Professeurs et étudiants des universités réclament un gel des droits de scolarité. Croyez-vous, vous aussi, que le gouvernement Charest devrait renoncer à la hausse prévue en 2012 ?

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VOS COMMENTAIRES

Dans le respect de nos idéaux

Quoique j'approuve l'augmentation des frais de scolarité, le débat semble malheureusement axé sur la hausse, mais pas de la façon dont elle sera appliquée. Il serait temps de proposer une réforme des frais de scolarité, car on ne peut pas continuer à garder les coûts bas, ne serait-ce que pour la santé financière du Québec et on ne peut pas non plus faire comme au Royaume-Uni et tripler les frais; cela serait une manoeuvre contre-productive.  Il y a quelque temps, des gens proposaient de faire payer en fonction du nombre d'emplois disponibles après l'acquisition du diplôme et du salaire moyen des diplômés ayant complété ledit diplôme. Ne serait-ce pas la solution la plus réaliste et la plus équitable? Le problème de la dette d'études est moindre pour un étudiant en ingénierie que pour un étudiant en anthropologie et ne pouvant ignorer les valeurs québécoises d'égalité dans ce débat, il serait tout à fait réaliste d'effectuer un mouvement vers la droite, tout en restant dans la social-démocratie, en valorisant un principe d'équité plutôt que d'égalité. Les droits que les Québécois se sont appropriés, comme la santé et l'éducation, ont un prix et, avec les difficultés des finances publiques à l'horizon, on ne peut plus se permettre de geler des frais, peu importe lesquels, mais on peut les augmenter en respectant les valeurs chères aux Québécois. Donc, oui à une hausse des frais de scolarité, mais seulement si c'est fait avec un certain respect de nos idéaux.

Samuel Castonguay, candidat au baccalauréat en Éthique et Société, Université d'Ottawa

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Aider les étudiants moins nantis

Je suis pour une augmentation des frais de scolarité si elle mène à un meilleur accès à l'éducation. Il ne faut pas se le cacher, des frais peu élevés profitent plus aux riches qu'aux pauvres. Puisque la principale cause d'endettement est les frais de subsistance, il ne reste plus qu'à déterminer la distribution de l'argent provenant de cette hausse. Tout donner aux collèges et universités? Ce ne serait pas brillant. Du moins, pas pour améliorer l'accès à l'éducation. Vous le devinez, il faut en mettre une bonne part dans le système d'aide financière à l'étude (AFE).   L'AFE ne fournit pas adéquatement l'aide nécessaire aux pauvres et moins bien nantis. Ils doivent souvent abandonner leurs études, faute de moyens financiers. Un point à améliorer et qui est aberrant dans l'AFE : chaque dollar gagné se traduit par une baisse de 50 cents sur les bourses, puis les prêts, ce qui n'encouragent pas les étudiants à travailler. J'espère que nos élus sauront faire des choix intelligents et prometteurs.

Eric Boulet

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Cesser la hausse des frais : un choix responsable

Récemment, le gouvernement du Québec a annoncé son intention d'augmenter les frais de scolarité de manière importante pour se rapprocher du modèle canadien. Pourtant, toutes les études sérieuses démontrent que ces hausses, additionnées à l'éloignement géographique de plusieurs étudiants, priveraient des milliers de jeunes de l'éducation dont ils ont besoin. Pouvons-nous nous permettre de perdre des diplômés parce que leur portefeuille n'est pas assez garni? La réponse est non. À titre d'exemple, 70 % des nouveaux emplois créés au Québec vont nécessité un diplôme d'études postsecondaires et chaque dollar investi par l'État dans un diplômé en rapporte 5,3 $ en taxes et en impôts. Miser sur l'éducation constitue donc un choix gouvernemental responsable pour atteindre l'équilibre budgétaire et assurer la vitalité économique et sociale du Québec. En 2010, les étudiants universitaires paieront déjà trois fois plus de frais de scolarité qu'en 1989. Il est maintenant temps d'être responsable et de cesser la hausse des frais.

Léo Bureau-Blouin, Président de la FECQ

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Oui, pour devenir compétitifs

Il serait peut-être temps que les Québécois se sortent la tête du sable. Il faut augmenter les frais de scolarité pour payer des professeurs compétents, pour défrayer les coûts reliés aux dépenses de nos universités et surtout pour s'assurer que le niveau d'éducation de nos étudiants pourra se comparer à celui des meilleures universités du monde et non aux universités des républiques de bananes!

Jean-Philippe Giroux

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Assez!

La hausse des frais de scolarité est une insolence et une véritable insulte pour l'ensemble de la société québécoise. Il faut cesser d'avaler tout ce qu'on dit concernant la dette.  Les moyens sont là, sous nos yeux, pas dans la poche des étudiants. Partout au Québec, les gens se lèvent pour dénoncer la tarification et pour proposer d'autres manières de combattre la dette et de financer adéquatement les services publics. Pour ce qui est de l'éducation, il faut arrêter de voir ça comme un investissement personnel, il s'agit d'un bien commun dont la société entière bénéficie. L'économie passe d'abord par une population éduquée et en santé, par des citoyens pleinement épanouis et non par la stratification sociale et des mesures régressives. Il est temps que le Québec adopte une politique sociale digne de son nom. L'éducation est un droit et non un privilège. Mettons fin à l'endettement étudiant ! Mettons fin à la marchandisation du savoir humain ! L'éducation n'est pas à vendre !

Joaquin Sabat

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L'État devra aider davantage

Je ne suis pas contre la hausse des frais de scolarité, afin de les ramener près de la moyenne canadienne. Toutefois, il est impératif que, si hausse il y a, l'aide financière aux élèves soit augmentée elle aussi. Je crois que le principe derrière le système actuel, où l'État aide les étudiants à faible revenu à poursuivre des études postsecondaires, n'est pas mauvais. La grande déficience de ce système est qu'il ne fournit pas une aide suffisante à ces étudiants, tout en offrant aux mieux nantis l'accès à un service financé par tous. Une hausse des frais de scolarité accompagnée d'une aide adéquate permettrait encore à tous d'accéder à des études universitaires, mais forcerait les plus nantis à contribuer davantage au financement structurel des universités.  Cette solution n'est pas parfaite et elle possède une faille majeure dans le fait que l'État devra augmenter l'aide financière aux étudiants qui en bénéficient actuellement, tout en offrant celle-ci à un plus grand nombre d'étudiant, alors que l'on sait que présentement l'État peine à offrir une aide adéquate.  Alors oui, je suis pour une hausse des frais de scolarité, mais pas tant que l'État ne pourra pas faire la démonstration que l'accessibilité n'en sera pas réduite.

Dany Béland

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Oui, en aidant les moins nantis

Lorsque j'entends que c'est inacceptable qu'un étudiant soit endetté de

14 000 $ à la fin de son baccalauréat, je me fais la réflexion suivante: "Selon ce discours, c'est inacceptable d'investir dans sa formation malgré que la formation soit un des rares vrais investissements que l'on fait dans sa vie, mais dans la réalité combien de jeunes vont s'endetter pour investir dans une auto, dans des vacances, des vêtements signés, des téléphones sophistiqués, etc." Je suis pour une hausse raisonnable et graduelle  des frais de scolarité supérieure au coût de la vie.  Cette hausse doit être accompagnée d'un régime de prêts et bourses qui aidera les étudiants provenant de familles modestes.

Daniel Legault

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Oui aux augmentations

Par équité, entre autres raisons, oui les droits de scolarité doivent être augmentés, à tout le moins au niveau de la moyenne des universités canadiennes. L'État n'a pas à subventionner la scolarité d'une majorité d'étudiants qui jouissent d'une capacité financière enviable. De plus, il est immoral d'exiger de ceux et celles qui ne peuvent, pour d'innombrables raisons, poursuivre des études universitaires, de payer de leurs impôts pour ceux qui jouissent de conditions favorables leur permettant de poursuivre leurs études, et ainsi bénéficier des meilleurs salaires. Il est particulièrement étonnant de constater que des professeurs qui exigent de meilleurs salaires en veulent encore plus du gouvernement. Le régime de l'État providence a aussi ses limites.

Fernand Lavigne

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N'endettons pas la relève

Plus que jamais, les étudiants universitaires québécois sont dans une situation financière précaire. L'endettement étudiant atteint des sommets inégalés : 61 % des étudiants s'attendent à sortir du baccalauréat avec une dette d'études moyenne de 14 000 $. Le quart des étudiants qui cumulent emploi et études travaille plus de 20 heures par semaine, une situation qui peut mener directement à l'abandon et à l'échec scolaire. Contrairement aux idées reçues, les étudiants travaillent plus que jamais, pour des conditions de vie extrêmement difficiles : souvenons-nous que le nombre d'étudiants qui utilisent les banques alimentaires a doublé l'an dernier selon Moisson Montréal. Tout ceci arrive à une époque charnière, où l'éducation universitaire est plus que jamais une nécessité pour financer nos services publics et assurer la compétitivité de notre économie. Imposer un fardeau supplémentaire aux étudiants et à leur famille par une hausse des frais de scolarité, c'est choisir d'endetter la relève de demain!

Louis-Philippe Savoie, président, FEUQ

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La responsabilité revient au gouvernement

En premier lieu, il serait pertinent de mentionner que les frais de scolarité sont actuellement dégelés, et ce, depuis 2007. En effet, la facture des étudiants universitaires aura augmenté de 30 % en 2012, ce qui signifie une hausse de 500 $ par rapport à ce qui était payé en 2007, une hausse représentant déjà trois fois l'inflation. Donc, lorsque l'on parle de dégel pour 2012, on parle en fait d'une nouvelle hausse de droits de scolarité. La question à se poser est maintenant si cette nouvelle hausse est pertinente et si une telle solution règlerait réellement les problèmes de financement du système d'éducation postsecondaire. Cette nouvelle hausse proposée par le gouvernement Charest tend, selon les discussions actuelles, à vouloir augmenter les droits de scolarité dans le but d'atteindre la moyenne canadienne, ce qui signifierait de tripler les frais actuels. Dans une situation où 40 % des étudiants à temps plein ont déjà besoin du programme d'Aide financière aux Études (AFE) et où 50 % de ceux-ci vivent avec moins de 12 200 $ par année, serait-il pertinent de continuer de hausser ces frais? On pourrait croire que l'AFE pourrait compenser cette hausse, par contre, le programme actuel a déjà de la difficulté à subvenir aux besoins des étudiants. Par exemple, l'AFE considère que des parents ayant un revenu de 30 000 $ sont en mesure de contribuer aux paiements des frais de scolarité, le revenu par année d'une personne payée au salaire minimum étant de pourtant de 39 520 $. Simplement en termes d'indexation au coût de la vie, ce système de prêts et bourses a un manque à gagner de 70 millions par rapport à 1994. Donc, avant de songer à hausser les droits de scolarité encore plus, le gouvernement devrait être en mode solution pour régler les problèmes actuels avant d'aller de l'avant avec sa nouvelle hausse. Notre système d'éducation est en situation de sous-financement et l'on croit qu'une hausse de droits de scolarité règlerait tous ses maux. Pourtant, en Ontario où les frais peuvent atteindre 30 000 $, le déficit de l'Université de Toronto représente plus que l'ensemble des déficits cumulés des universités québécoises. Un autre exemple encore plus près de nous, malgré la hausse progressive de 2007 de 500 $ par session, la dette des universités québécoises a doublé depuis cinq ans. Il faut donc se demander si une nouvelle hausse améliorerait réellement le système d'éducation, la qualité de l'enseignement et la gestion financière des universités. La réponse semble être non et il sera de la responsabilité du gouvernement et des acteurs impliqués dans cet enjeu de trouver des solutions plus imaginatives et responsables, des solutions qui permettraient d'améliorer réellement la situation de l'éducation au Québec.

Julien Nepveu-Villeneuve, Étudiant au Baccalauréat en Relations Industrielles

Université de Montréal

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Contre la hausse des frais

Je ne connais pas d'étudiant à l'aise financièrement. Les prêts et bourses maintiennent déjà les étudiants sous le seuil de pauvreté qui est de 10 800 $. En faisant 4000 $ par été dans un emploi au salaire minimum, on n'a pas 7000 $ de bourses par an... Le coût moyen d'une de mes sessions universitaires? 1800 $ matériels inclus. Sur 5 000 $ par session, ça laisse moins de 550 $ par mois. Quel est le coût d'un loyer? D'une chambre? Un logement d'une pièce et demie coûte 300 $ en moyenne à Sherbrooke. Avec une épicerie de 50 $ par semaine, il reste moins de 30 $ par mois pour tout les autres frais ( véhicule, sorties, vêtements, imprévus, cadeaux de Noël...) Mes parents ne sont pas en mesure de financer mes études. Je ne peux pas étudier à plein temps et travailler 30 heures par semaine simultanément. Et en le faisant, je n'aurai plus droit à l'aide financière. L'endettement est une source de démotivation, de soucis et de déprime pour bien des étudiants. L'aide alimentaire ne suffit pas à la demande dans certaines universités (comme à Sherbrooke). On ne peut pas étudier le ventre vide. On ne peut pas se concentrer sur de la politique, de l'histoire ou de la linguistique quand on ne sait pas comment payer son loyer. Cette hausse favorise les classes aisées et augmente l'écart entre les riches et les pauvres. Avec un baccalauréat en histoire, on n'est pas certain de se trouver un emploi. Combien y a-t-il de serveurs et de barmans qui ont un baccalauréat? Trop. C'est la dévalorisation du savoir qui n'est pas considéré comme un investissement. C'est désolant. S'il y a hausse des frais de scolarité, je devrai abandonner mes études. J'irai manifester le 6 décembre.

Honorine Paridaens Vigneau

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Que l'État soit conséquent

Lorsqu'on sait que chaque dollar investi dans un diplômé universitaire rapporte 5,3 $ en taxes et impôts, que les diplômés universitaires ont généralement un meilleur salaire et que les plus fortunés de notre société contribuent beaucoup plus que leur poids démographique aux revenus fiscaux du Québec, eh bien il m'apparaît conséquent que ce soit l'État qui investisse les sommes manquantes dans notre système universitaire. Si le Québec aspire à jouer un rôle actif et de premier plan dans une économie basée sur le savoir, il faudra bien qu'il permette une accessibilité aux études universitaires la plus large possible pour se donner les moyens de ses ambitions, et cette accessibilité passe par des frais de scolarité bas.

Julien Boucher

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Utilisateur-payeur

Je suis totalement d'accord avec les hausses de scolarité, c'est le principe de l'utilisateur-payeur.

Lionel Baron, Boucherville

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Tous les professeurs ne sont pas d'accord

Les médias laissent entendre ces jours-ci que les professeurs d'université appuient un gel des frais de scolarité. C'est faux. Quelques syndicats de professeurs, regroupés autour de la Fédération québécoise des professeurs d'université, sont assez irresponsables ou inconscients au point d'appuyer un gel, mais, à ma connaissance, il n'y a jamais eu de consultation formelle de l'ensemble des professeurs sur cette question importante. Cette « fédération » ne regroupe pas l'ensemble des professeurs d'université au Québec, loin de là. Les professeurs de l'Université de Montréal et de l'Université Laval n'en font pas partie, pas plus que ceux de HEC Montréal (non syndiquée). Par ailleurs, cette « fédération » qui prétend regrouper quinze syndicats oublie de mentionner sur son site web que l'un de ces syndicats (celui de McGill) n'en est pas un, car les professeurs de McGill ne sont pas syndiqués. À McGill il n'y a qu'une association de professeurs pour laquelle l'adhésion est volontaire. Bref, rien n'est moins sûr qu'un appui des professeurs au gel des droits de scolarité au Québec.

Robert Gagné, professeur titulaire, HEC Montréal

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Indécent

À mon avis, il apparaît indécent de souhaiter hausser les frais de scolarité, surtout de façon aussi drastique que ce que prévoit l'actuel gouvernement. Rappelons que le Parti libéral du Québec s'est déjà prononcé pour une hausse des frais de scolarité « à la moyenne canadienne ». Il me semble que se comparer à la moyenne canadienne pour le pire et le meilleur n'est pas un projet de société en soi. Dans ce cas précis, la plupart des provinces canadiennes ont expérimenté des gels ou des diminutions de leurs frais de scolarité parce que le modèle d'utilisateur-payeur lorsqu'il s'agit d'éducation ne fonctionne tout simplement pas. Rappelons que les frais de scolarité ont augmenté de 100 $ par année depuis 2007, sans compter les frais afférents. On clame tous les jours que les frais de scolarité sont les plus bas au Québec, mais on ne prend jamais en considération le coût total de la facture qui s'élève bien souvent à plus de 3000 $ par année, lorsque l'on inclut les livres et les frais afférents. Récemment, la FEUQ publiait une étude portant sur les conditions de vie des étudiants de premier cycle universitaire et concluait que 50 % des étudiants gagnaient moins de 12 200 $. Lorsque je serai sur le marché du travail, j'aurai les moyens de payer, pas maintenant. La façon la plus juste et équitable demeure à ce jour l'impôt sur le revenu. Les universitaires ont en moyenne de moins de transferts sociaux et paient davantage de taxes et impôt toute leur vie. Les services qu'ils fournissent à la société profitent à tous, incluant les « riches n'ayant pas été à l'université ». C'est un élément qu'on souligne moins souvent dans des forums comme celui-ci...

Laurent Viau, Candidat à la maîtrise en science politique, Université du Québec à Montréal

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Le rapport qualité-prix

Lorsque l'étudiant sera considéré comme un client et que l'enseignement sera de qualité, on pourra augmenter les frais. Pour le moment, les étudiants paient déjà trop cher pour une qualité d'enseignement assez mauvaise. Le rapport qualité/coût n'est pas là. Lorsque les professeurs racontent leur vie personnelle en classe, répondent n'importe quoi aux questions des étudiants et les prennent pour des imbéciles je préfère de loin le système d'éducation américain où là, quand tu paies, tu reçois du service! Je le sais, je suis dedans maintenant.

Johanne Naud, Montréal, étudiante aux CFA et CMA, USA