, a précisé à La Presse la DRSP.

Au secondaire, où la moyenne vaccinale est de 80,7 %, c’est près de la moitié des écoles (47 %) qui sont en deçà de ce pourcentage.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal

En point de presse lundi à Montréal, la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal, a affirmé que dans certaines écoles de la métropole, la couverture vaccinale est d’à peine 30 %.

Mercredi, la Santé publique de Montréal n’était pas en mesure de nous dire combien d’écoles avaient atteint le fameux taux de 95 % de couverture vaccinale. Il s’agit d’une « faible proportion », nous a précisé Marianne Paquette, porte-parole du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Manque de données dans certaines écoles

La Santé publique de Montréal ne révèle pas les taux de vaccination contre la rougeole par écoles, pour ne pas « stigmatiser des écoles ou des secteurs en particulier ».

« Il faut aussi prendre en compte que les écoles n’ont pas toutes la même assiduité à remplir les données, ce qui ne rend pas le portrait précis », écrit Mme Paquette.

La DRSP ne détient aucune donnée pour 22 écoles primaires et 11 écoles secondaires.

En cas d’éclosion de rougeole, les enfants non vaccinés sont retirés des classes jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cas dans l’école, a expliqué lundi le directeur national de santé publique.

« Je ne souhaiterais pas qu’il y ait un cas dans mon école », dit à cet égard Stéphane Richard, vice-président de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

Est-ce que c’est quelque chose [la rougeole] que j’ai confiance qu’on peut régler par la vaccination ? Bien sûr.

Stéphane Richard, vice-président de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire

De manière générale, dans les écoles, la réponse aux campagnes de vaccination est bonne, dit-il. Tout juste avant la relâche, une lettre a été envoyée aux parents pour leur rappeler de faire vacciner leurs enfants contre la rougeole, si ce n’est déjà fait.

La pandémie de COVID-19 a fait baisser les taux de vaccination, et la hausse qui a suivi est « encourageante, mais on est loin d’où on était avant, qui n’était pas idéal », explique de son côté le DDonald Vinh, microbiologiste-infectiologue du Centre universitaire de santé McGill.

Tous n’ont pas accès à un professionnel de la santé, dit-il, pour suivre l’horaire « élaboré » de vaccination. « Le système est fracturé. Les gens peuvent aller à une clinique ici, voir un médecin qui n’est pas leur médecin habituel. La continuité n’est pas là », poursuit le DVinh.

« La maladie devient abstraite »

À Laval, où deux cas ont été confirmés sur le territoire, on se concentre particulièrement sur les enfants de 2 à 4 ans, en appelant les parents d’enfants qui n’ont pas été vaccinés. Le taux de vaccination pour ces jeunes varie entre 79 % à 83 %.

« C’est plus bas que ce qu’on a au primaire et au secondaire, parce qu’au préscolaire, on vérifie les carnets pour offrir la vaccination pour celles qui sont incomplètes, que ce soit la rougeole ou d’autres infections », dit le DJean-Pierre Trépanier, directeur régional de santé publique de Laval.

Un cas a été déclaré la semaine dernière à l’école internationale des Aventuriers, un établissement primaire situé dans le quartier Chomedey.

« Dès le lendemain, on était présents dans l’école avec sept infirmières scolaires. On a demandé des preuves de vaccination pour les enfants et aux membres du personnel et on a offert la vaccination », explique le DTrépanier.

La couverture vaccinale a alors été rehaussée chez les élèves, mais aussi « de façon importante » chez les membres du personnel, précise-t-il.

Entre 2019 et le début de cette année, la rougeole avait cessé de circuler au Québec.

« On entend très peu parler de la rougeole parce qu’on ne la voit pas régulièrement. La maladie devient abstraite », dit le DDonald Vinh, qui cite des complications de l’infection comme la pneumonie, la perte de vision, des infections au cerveau.

« On est victimes de notre succès. Le vaccin marche bien, les gens oublient la maladie et croient que le vaccin n’est pas important, ce qui est une faille dans la logique », dit le DVinh.