Jean Paul Riopelle. À lui seul, ce nom évoque toute une époque de l’histoire de l’art québécois et canadien. Il est aussi synonyme de l’intemporalité de l’art, du mouvement, de la liberté artistique, sans compromis.

Aujourd’hui, Riopelle aurait eu 100 ans. Un siècle après sa naissance, son œuvre continue d’inspirer des générations entières d’artistes, et ce, aux quatre coins du monde.

Riopelle est aujourd’hui l’un des plus grands ambassadeurs de l’art canadien à l’international. Présentes sur six continents, ses œuvres font rayonner le talent de chez nous comme jamais auparavant.

Le message porté par l’œuvre de Riopelle aura transcendé les époques. Cette profonde révérence pour la nature, sa faune, sa flore, ses vastes paysages canadiens ; ce désir insatiable de créer, cette soif de liberté. À l’heure où la planète pleure la négligence de toute une civilisation envers l’environnement, portée par les ravages des changements climatiques, les valeurs et la vision transmises par Riopelle à travers son art sont plus que jamais d’actualité.

PHOTO PIERRE MCCANN, ARCHIVES LA PRESSE

Le peintre Jean-Paul Riopelle en compagnie du hockeyeur Maurice Richard, en mars 1990

Mais avant d’être un peintre, sculpteur et graveur de renommée mondiale, Riopelle était d’abord et avant tout un homme bien de chez lui, enraciné dans sa terre natale.

Né sur le Plateau-Mont-Royal, au cœur de Montréal, le petit Jean Paul a développé très jeune un intérêt pour la nature et les cultures autochtones. Des passions qui le suivront d’ailleurs toute sa vie.

Lorsqu’il était question d’abstraction, Riopelle affirmait non pas extraire de la nature, mais plutôt aller vers elle. Des oies blanches aux hiboux, en passant par les icebergs du Grand Nord et même les feuilles d’érable qu’il faisait venir du Québec jusqu’en France, où il aura passé près de 40 ans de sa vie, la faune et la flore du Québec et du Canada resteront toujours omniprésentes dans l’œuvre de l’artiste, telle une source inépuisable d’énergie et de fougue créative. Une sorte de point d’ancrage qui lui permettait peut-être, même après avoir passé près de la moitié de sa vie à l’international, de garder un lien avec ce Canada qui l’a vu grandir.

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L’Isle-aux-Grues, nichée au cœur du Saint-Laurent, où Riopelle a passé une grande partie de la dernière décennie de sa vie.

C’est au Québec que Riopelle a choisi de passer la dernière décennie de sa vie, entre Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, dans les Laurentides, et l’archipel de L’Isle-aux-Grues, nichée au cœur du Saint-Laurent. C’est ici qu’il a créé, au crépuscule de sa vie, sa monumentale œuvre testamentaire L’Hommage à Rosa Luxemburg. Exposée au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), ce chef-d’œuvre emblématique constituera le point culminant de la visite du futur Espace Riopelle, dont l’inauguration est prévue au printemps 2026. Réalisé grâce à un partenariat entre le Gouvernement du Québec, le MNBAQ et la Fondation Riopelle, ce tout nouveau pavillon muséal entièrement dédié à l’artiste, grands legs des célébrations du centenaire, accueillera la plus grande collection publique d’œuvres de Riopelle dans le monde.

Célébrer Riopelle, c’est célébrer la culture et le talent d’ici. C’est saluer avec fierté le succès d’un artiste visuel qui, de son Québec natal en passant par la France et les États-Unis, a réussi à se tailler une place parmi les plus grands noms de l’histoire de l’art.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Des exemplaires du Refus global conservés par Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

L’influence de Riopelle ne se limite pas qu’au monde de la culture ; elle est aussi politique et sociale. Cosignataire, en 1948, du manifeste historique Refus global, aux côtés d’autres figures marquantes de la culture québécoise comme Paul-Émile Borduas, mais aussi Madeleine Arbour et Françoise Sullivan — dont on a aussi célébré cette année le 100e anniversaire de naissance — Riopelle, assoiffé de liberté, fut parmi les premiers à avoir eu le courage et l’audace de remettre publiquement en question les dogmes de la Grande Noirceur. En ce sens, Refus global fut en quelque sorte l’étincelle qui mena, quelques années plus tard, à la Révolution tranquille et à la naissance du Québec moderne. 75 ans après la publication de ce texte charnière dans notre histoire, ses échos se font toujours entendre.

C’est pour toutes ces raisons que cette année, une véritable constellation de prestigieuses institutions culturelles et publiques québécoises a uni ses forces pour souligner en grand le centenaire de Jean Paul Riopelle. De la musique classique au théâtre, en passant par le cinéma, la gastronomie, la littérature, la poésie, l’éducation, l’art urbain et l’art autochtone, une pléiade de partenaires de renom s’est jointe à la Fondation Riopelle pour faire de cette année de festivités un succès retentissant, tant d’un océan à l’autre que de l’autre côté de l’Atlantique. Grâce à eux, et aux milliers d’artistes, enseignants, élèves, visiteurs, spectateurs, festivaliers et amateurs d’art qui prennent part à ces célébrations — les plus importantes jamais déployées pour un artiste visuel canadien —, un siècle après sa naissance, Riopelle est plus vivant que jamais !

Aujourd’hui, donc, nous célébrons avec joie et fierté 100 ans de vision et d’inspiration.

Célébrez avec nous !

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