La dizaine de cas de rougeole actuellement dénombrés dans la province préoccupe la Santé publique, qui appelle à nouveau la population à aller se faire vacciner. « La situation évolue constamment, même rapidement », avertit le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau.

Parmi les dix cas qui ont été recensés au Québec, trois sont liés à des déplacements internationaux, mais « on peut soupçonner qu’il y en a qui ont pu être acquis dans la communauté », a précisé le DBoileau en point de presse à Montréal, lundi.

« C’est pour ça qu’on est vigilants et qu’on est inquiets », a-t-il ajouté. Avant que de nouveaux cas ne surgissent à Montréal en février, les derniers cas de rougeole au Québec remontaient à 2019.

Et si le nombre de cas peut paraître encore faible, il reste que le Québec est « l’épicentre du Canada ». « Je ne vous dis pas qu’on en a des milliers qu’on appréhende dans quelques jours, mais ça peut monter vite, très, très vite », a poursuivi le DBoileau.

C’est une maladie qui est très contagieuse. La grande majorité des gens qui ne sont pas vaccinés et qui sont en contact avec un cas vont développer la maladie.

Le DLuc Boileau, directeur national de santé publique

Tous les cas qui ont été déclarés depuis le début de l’année l’ont été dans la grande région de Montréal.

« Ça peut ne pas paraître beaucoup, dix cas, mais on travaille à l’élimination de cette maladie », a rappelé la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal, qui estime qu’il est encore possible de contrôler ces cas dans les prochaines semaines.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

La Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal

La liste des milieux qui ont connu des expositions à la rougeole est diffusée sur le site Santé Montréal. Il est possible que des contacts aient eu lieu à l’urgence du CHU Sainte-Justine à la fin du mois de février, mais aussi à l’aéroport de Montréal, dans des écoles et des garderies.

Consultez la liste des milieux qui ont connu des expositions à la rougeole

Couverture vaccinale insuffisante

Le faible taux de couverture vaccinale inquiète la Santé publique dans certaines régions, notamment à Montréal, en Montérégie et à Laval, mais aussi à Québec.

Dans certaines écoles de la métropole, la couverture vaccinale est d’aussi peu que 30 %, mais de manière générale, dans les écoles primaires, on observe 78 % de couverture vaccinale. Cette couverture est de 82 % au secondaire. Le taux qui confère une immunité collective est de 95 %.

« Si une école est vaccinée à 80 % et qu’on rentre un virus de rougeole là-dedans, ça va en rendre un paquet malades, ça va tous nous surprendre et on va se dire “oh my God” », a illustré le DBoileau. En cas d’éclosion de rougeole, les enfants non vaccinés sont retirés de l’école jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cas dans l’école », a-t-il expliqué.

« Ça pourrait arriver. On ne serait absolument pas surpris que ça arrive dans les prochaines journées ou la semaine prochaine », a poursuivi le directeur national de santé publique. Pour l’instant, il n’est pas envisagé de rendre la vaccination contre la rougeole obligatoire.

Au retour de la relâche, des écoles dont le taux de vaccination est particulièrement faible seront ciblées pour des campagnes de vaccination. On appellera aussi directement des parents dont les enfants ne sont pas vaccinés.

« Il y a des enfants qui n’ont pas bénéficié de ce vaccin-là, que ce soit parce qu’ils sont arrivés d’un autre pays où c’était moins offert systématiquement, ou encore à cause des choix, des hésitations que les parents auraient pu avoir au fil des dernières années, et encore plus aujourd’hui avec la fatigue vaccinale », a déclaré le DLuc Boileau.

Une maladie en progression

Il suffit de deux doses de vaccin pour être protégé à 95 % contre la rougeole, et ce, pour toute la vie. Dès qu’il y a des cas dans une population, sont à risque « les enfants qui sont trop jeunes pour être vaccinés et à risque de complications, mais aussi les personnes immunodéprimées parce qu’elles ont un cancer », a expliqué la Dre Caroline Quach-Thanh, microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine.

Les principaux symptômes de la maladie sont une fièvre élevée, une toux, un écoulement nasal, des yeux rouges, un malaise généralisé et des rougeurs d’abord sur le visage, puis sur le corps.

Lundi, un premier cas de la maladie a aussi été confirmé en Colombie-Britannique, portant à une douzaine les cas dénombrés au Canada depuis le début de 2024, soit autant que pendant toute l’année 2023.

En conférence de presse à Mississauga, lundi, le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, s’est dit « très préoccupé » par la résurgence des cas.

« Franchement, nous constatons que de nombreuses maladies qui n’existaient pratiquement plus commencent à réapparaître en raison de l’hésitation vaccinale », a poursuivi le ministre.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, le nombre de cas de rougeole dans le monde a augmenté de 79 % en 2023 par rapport à 2022. Cette augmentation est attribuée en partie à une diminution de la vaccination contre la rougeole pendant la pandémie de COVID-19.

Avec Alice Girard-Bossé et Henri Ouellette-Vézina, La Presse, et La Presse Canadienne