Vous avez été nombreux à répondre à l’appel à tous qui accompagnait le dossier « Le prix de nos incivilités⁠ » 1, publié dimanche dans Contexte. Voici quelques-uns de vos témoignages.

S’exprimer sans se fâcher

Je crois que l’éducation des parents au respect et à la civilité laisse à désirer, probablement à cause de la vie de fou que nous menons tous, nous n’avons pas le temps. J’ai un petit truc qui fonctionne toujours très bien dans mes interactions avec les services de tous genres : d’abord arriver avec le sourire, ensuite, avant d’exposer mon problème, dire « Bonjour, j’ai vraiment besoin de votre aide ». Les personnes en place se font un plaisir de répondre à nos demandes. La belle langue française nous donne assez de mots pour exprimer nos doléances clairement et sans recours à la violence et aux insultes. Ça ne fait que braquer l’interlocuteur.

Lorraine Lemay, Saint-Jean-sur-Richelieu

Des comportements à revoir

Moi aussi, je remarque partout ces avertissements quant au langage, à la violence verbale, etc. Il serait intéressant aussi d’aborder le sujet des réceptionnistes, employés et professionnels sur leur façon d’accueillir les clients. Certains ne jettent même pas un regard à la personne qui les consulte, d’autres adoptent un air tanné tandis que d’autres ne se donnent pas la peine de donner une réponse complète et agissent de façon expéditive. J’ai déjà remarqué ces trois comportements surtout envers des personnes âgées. Je l’ai déjà vécu aussi.

Claire Pelletier, Matane

Reconnaître ses torts

L’incivilité, comme bien d’autres concepts du vivre ensemble en société, est sujette à interprétation et est hautement relative. Mais par-dessus tout, il y a la fameuse liberté d’expression. Comment la baliser ? Les façons de s’exprimer varient d’un individu à l’autre, d’une culture à l’autre, et évoluent dans le temps. Rien n’est simple. Pensez aux engueulades proverbiales qu’on nous présente dans des films alors que deux dames italiennes semblent, pour les uns, discuter, et pour le non-familier avec le spectacle, carrément disjoncter. Devrait-on se faire une carapace ? Laissons-nous le droit d’en débattre et reconnaissons nos limites et nos torts.

Marc-André de Launière, Trois-Rivières

Du soutien pour les enseignants

Ayant été enseignant pendant plus de 30 ans, j’ai été moi aussi victime d’incivilités, surtout lors de mes dernières années. Ce fut l’une des raisons qui font que je me suis retiré du métier plus tôt que prévu. Des parents qui nous sacraient après au téléphone. Des gestes violents lors des rencontres de bulletin. Je me suis même fait traiter de pédophile dans le corridor de l’école après avoir eu une altercation avec un élève en crise. Bref, ces évènements m’ont grandement perturbé et le milieu devrait en faire plus pour protéger les enseignants. C’est déplorable de voir parfois le manque de soutien des directions d’établissement devant ce fléau. À croire qu’elles sont décontenancées devant ce phénomène.

Marc Bouchard, Trois-Rivières

Hausser le ton… pour se faire entendre

Je roule à vélo pour aller au travail. Au moins trois fois par semaine, je me fais couper, chialer après, j’évite de justesse des portières ou bien une voiture qui se tient dans la voie cyclable. Lorsque l’un de ces évènements se produit, afin d’avertir de ma présence, je dois hausser le ton fortement pour me faire entendre. Excusez-moi, mais la petite clochette « cute », ça ne fonctionne pas. Sachez que je ne suis pas fâché, je veux juste me faire entendre et me faire voir, c’est tout !

Pierre Cayer, Montréal

Plaidoyer pour la formation

Responsable d’une équipe municipale de préposés aux communications chargés de répondre aux courriels et aux appels sur des questions d’application de règlements, j’ai souvent été aux premières loges de manifestations d’incivilité de la part de citoyens mécontents. Afin de nous outiller face à cette portion de clientèle difficile, notre employeur nous a imposé de suivre une formation sur la question. Nous y avons appris à considérer ces communications difficiles comme des défis que nous devions tenter de désamorcer. Non seulement cette formation nous a tous aidés à mieux gérer nos moyens de communication, mais elle nous a permis de mieux saisir nos propres « travers » qui, souvent (sans les reconnaître), allument l’étincelle de l’agressivité ou de l’incivilité. Évidemment, malgré cela, il y aura inévitablement quelques trolls qui viendront vous chercher et vous emmèneront habilement sur la piste glissante des gros mots (maux) !

Louis Fugère, Eastman

1. Lisez « Le prix de nos incivilités »