Ce n’est plus un secret pour personne : les pharmacies font face à des enjeux d’approvisionnement pour de plus en plus de médicaments. Mais la rupture de stock dont tout le monde parle à l’heure actuelle, celle qui donne littéralement des cauchemars aux équipes en pharmacie ? L’Ozempic.

C’est difficile de saisir l’ampleur des dégâts que cause un problème d’approvisionnement d’une telle envergure. Entre les patients diabétiques et ceux l’utilisant pour la perte de poids, la détresse est bien présente. On voit des gens inquiets, angoissés, frustrés, et avec raison. Se faire dire qu’on ne peut plus recevoir son médicament auquel on est habitué quand il fonctionne bien et qu’on le tolère bien, ça n’a rien de réjouissant. Mais une chose importante à garder en tête : ce n’est pas la faute de votre pharmacien ou de ses assistants techniques. Toutes les pharmacies du Québec vivent le même problème.

Cela fait déjà de nombreux mois que l’engouement pour l’Ozempic se fait sentir. Les stocks du médicament sont de plus en plus faibles, les pharmacies réussissent à s’approvisionner au compte-gouttes et éteignent des petits feux au quotidien, arrivant à peine à exécuter les ordonnances.

Mais la compagnie pharmaceutique ayant commercialisé ce produit se moque bien d’être victime de son propre succès. Elle continue, comme si de rien n’était, la promotion de son « produit miracle » par tous les moyens possibles, tout en sachant très bien qu’elle ne pourra même pas répondre à la demande déroutante qu’elle engendre.

Beau problème. Et tandis qu’un retour à la normale était d’abord prévu vers la fin du mois, la compagnie annonce que rien ne sera réglé avant de nombreux mois encore. Ça y est, le cauchemar s’aggrave.

En cas de rupture de stock, les pharmaciens peuvent substituer de façon autonome un traitement à un autre avec un effet similaire, idéalement dans la même classe pharmacologique et à dose considérée comme équivalente. La substitution n’est pas toujours simple : le choix peut varier en fonction de la condition du patient, de la raison pour laquelle il prend ce traitement, des autres médicaments qu’il prend ou encore du type d’assurance médicaments, selon qu’elle est publique ou privée. Une fois la substitution effectuée, un suivi peut être planifié avec le patient afin de s’assurer que l’impact du changement soit minime sur le contrôle de sa condition ou qu’un ajustement soit fait dans le cas contraire.

Le problème, c’est qu’avec le nombre de patients actuellement sous Ozempic au Québec, les traitements alternatifs vers lesquels les pharmaciens peuvent se tourner sont eux aussi déjà en voie de disparition.

Imaginez le volume d’ordonnances que les pharmaciens doivent modifier au quotidien, en plus de leurs tâches habituelles dans leur chaîne de travail déjà surchargée, pour que ces produits soient à leur tour affectés par des problèmes d’approvisionnement en quelques jours seulement. Un facteur plus que limitant à ajouter à leur analyse avant de substituer le traitement.

En toute honnêteté, les pharmaciens ne savent même plus ce qui les attend le lendemain. Je suis convaincue que, comme moi, mes collègues se mettent au lit tous les soirs en priant fort pour ne pas se réveiller avec une absence totale de solutions acceptables pour nos patients.

C’est donc au nom de toutes les équipes en pharmacie que je vous demande votre compréhension, votre patience et, surtout, de demeurer respectueux envers les membres du personnel qui font de leur mieux dans cette situation fâcheuse.

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